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Actualités - ANALYSE

Communautés - Le message du carême du patriarche maronite dresse un sombre tableau Sfeir : Il est temps que l’État se réconcilie avec ses citoyens

Le message du carême du patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a été placé cette année sous le thème de la «réconciliation avec Dieu, les gens et l’État». Dans son message, le patriarche maronite a dressé un tableau particulièrement critique et sévère de la conjoncture dans le pays, sur tous les plans politique, social, économique, judiciaire et même culturel. Le cardinal Sfeir a notamment relevé qu’«une fraction des chrétiens libanais a le sentiment d’être marginalisée et écartée de la vie publique, ce qui a poussé une partie d’entre eux à émigrer parce qu’ils estimaient qu’ils n’avaient plus aucun rôle à jouer dans leur pays». «Près d’un quart de siècle s’est écoulé depuis le déclenchement de la guerre libanaise et dix années se sont écoulées depuis l’abolition des lignes de démarcation, la fin des combats et le rétablissement – théoriquement – de la paix civile, souligne le patriarche maronite dans son message. Mais la réconciliation pour laquelle nous prions tous les jours ne s’est pas réalisée». Après avoir mis l’accent sur la nécessité d’aboutir à «une réconciliation véritable, et non pas fictive», le cardinal Sfeir a rappelé que «la paix ne saurait être édifiée sur base de l’oppression et l’injustice». «Il serait inconcevable d’édifier une paix juste, globale et durable si le peuple ploit sous l’occupation, si sa liberté est bafouée, si son autonomie de décision est étouffée et si sa souveraineté est violée, relève le message du patriarche maronite. Le pape Jean-Paul II a souligné dans son message cette année pour la Journée de la paix qu’il ne saurait y avoir de paix sans justice, de même qu’il ne saurait y avoir de justice sans pardon. Ce qui s’est produit aux États Unis le 11 septembre de l’année dernière a incontestablement eu un grand impact sur la paix mondiale. Il serait vain de mener une guerre contre le terrorisme afin de l’éradiquer dans le monde si une telle campagne ne s’accompagne pas d’un plan visant à éliminer les causes de la pauvreté et de l’oppression dans le monde». La réconciliation avec l’État Abordant le thème de «la réconciliation avec l’État», le patriarche maronite souligne : «Il ne fait aucune doute que pour permettre à un pays de sortir d’une crise qui le frappe, il est nécessaire que tous ses fils conjuguent leurs efforts sur ce plan. Il s’agit là d’une règle générale. Partout où elle est présente, l’Église incite ses fidèles à participer à la vie publique. C’est ce que fait l’Église au Liban. Mais il apparaît évident qu’une fraction des chrétiens libanais ont le sentiment qu’ils sont marginalisés et écartés de la vie publique, ce qui a incité une grande partie d’entre eux à émigrer, convaincus qu’ils n’ont plus aucun rôle à jouer dans leur pays, tant sur le plan politique qu’économique, social, législatif, administratif ou même culturel. Un quart de siècle après le déclenchement de la guerre libanaise, il est grand temps d’aboutir à une réconciliation entre l’État et tous ses fils afin de tourner définitivement la page de la guerre». En ce qui concerne la participation à la vie politique, le cardinal Sfeir a dénoncé sans détours les lois électorales en base desquelles les élections législatives ont eu lieu ces dernières années. Il s’est notamment élevé contre le fait que dans certaines circonscriptions, les voix de la minorité sont totalement éclipsées par la majorité. «Nul n’ignore que la circonscription uninominale est adoptée dans tous les pays développés, souligne le patriarche maronite. Une telle circonscription permet en effet aux électeurs de choisir le candidat qu’ils connaissent et en qui ils ont confiance. Peut-on parler de démocratie lorsque certains candidats sont sûrs d’être élus, même si les électeurs qu’ils sont censés représentés ne votent pas pour eux?». Après avoir déploré le fait que l’État ne fait rien pour protéger la main-d’œuvre nationale contre la concurrence de la main-d’œuvre étrangère, le patriarche maronite s’est élevé contre la non-séparation des pouvoirs et contre les pratiques de certains services étatiques. «Il y a interférence entre les pouvoirs, lesquels ne respectent nullement leurs limites, a souligné le cardinal Sfeir. Le pouvoir législatif s’immisce dans l’Exécutif, le pouvoir exécutif légifère et le pouvoir sécuritaire court-circuite les deux. Quant au pouvoir judiciaire, il procède à des arrestations et les personnes appréhendées restent plusieurs mois aux arrêts sans qu’il y ait ni enquête, ni procès, ni jugement». En conclusion, Mgr Sfeir s’est élevé contre le fait que certains hauts fonctionnaires connus pour leur compétence aient été écartés des nominations en raison de leur appartenance confessionnelle. Signalons, par ailleurs, que l’assemblée des évêques maronites a tenu hier à Bkerké sa réunion mensuelle à l’issue de laquelle elle a publié un communiqué, soulignant, notamment, qu’«il ne saurait y avoir de détente dans le pays tant qu’une fraction des citoyens est marginalisée et écartée de la vie politique, alors que, dans le même temps, une autre fraction jouit des bienfaits du pays tant qu’elle se conforme à la ligne de conduite préétablie».
Le message du carême du patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a été placé cette année sous le thème de la «réconciliation avec Dieu, les gens et l’État». Dans son message, le patriarche maronite a dressé un tableau particulièrement critique et sévère de la conjoncture dans le pays, sur tous les plans politique, social, économique, judiciaire et même...