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Les mobiles du couple terrible restent peu convaincants Seuls les décideurs peuvent ramener Berry et Hariri à la raison (d’État)

Quousque tandem Catilina... ce sont des vitupérations sans précédent, des philippiques enflammées, des imprécations même que la doïka Berry-Hariri essuie de toutes parts. Sans broncher apparemment. En attendant sans doute, et c’est le comble de l’égarement, une énième intervention syrienne de rabibochage accéléré. À moins que le mal n’engendre son propre remède en s’envenimant. Car, par un étrange contre-effet, une crise ministérielle ou, mieux encore, un départ anticipé de la Chambre contraindraient presque certainement les deux présidents concernés à s’entendre. Comme lors de la formation du présent cabinet ou des dernières législatives. Mais voyez comme la roue tourne vite : il y a moins de six mois, le 16 juillet, les deux hommes proclamaient solennellement à la face du monde, à l’issue d’une rencontre chez M. Walid Joumblatt, la conclusion d’une indéfectible alliance. Aux termes de ce retentissant traité, ils promettaient de forger ensemble un noyau dur de loyalisme capable à lui seul de garantir la stabilité du pouvoir, sinon de la vie politique locale. Idylle d’été balayée par les premières bises, glaciales plutôt que fraternelles, comme des traces quadruples de pas sur une plage de sable fin. Aujourd’hui, en harmonie avec le temps, la tempête fait rage au sein de la grande et belle famille taëfiste. Les intempéries relationnelles portent derechef un coup sévère à une économie déjà bien mal en point. Sans compter, tout étant du reste lié, le tort causé à l’État, au facteur de confiance comme à l’administration, sujet principal du conflit d’influence. Pourtant le prétexte retenu, la désignation d’un directeur à la CNSS, paraît dérisoire en regard du préjudice causé au pays. Les querelles des dirigeants sont tout bonnement honteuses, entend-on clamer en chaire, aussi bien dans les mosquées que dans les églises. Et le cas est si désespéré qu’un ancien ministre, M. Mohsen Dalloul, versé dans les conciliations, n’hésite pas à réclamer une commission d’arbitrage internationale ! Cependant, les professionnels, qui en ont vu d’autres, pensent en général qu’après le 7 août, événement qui lui aurait donné à réfléchir, M. Berry a décidé de virer de bord. Il aurait perçu, à travers l’appui apporté alors au régime par les décideurs, un message lancé à son endroit. Pour lui recommander de se ranger résolument du côté de Baabda plutôt que de Koraytem ou des hauts lieux libertaires comme Moukhtara, Bkerké, Kornet Chehwane et le Carlton. Pour autant, le président de l’Assemblée nationale sait que le gouvernement en tant que tel, où il a d’ailleurs sa part, est une ligne rouge. Il se garde donc de l’attaquer, soulignent ces sources, en réservant ses flèches de Parthe au Premier ministre. Allant jusqu’à donner un tour des plus personnels, sous couvert d’esprit (de sel), à ses remontrances. Quoi qu’il en soit, M. Berry nie avec véhémence tout rapport entre ses prises de position et les contacts développés ces dernières semaines avec les décideurs. Il affirme que son action est purement autonome. Ce qui semble confirmé, à première vue, par les conseils d’entente prodigués aux dirigeants par les tuteurs, recommandations que l’on prend soin de bien diffuser dans les médias. De fait, aujourd’hui comme hier (comme toujours), Damas ne cesse d’inviter les pôles locaux, dirigeants en tête, à faire front commun devant les périls extérieurs qui menacent le pays, ainsi que pour faire face aux perturbations socio-économiques qu’il subit. Il faut cependant croire que, contrairement à une idée reçue, les sages admonestations syriennes ne sont entendues que d’une oreille, distraite de surcroît, par les intéressés (c’est le mot). Toujours est-il que le chef de l’État ayant fait savoir qu’il n’a pas l’intention de s’immiscer dans un dossier manifestement personnalisé, il ne reste en bonne logique, et comme par hasard, qu’une seule solution : une conciliation syrienne. Qui devrait permettre, selon les loyalistes proches de Baabda, de revenir au respect de la Constitution, en appliquant les mécanismes prévus pour les désignations, pour promouvoir l’État des institutions. Un ajustement qui serait certes le bienvenu, mais resterait incomplet. Dans la mesure où, en matière de nominations, le plus gros a déjà été fait, sur des bases pour le moins branlantes. Des députés, dont les sympathies ne sont pas berriyistes, soutiennent pour leur part que l’objectif du président de la Chambre serait de provoquer l’échec économique de l’expérience Hariri, pour faire tomber le milliardaire de son piédestal. Un point de vue qui est probablement un peu trop suspicieux. Car on voit mal un Libanais responsable choisir de contrer une tentative gouvernementale de sauvetage économique déjà bien difficile. Il faut donc croire, et espérer, que le mouvement de M. Berry n’a qu’une portée limitée, visant à ne pas permettre à M. Hariri de voler (la vedette à autrui) trop haut, en solitaire. Au nom, paradoxe final, de l’esprit de groupe sinon de partage équitable. Reste à savoir cependant l’étendue des dégâts que ce containement de rodéo peut provoquer. Philippe ABI-AKL
Quousque tandem Catilina... ce sont des vitupérations sans précédent, des philippiques enflammées, des imprécations même que la doïka Berry-Hariri essuie de toutes parts. Sans broncher apparemment. En attendant sans doute, et c’est le comble de l’égarement, une énième intervention syrienne de rabibochage accéléré. À moins que le mal n’engendre son propre remède en...