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CORRESPONDANCE L’Iran artistique des XVIe et XVIIe siècles Une peinture échappée de l’illustration(photos)

WASHINGTON-Irène MOSALLI C’était le beau temps pour les peintres iraniens des XVIe et XVIIe siècles. On les admirait, on les glorifiait et on les honorait. Le chah Abbas Ier (1587-1629) tenait tellement en haute estime le peintre Ali Riza Abbas qu’il n’hésitait pas à lui tenir la chandelle lorsqu’il s’entraînait à la calligraphie la nuit…Une sélection des plus beaux spécimens de la production picturale de cette époque est actuellement exposée à la Sackler Gallery à Washington sous le titre «Poésie visuelle : peintures et dessins de l’Iran». Ces œuvres, de petit format (environ 37 x 25 cm), portent la signature de talents célèbres dont Ali Riza Abbasi, Aka Mirak, Hajji Mohammad, Ali Kouli Beg Jabbadar et Mohammad Charif Moussawer. En Iran, l’illustration faisait partie intégrante de l’exécution des manuscrits depuis le XIIIe siècle. Dès la fin du XVe siècle, on commence à créer des dessins et des peintures indépendants des textes, un genre qui a connu son apogée sous le règne de la dynastie des Safavides (1502-1722). Quelques-uns uns de ces folios étaient un assemblage de dessins, de peintures et de poésie, et d’autres portaient uniquement sur l’un de ces supports. Quoique n’étant plus une illustration fidèle d’un écrit, ces compositions gardaient quand même un lien avec la littérature. Elles étaient réunies en d’élégants albums et certaines dépeignaient des personnages idéalisés mais inspirés, directement ou indirectement, par l’imagerie poétique ou traditionnelle tels que la bien-aimé, l’amoureux langui, le vieux sage, le savant, la jeunesse, la vieillesse. Poèmes visuels Plus tard, enrichies par le soufisme, ces visions ont donné lieu à une variété d’interprétations. À l’exemple des poèmes de Hafiz, elles pouvaient être perçues comme des quêtes matérielles ou spirituelles, ou des métaphores de la beauté humaine et divine. Au lieu des mots, les artistes se sont mis à utiliser des lignes et des couleurs pour créer des poèmes visuels chargés de tout un éventail de significations. Une nouvelle esthétique engendrée par une peinture s’échappant de l’illustration. L’espace gagné leur a aussi permis d’expérimenter l’art du portrait qu’ils ont intégré dans leurs œuvres. Ces portraits, qui voulaient autant saisir l’aspect physique du modèle que son état psychologique, privilégiaient l’abstraction aux dépens de la représentation. C’est pour cela qu’ils oscillaient entre le réel et l’idéal, le spécifique et le général, donnant lieu à différentes lectures de l’image. Par ailleurs, ce format se rapprochant de la miniature était destiné à la consommation personnelle plus qu’à celle publique. Ils étaient commandités par des mécènes qui aimaient rassembler les œuvres de plusieurs artistes et les grouper dans des albums. À travers ces choix, ils exprimaient le goût personnel qu’ils développaient pour les arts et les lettres.
WASHINGTON-Irène MOSALLI C’était le beau temps pour les peintres iraniens des XVIe et XVIIe siècles. On les admirait, on les glorifiait et on les honorait. Le chah Abbas Ier (1587-1629) tenait tellement en haute estime le peintre Ali Riza Abbas qu’il n’hésitait pas à lui tenir la chandelle lorsqu’il s’entraînait à la calligraphie la nuit…Une sélection des plus beaux spécimens...