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Communautés - Le catholicos arménien-orthodoxe dénonce la politique de clientélisme suivie par l’État Aram Ier : « Nos droits n’ont pas été respectés »(PHOTOS)

La communauté arménienne-orthodoxe a célébré hier la nativité du Christ. À cette occasion, le catholicos Aram Ier a célébré la messe de Noël à la cathédrale Saint-Grégoire d’Antélias en présence d’un grand nombre de fidèles et de personnalités politiques et religieuses. Dans son homélie, le catholicos de la maison de Cilicie a réclamé que justice soit faite à sa communauté, qu’il estime lésée au niveau de la représentation politique. Après avoir souligné la nécessité de la paix dans le monde, «une paix basée sur la justice», et assuré que l’Église se doit d’appuyer tous les efforts visant à instaurer une paix durable, Mgr Aram Ier a passé en revue la situation qui prévaut au Moyen-Orient. «Notre Église et notre peuple ont toujours appuyé la cause palestinienne. Les Palestiniens ont, eux aussi, droit à la justice, c’est-à-dire le droit au retour dans leur patrie et le droit de jouir d’un État indépendant. Dès le début, le Liban s’est rangé aux côtés des Palestiniens et a lutté en faveur de la restitution de leurs droits. Nous devons poursuivre la lutte en faveur de la cause arabe qui est une cause juste et l’ennemi israélien doit se retirer des territoires libanais toujours sous occupation, du Golan et des autres territoires arabes. Telle est la garantie d’une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient», a assuré le catholicos. Au plan local, il a mis en relief «les difficultés, les surprises et les échéances qui sont notre lot quotidien. Le Liban est basé sur une formule confessionnelle et toute crise extérieure se répercute donc sur la vie interne libanaise». Néanmoins, a-t-il ajouté, «certains faits ne peuvent être passés sous silence. Notre patriotisme n’est plus à prouver, mais, comme communauté, nous demeurons attachés à nos droits, même si certains interprètent notre silence comme étant un signe de faiblesse. Nous ne voulons pas intervenir dans les querelles de clocher qui sont devenues courantes au Liban, mais ceci ne nous empêche nullement de prendre position face aux pratiques qui visent sciemment à priver notre communauté de ses droits». Pour Mgr Aram Ier, «la patrie est construite sur l’interaction des communautés et il pourrait être extrêmement dangereux de léser une communauté au profit d’une autre. Nous sommes victimes des tiraillements opposant les trois présidences et les droits de notre communauté sont lésés du fait de la politique de clientélisme adoptée par l’État. Chacun des trois présidents privilégie ses priorités, ses amis et ses intérêts personnels. Telle est la vérité toute nue. Nous avons été privés du second maroquin qui nous revenait et nous avons été lésés au niveau des nominations administratives du fait de cette politique de clientélisme qui est totalement inacceptable». Une cérémonie similaire s’est déroulée à la cathédrale Saint-Nichan des arméniens-orthodoxes, à Zokak el-Blatt, où Mgr Kegham Khatcherian a célébré la messe de Noël. Dans son homélie, Mgr Khatcherian a insisté sur «les circonstances délicates que traverse la patrie du fait des développements politiques et militaires dans la région». Ces circonstances, a-t-il poursuivi, «nécessitent, plus que jamais, une cohésion interne et un dialogue sincère et constructif, susceptibles de faire face aux dangers qui menacent l’ensemble des Libanais». Le message de Noël D’autre part, le catholicos de la maison de Cilicie Aram Ier a adressé aux fidèles son message de Noël placé sous le thème «Et sur terre paix aux hommes... mais quelle paix ?», dont voici le texte intégral : « “Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur terre paix aux hommes” (Luc 2,14). C’est par ces paroles que les anges annoncèrent l’incarnation de Dieu, révélation de la paix dans le monde. Or les hymnes de l’Église arménienne parlent de la naissance de Jésus comme de “l’arrivée du Prince de la paix” et du “lever du Soleil de justice”. Jésus-Christ mit un accent particulier sur l’importance de la paix qui fut une des priorités de sa mission. Il parla constamment de paix dans des contextes divers et en des perspectives différentes. Et, vers la fin de sa mission sur terre, il laissa sa paix au monde : “Je vous laisse la paix ; c’est ma paix que je vous donne” (Jn 14, 27). Mais quelle paix