SANTE - Le Dr Kamal Hirbli : Gare aux effets secondaires (PHOTO)

Fermement opposé à la DHEA en tant que «pilule antiâge», vu le manque de données fiables, le Pr Kamal Hirbli en présente les risques, notamment les cancers hormono-dépendants, mais aussi la baisse du bon cholestérol chez la femme. La DHEA est une hormone qui augmente chez l’homme et la femme jusqu’à 20 à 30 ans, avant de diminuer avec l’âge, explique le professeur Kamal Hirbli. «Elle débute à 900 microgrammes par litre, culmine à 3 600 et retombe à 600 vers l’âge de 70 ans», précise-t-il, tout en spécifiant qu’elle est plus élevée chez l’homme que la femme. Cette hormone fait d’ailleurs régulièrement l’objet d’analyses de laboratoire, plus spécifiquement dans la recherche d’un éventuel trouble de la fonction des glandes surrénales, précise l’endocrinologue. Trouble qui engendre l’excès d’androgène provoquant notamment l’hirsutisme ou l’hyperpilosité chez la femme. Et d’ajouter que le professeur Baulieu, qui est par ailleurs un scientifique très sérieux ayant notamment découvert la pilule du lendemain, a établi une courbe de la DHEA en fonction de l’âge, qu’il a appelée l’indice de vieillesse. «Le professeur Baulieu a pensé administrer la DHEA aux personnes âgées pour prévenir les effets secondaires de l’âge, remarque le Dr Hirbli, mais il n’a jamais utilisé le terme de pilule de jouvence, qui est un terme inventé purement médiatique». Et d’expliquer que le scientifique a tenté de prouver l’effet de la DHEA sur la peau, les muscles, les os, la libido, les vaisseaux, le système nerveux, la mémoire ainsi que la sensation de bien-être. Si les expérimentations faites sur les animaux ont donné des résultats encourageants, notamment dans la diminution du processus de vieillissement, il n’existe aucune étude sérieuse entreprise sur des humains permettant de vérifier les hypothèses du chercheur, constate l’endocrinologue. La seule étude menée par l’équipe du professeur Baulieu, appelée DHE âge, porte sur un échantillon de 280 personnes âgées de 60 à 80 ans, dont 140 seulement, 70 hommes et 70 femmes, ont pris quotidiennement 50 mg de DHEA pendant un an, alors que l’autre moitié s’est vu administrer un placebo. Si une amélioration de la libido, de la densité osseuse et de la qualité de la peau a été constatée chez les femmes de plus de 70 ans, ces résultats ne peuvent en aucun cas être généralisés ni prouver le moindre effet bénéfique de la DHEA. Car, insiste le docteur Hirbli, pour être fiable, une étude doit être entreprise sur des milliers de personnes et doit être étalée sur plusieurs années. Mais, ajoute-t-il, les laboratoires ne sont nullement intéressés à entreprendre une telle étude, car la DHEA est une hormone humaine qui existe à l’état naturel et ne peut être brevetée. Par ailleurs, il ne faut pas en négliger les effets secondaires, ajoute-t-il. «La DHEA, qui est une hormone mâle, augmente la pilosité chez la femme, mais le plus grave est qu’elle réduit chez elle le taux de bon cholestérol». «Par ailleurs, reprend-il, la DHEA risque de favoriser le développement de cancers hormono-dépendants, comme le cancer du sein, de la prostate ou du rein. De plus, il n’est pas prouvé qu’une personne de 70 ans ait réellement besoin de cette hormone». Finalement, conclut le Pr Hirbli, rien ne prouve de façon sérieuse l’efficacité de la DHEA. La logique pousse même à adopter la prudence vis-à-vis des éventuels dangers de cette hormone. C’est la raison pour laquelle de nombreux pays ont décidé de ne pas commercialiser la DHEA sous forme de produit. «Si c’était moi, conclut l’endocrinologue, je ne la prendrais pas. Je la déconseille d’ailleurs à mes patients». Quoi qu’il en soit, remarque-t-il, la vague d’engouement a baissé au Liban et de moins en moins de gens prennent la DHEA à l’heure actuelle. A.M.H.