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Actualités - ANALYSES

Des réactions mitigées, mais pas de tollé

C’était trop beau pour être tout à fait vrai : le pouvoir a bien honoré le rendez-vous nominatif de mardi, mais pas celui d’hier jeudi. Mais personne n’est parfait et le plus gros est déjà engrangé, du moins sur le plan quantitatif. Les réactions politiques aux désignations administratives s’étalent sur un étrange arc-en-ciel, dont les tons vont du vert de l’espérance au gris de la déception, en passant par le rose pivoine de la confusion. Les louanges se mêlent aux critiques mais, grosso modo, nul ne s’avance trop ni dans un sens ni dans l’autre. Car l’heure ( médiatique) n’est pas aux gesticulations politiciennes d’une part. Et d’autre part, les professionnels savent par métier que la portée réelle de l’opération ne deviendra perceptible, sur tous les plans, que dans plusieurs mois. C’est en effet à la lumière des résultats de Paris II et des scores du prochain exercice budgétaire qu’on pourra savoir si l’Administration se trouve enfin remise sur les bons rails. Ou encore, et surtout, si le package deal de cette fin d’année, assure les assises, fait les affaires, renforce l’influence de tel courant taëfiste en place plutôt que d’un autre. Donc, s’il y a de la grogne, elle reste plutôt étouffée, feutrée. C’est en quelque sorte pour le principe que certains protestent, au nom de leur région discriminée par exemple. Pour prendre acte comme qui dirait. Dans le même climat, c’est avec un haussement d’épaules désabusé, blasé même, que les idéalistes du cru constatent qu’une fois de plus c’est le fameux système du gâteau qui a prévalu de fait ( accompli). La preuve en étant largement apportée par ces disputes sur des créneaux comme la CNSS qui sont à l’origine du couac d’hier. Force est de relever cependant que pour la première fois dans la longue histoire des prébendes locales, il n’y a eu à déplorer aucun cas de népotisme flagrant. C’est déjà un progrès. Malheureusement contrebalancé par un flagrant délit évident, généralisé, de paraclientélisme. C’est-à-dire que les liens d’allégeance entre la plupart des promus et divers pôles d’influence sautent aux yeux. Dans ce contexte, un premier bilan établit sans conteste l’avantage numérique pris par l’axe circonstanciel Hariri-Joumblatt-Frangié-Mikati. Aux dépens, entre autres, d’un Berry qui, en privé, ne cache pas son mécontentement. Et les fonctionnaires, comment ils voient les choses ? Ils ne s’autorisent certes pas à en parler publiquement. Mais la plupart se disent sidérés, tout comme, d’ailleurs, les milieux d’affaires. Ainsi un ingénieur, qui se trouve à la confluence de ces deux univers, souligne à plaisir que «le cocotier est enfin secoué dans le bon sens. C’est une véritable révolution au niveau des services publics. Jamais il n’y avait eu un mouvement administratif d’une telle ampleur. Il est à peine croyable que l’on soit parvenu à démêler l’inextricable écheveau d’intérêts complexes qui sous-tendent la toile d’araignée administrative. On imagine mal, en effet, le nombre effarant de conflits qu’il a fallu régler, les précautions qu’il a fallu prendre pour éviter la politisation excessive du dossier et les fuites en direction des médias. Même imparfaites, ces nominations constituent l’équivalent des travaux d’Hercule pour un État aussi disparate que le nôtre. Il faut en féliciter le régime et le gouvernement qui sont parvenus, vaille que vaille, à accorder suffisamment leurs violons pour produire ces décrets sans soulever de tempête politique dévastatrice». Ce coup de chapeau ne serait pas complet si la même personnalité ne soulignait «la remarquable qualité du personnel promu. La plupart des cadres choisis sont jeunes, parfaitement adaptés aux technologies de l’heure et hautement qualifiés en termes de diplômes. Ils auront probablement à cœur de sortir un peu l’Administration, cette vieille dame rancie, pour l’aérer au son des cornemuses de l’informatique et du Web». Cependant, cette perfusion de sang neuf suffira-t-elle pour gommer l’anémie viscérale d’un appareil d’État miné bien plus par les mentalités politiciennes que par les bacilles bureaucratiques ? En a-t-on pour autant fini avec le clientélisme, la corruption, la gabegie, le gaspillage, les dysfonctionnements, les parasites et les impostures ? La réponse est dans la question : sans un traitement du mal à sa racine, sans une refonte politique proprement dite, tout traitement ne peut être que palliatif. Mais c’est mieux que rien, et il faut bien commencer quelque part. En souhaitant que l’envie de continuer y soit. Ce que la dérobade d’hier ne permet pas d’induire. Il reste, pour conclure quand même sur une note d’espoir, que la parfaite compréhension manifestée par le régime à l’égard des vues économiques du gouvernement, de son chef en particulier, laisse présager des suites positives. Qui devraient, en principe, renforcer les chances de succès de Paris II.
C’était trop beau pour être tout à fait vrai : le pouvoir a bien honoré le rendez-vous nominatif de mardi, mais pas celui d’hier jeudi. Mais personne n’est parfait et le plus gros est déjà engrangé, du moins sur le plan quantitatif. Les réactions politiques aux désignations administratives s’étalent sur un étrange arc-en-ciel, dont les tons vont du vert de...