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Sommet - Moussa se refuse à confirmer définitivement le choix de Beyrouth Efforts libanais pour accueillir la conférence, malgré les réserves libyennes(photo)

Le Liban a mis hier les bouchées doubles pour accueillir le sommet arabe prévu fin mars, malgré les réserves de la Libye face à l’hostilité de la communauté chiite libanaise, qui accuse Tripoli d’avoir fait disparaître son chef spirituel, l’imam Moussa Sadr, en 1978. Arrivé dimanche à Beyrouth dans le cadre d’une tournée arabe destinée à aplanir les obstacles se dressant face à la tenue de ce sommet, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a poursuivi hier ses entretiens avec les principaux responsables libanais. Avant de le recevoir, le président de la République, Émile Lahoud, a annoncé sa décision de dépêcher huit ministres pour inviter les dirigeants arabes, y compris le «numéro un» libyen Mouammar Kadhafi, afin de couper court aux rumeurs de transfert du sommet (voir encadré). Au cours de l’entretien au palais de Baabda, le général Lahoud a fait savoir à M. Moussa que le Liban était déterminé à accueillir les chefs d’État arabes sur son sol et que tous les préparatifs pour la tenue du sommet à la date fixée ont été achevés dans les délais, conformément aux engagements contractés par le Liban. Interrogé par la presse à l’issue de l’entretien, M. Moussa s’est néanmoins refusé à toute confirmation définitive de la tenue du sommet à Beyrouth, en soulignant qu’il fallait toujours prendre en considération la demande libyenne de transfert du lieu de la conférence. Il s’est toutefois empressé d’ajouter que le Liban prenait actuellement des dispositions «contribuant à créer un climat propice» à un accord sur ce point. Il a d’autre part laissé entendre qu’en tout état de cause, il ne fallait pas que le principe de la tenue du sommet (sous-entendu à Beyrouth ou ailleurs) soit remis en question, «les autres problèmes en suspens pouvant être réglés avec le temps et des efforts». La Libye avait officiellement demandé à la Ligue de déplacer le sommet au Caire, en raison des menaces émanant de groupuscules chiites. Le colonel Kadhafi a considéré que sa sécurité ne serait pas assurée au Liban. En novembre 2000, Tripoli avait rappelé son ambassadeur en raison de l’exacerbation du conflit, affirmant qu’il ne le réintégrerait dans son poste à Beyrouth que lorsque le chef du mouvement Amal, Nabih Berry, ne présiderait plus le Parlement libanais. L’insistance de Beyrouth Malgré ces relations empoisonnées, le Premier ministre, Rafic Hariri, a indiqué hier, en recevant M. Moussa, que le Liban «insiste pour que le colonel Kadhafi assiste au sommet de Beyrouth», selon un communiqué de son bureau de presse. Il a ajouté que «c’est au gouvernement de décider de la politique à suivre», une phrase visiblement lancée à l’adresse de M. Berry. Ce dernier avait souhaité le report du sommet en raison, selon lui, des pressions que pourrait exercer Washington sur les Arabes pour mettre au pas le soulèvement palestinien et la Résistance libanaise, en l’occurrence le Hezbollah. Malgré l’optimisme officiel libanais, le secrétaire général de la Ligue arabe a indiqué que même si la date du sommet était définitivement fixée, il y avait encore du travail à faire pour qu’il se tienne au Liban. «La demande de transfert libyenne ne peut être ignorée, notamment en raison des déclarations menaçant la vie du dirigeant libyen, et le Liban doit créer un climat propice pour éliminer les réserves libyennes», a-t-il dit au quotidien as-Safir. Pour M. Moussa, il est absolument nécessaire que le sommet se tienne à la date fixée, notamment en raison «de la situation dangereuse qui prévaut dans la région et dans le monde». Il a estimé qu’un report affecterait la cohésion arabe et le soutien aux Palestiniens face à Israël. Au cours de son entretien avec le secrétaire général de la Ligue, M. Berry s’est dit «surpris du tapage autour de sa proposition, faite à titre personnelle, de reporter la date du sommet, celle-ci n’étant motivée que par le souci de rendre plus solide la position des Arabes». Lors