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Actualités - CHRONOLOGIE

Conseil des ministres - Lahoud suggère un examen approfondi au gouvernement qui se penchera jeudi sur la question Abolition des agences exclusives : une initiative improvisée et à haut risque

Le gouvernement planchera jeudi sur le projet d’abolition des agences exclusives pour le reporter ou l’approuver. Et pourtant, les ministres n’en ont pris connaissance que mercredi dernier. Improvisation oblige : ils auront donc une semaine en tout et pour tout afin de se pencher sur une initiative susceptible d’avoir des conséquences très risquées sur l’économie du pays. Dans un tel contexte, il est permis de s’interroger sur les motifs d’une telle hâte pour le moins insolite et suspecte : le gouvernement chercherait-il à remonter dans l’estime de l’opinion publique pour qui la TVA fut une pilule amère bien dure à avaler ? D’aucuns soupçonnent carrément les responsables de vouloir porter atteinte aux libertés publiques ; car en supprimant les droits exclusifs, c’est le désir de promouvoir le produit que l’on étouffe chez l’agent. Quel média pourrait donc survivre dans ces conditions, avec des publicités réduites à leur plus simple expression ? Le gouvernement tente visiblement de jouer la carte démagogique, se lavant les mains à grande eau, et faisant croire au consommateur libanais que son intérêt est dans l’abolition des agences exclusives, ogres insatiables dont l’énorme appétit ne peut être contrôlé qu’en laissant libre cours à la concurrence sur le marché. C’est du moins ce qu’affirmait hier encore le ministre des Finances Fouad Siniora pour qui une telle mesure ne peut être que dans l’intérêt du plus grand nombre. Une vision bien simpliste qui consiste à leurrer l’opinion en la persuadant que les agences exclusives sont en réalité des trusts dont le seul but est de monopoliser le marché et d’exploiter le consommateur. Du reste, M. Siniora se défend de vouloir «supprimer les agences exclusives». «L’État n’a strictement rien à voir dans cette affaire», déclare-t-il avant d’ajouter : «Il autorise simplement toute personne à importer le produit qu’elle veut de n’importe quel pays du monde». Quel mal y a-t-il donc à ouvrir la voie à la libre concurrence du moment que celle-ci joue par définition en faveur du consommateur ? Sans doute. Mais ce que M. Siniora omet de dire c’est que le monopole au Liban n’existe pas vraiment du moment que, par exemple, il y a environ une trentaine d’importateurs de voitures pour une soixantaine de marques différentes. Peut-on nier dans ces conditions que la concurrence est bel et bien assurée ? Si, par ailleurs, le véritable souci du gouvernement est le bien-être du consommateur qui, en l’absence d’un concessionnaire, dans les domaines de l’électroménager grand public et des voitures, garantira le service après-vente ou encore l’achat à crédit ? Qui plus est, le ministre des Finances semble ainsi faire fi de la volonté du président de la République Émile Lahoud de temporiser à ce sujet. En effet, au journaliste qui le priait de commenter l’attitude réservée du chef de l’État dans ce cadre, M. Siniora a répondu en se contentant d’affirmer une fois de plus que ce projet était dans l’intérêt du citoyen. À l’évidence donc, la levée de la protection des agences exclusives est encore loin de faire l’unanimité dans le pays. Des sources proches de Baabda indiquaient hier soir que le président Lahoud voulait «se donner le temps de réfléchir sur la question et de l’examiner sous tous ses angles, à la lumière des contacts en cours et des différents avis». Les mêmes sources affirment encore : «Le président de la République tiendra compte de l’intérêt de l’État et des citoyens dans toute position qu’il prendra à cet égard». En outre, les tractations se poursuivent entre les acteurs économiques et les responsables concernés. En effet, une délégation d’agents commerciaux a plaidé hier sa cause auprès de Ghazi Youssef, conseiller auprès de M. Hariri. Elle en fera de même ce matin en conférant avec le Premier ministre lui-même.
Le gouvernement planchera jeudi sur le projet d’abolition des agences exclusives pour le reporter ou l’approuver. Et pourtant, les ministres n’en ont pris connaissance que mercredi dernier. Improvisation oblige : ils auront donc une semaine en tout et pour tout afin de se pencher sur une initiative susceptible d’avoir des conséquences très risquées sur l’économie du pays....