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Actualités - REPORTAGE

CORRESPONDANCE « La Connexion Bulgari » Quand la pub aguiche le roman(PHOTOS)

WASHINGTON-Irène MOSALLI Vengeance amoureuse peut très bien rimer avec joaillerie luxueuse et constituer le bon ingrédient d’un roman. L’écrivain américaine Fay Weldon a fait mieux : elle a utilisé cet élément pour allier littérature et publicité. Elle vient de publier un ouvrage intitulé La Connexion Bulgari. À la demande de la célèbre griffe du même nom. C’est la première fois que le monde des lettres vit ce genre d’expérience qui, incontestablement, a provoqué bien des remous. Qu’adviendrait-il de la crédibilité d’un écrivain qui met ainsi sa plume au service du marketing ? s’est t-on demandé dans les milieux concernés. Les principaux intéressés (la maison d’édition, l’auteur et Bulgari) voient les choses d’un autre œil. Fay Weldon, l’auteur, connue pour ses écrits substantiels et existentiels (traitant notamment des destins de femmes de carrière), a d’abord été horrifiée par l’offre, qu’elle a donc commencé par refuser. Puis elle a été tentée par l’expérience, passant outre le fait d’être cataloguée écrivain sur commande. L’éditeur y a aussi vu une première qui pourrait stimuler d’autres sponsors lesquels, à leur tour, activeraient l’industrie du livre à gros tirage. Et, bien sûr, pour Bulgari, c’était là une occasion en or, jugée bien plus efficace qu’un spot publicitaire télévisé ou un placard dans la presse. Art et commerce conciliés Tout cela à condition de ne pas tomber dans la publicité pure et le matraquage, et de s’en tenir à une qualité du fond et de la forme. Au départ, les commanditaires avaient demandé à l’écrivain de mentionner 12 fois le nom de Bulgari. Ce qu’elle avait trouvé absurde. Voulant faire plus «honorable et moins affecté», elle a fait de la bijouterie le centre de son roman. Bulgari a approuvé le manuscrit et n’y a rien changé. Ce roman de 200 pages, rédigé en six mois et bien enlevé, repose plus sur l’intrigue que sur les descriptions. C’est une comédie sociale qui tourne autour des caprices des bien nantis. L’héroïne, Grace McNab Salt, vient de sortir de prison où elle a purgé une peine pour s’être attaquée à la femme que venait d’épouser son ancien mari. Celle-ci, nommée Doris Dubois, est une célébrité de la télévision qui craque pour les bijoux Bulgari. Toutes deux vont s’affronter lors d’une vente aux enchères à propos d’une peinture représentant un collier de Bulgari. Comme on s’en doute, l’ouvrage a suscité l’intérêt du public. Poussant les agents des écrivains à s’arrêter sur ce phénomène des sponsors aguichant les écrivains. L’éventail des sponsors pouvant aller des vêtements aux voitures en passant par les boissons et les parfums. Autant d’objets de luxe, facilement associables à l’évasion et à la volupté. Ces éléments indispensables à la rédaction de ces ouvrages, faciles à lire et destinés à délasser et à divertir. L’auteur de La Connexion Bulgari ne pense pas être tombée dans la facilité . «Qu’importe d’où vient l’idée, tant que le roman que l’on signe est bien celui que l’on veut écrire». Ce qui ne l’a pas empêchée d’avoir des détracteurs qui refusent net que soient conciliés art et commerce. Même si le premier arrive à ne pas tomber sous la coupe du second.
WASHINGTON-Irène MOSALLI Vengeance amoureuse peut très bien rimer avec joaillerie luxueuse et constituer le bon ingrédient d’un roman. L’écrivain américaine Fay Weldon a fait mieux : elle a utilisé cet élément pour allier littérature et publicité. Elle vient de publier un ouvrage intitulé La Connexion Bulgari. À la demande de la célèbre griffe du même nom. C’est...