du dernier sommet tenu en mars 2001 à Amman, les Émirats arabes unis avaient cédé leur tour au Liban, en signe de soutien au Liban après le retrait israélien du Sud. La tenue du sommet arabe à Beyrouth, le premier au Liban depuis 1956, est d’autant plus importante que le sommet de la francophonie prévu en octobre 2001 a été reporté d’un an en raison des attentats du 11 septembre. Si sa tenue à Beyrouth se confirme, ce sera également la première fois que le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat reviendra au Liban depuis 1983, au cas où le Premier ministre israélien Ariel Sharon lève le siège qu’il lui impose depuis plus d’un mois à Ramallah, en Cisjordanie. Ce sera également la première fois qu’un chef d’État syrien viendra au Liban depuis plus de vingt-cinq ans. Après son étape libanaise, M. Moussa, qui a également rencontré hier le ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, est parti pour la Jordanie. Il avait visité auparavant l’Arabie séoudite, l’Égypte et la Syrie. De sources ministérielles, citées par notre correspondant diplomatique Khalil Fleyhane, on indique que les responsables libanais qui se sont entretenus avec le secrétaire général de la Ligue ont unanimement rejeté sa proposition de retarder quelque peu la confirmation du lieu du sommet. Selon ses sources, les interlocuteurs de M. Moussa ont estimé qu’il accordait plus d’importance qu’il ne fallait à la demande libyenne de transfert. Huit ministres chargés de transmettre les invitations Le chef de l’État Émile Lahoud a décidé de dépêcher huit ministres dans des pays arabes pour inviter leurs dirigeants au sommet de la Ligue arabe, prévu fin mars à Beyrouth. Le chef de l’État a fait cette annonce avant de rencontrer le secrétaire général de l’organisation panarabe, Amr Moussa, dans le but «de montrer la détermination du Liban à accueillir le sommet», a indiqué un communiqué de la présidence. «Les huit ministres vont remettre une invitation personnelle du président à ses homologues arabes», ajoute le texte, précisant que les invitations seront adressées à 18 pays membres de la Ligue arabe. Le ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, est chargé de se rendre en Égypte, en Syrie et en Arabie séoudite. Celui de l’Éducation, Abdel-Rahim Mrad, ira en Libye, en Tunisie et au Soudan. Élias Murr (Intérieur), au Qatar et aux Émirats arabes unis, Khalil Hraoui (Défense), au Koweït et à Bahreïn, Talal Arslane (ministre d’État), en Irak, Nazih Beydoun (ministre d’État), au Yemen et à Oman, Marwan Hamadé (Déplacés), en Jordanie et en Palestine et, enfin, Ghassan Salamé (Culture), en Algérie, au Maroc et en Mauritanie. Les autres pays membres de la Ligue arabe, Djibouti, la Somalie et les Comores, seront invités «à travers leurs représentants permanents auprès de la Ligue», selon le communiqué. L’Irak et la Jordanie plaident pour Beyrouth Le ministre irakien des Affaires étrangères, Naji Sabri, a plaidé hier pour la tenue du sommet arabe fin mars à Beyrouth, comme prévu, même s’il doit se limiter à une simple rencontre «protocolaire». La tenue du sommet à Beyrouth «est en soi un acquis pour la nation arabe quels que soient ses résultats, même si ce sommet se limite à de simples échanges protocolaires», a déclaré le ministre, cité par le journal irakien akrit. Mercredi dernier, le vice-président irakien Taha Yassine Ramadan a invité les pays arabes à resserrer les rangs pour relever les défis qu’ils affrontent, à l’occasion du sommet de Beyrouth. À Amman, le roi Abdallah II de Jordanie, président en exercice du sommet arabe, a souligné lui aussi l’importance de tenir le prochain sommet «à la date et au lieu prévus», c’est-à-dire à Beyrouth, en recevant le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa.
Le Liban a mis hier les bouchées doubles pour accueillir le sommet arabe prévu fin mars, malgré les réserves de la Libye face à l’hostilité de la communauté chiite libanaise, qui accuse Tripoli d’avoir fait disparaître son chef spirituel, l’imam Moussa Sadr, en 1978. Arrivé dimanche à Beyrouth dans le cadre d’une tournée arabe destinée à aplanir les obstacles se...