apporta le Christ au monde ? Premièrement, il s’agissait de la paix divine ; une paix sans conditions, sans intérêts, sans ambition, une paix pour bâtir une communauté humaine au service du royaume de Dieu. Deuxièmement, la paix qui s’est incarnée à Bethléem est un don de Dieu. Elle appartient à Dieu ; elle n’est pas une possession humaine. Elle fut donnée à l’homme pour l’épanouissement et l’enrichissement de la création. Troisièmement, cette paix est offerte à tous les hommes de bonne volonté. Les anges ont invité toutes les nations à participer à cette réalité divine. Le Christ était avec les pauvres contre les riches, avec les marginalisés contre les privilégiés. Or que dirait Jésus s’il venait dans le monde d’aujourd’hui ? Que dirait Jésus s’il venait dans ce monde où les droits humains sont ignorés et la dignité humaine bafouée dans presque toutes les sociétés, y compris les sociétés qui se prétendent civilisées et démocratiques ? Que dirait Jésus s’il venait au Moyen-Orient où on essaie de faire avancer le processus de paix mais où on ne rend pas justice ? On ne peut bâtir une communauté internationale où religions et civilisations coexistent dans l’injustice. On ne peut établir un ordre mondial viable sans justice. La justice doit être le fondement de toutes les initiatives et actions internationales visant une paix juste. Le monde d’aujourd’hui a besoin d’une vision de la justice qui soit complète, englobant toutes les nations et toutes les communautés. La justice pour une nation doit l’être pour une autre nation, et vice versa. C’est sur la base d’une telle justice complète que l’on peut obtenir une paix complète, juste et permanente. Ce n’est pas là une simple stratégie mais le dessein de Dieu en Jésus-Christ. Les anges ont annoncé : “Sur terre paix aux hommes”, une paix avec justice à l’humanité entière. Dans son message de Noël, le pape Jean-Paul II a affirmé : “Il n’y a pas de paix sans justice et il n’y a pas de justice sans pardon”. La voie du pardon, de la réconciliation, de la justice et de la paix, c’est la pénitence. La paix n’est donc pas une notion théorique mais une réalité existentielle ; la paix n’est pas une vision eschatologique mais une réalité concrétisée à Bethléem. La paix est la voie de Dieu, la révélation de Dieu, l’invitation de Dieu. La paix c’est la présence de Dieu dans le monde. Rejeter la paix signifie rejeter Dieu. C’est ce que l’Évangile nous enseigne. Le même Évangile nous rappelle que la voie de la paix c’est la justice. La paix n’est donc pas l’absence de guerre et de violence, mais l’absence de justice. On parle souvent de paix ; on en souligne l’importance et l’urgence mais on oublie la justice. La paix ne peut se réaliser sans justice. La justice et la paix sont inséparablement liées et la paix est conditionnée par la justice. “Le fruit de la justice sera la paix” (Is. 32, 17). Il s’agit là non seulement d’un principe théologique et éthique mais aussi d’une leçon d’histoire, d’une expérience vécue dans l’histoire de toutes les nations. Nous vivons dans un monde où il y a tant d’injustice, sous des formes diverses, des manifestations différentes, à tous les niveaux et dans tous les domaines. L’injustice est omniprésente dans les sociétés contemporaines. Nous voyons et nous vivons la présence et les répercussions de l’injustice dans l’économique, le social et le politique, dans les différents aspects et dimensions de notre vie. Ainsi donc pauvreté, intolérance, racisme, violence, terrorisme, richesse incontrôlée et exploitation ne sont pas de simples mots trouvés dans le dictionnaire mais des réalités vécues au quotidien ; ce sont tous les causes et les effets du mal commun qu’est l’injustice. Il est impossible de combattre ces maux sans déraciner leur cause commune, l’injustice. Dans notre monde extrêmement mondialisé, l’injustice se trouve à son apogée ; elle prévaut à un tel degré que le fossé entre riches et pauvres, exploitants et exploités peut rapidement devenir la source de beaucoup de mal. Il faut donc traiter la cause et non seulement les symptômes du mal».
La communauté arménienne-orthodoxe a célébré hier la nativité du Christ. À cette occasion, le catholicos Aram Ier a célébré la messe de Noël à la cathédrale Saint-Grégoire d’Antélias en présence d’un grand nombre de fidèles et de personnalités politiques et religieuses. Dans son homélie, le catholicos de la maison de Cilicie a réclamé que justice soit faite à...