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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

CONFÉRENCE - À la galerie Nalbandian, Sodeco - L’art de l’icône, par Lena Kélékian

La galerie Nalbandian, secteur Sodeco, a entamé hier sa série de conférences du mardi (sur des thèmes culturels et artistiques) avec Léna Kélékian. Iconographe, restauratrice et experte en pigments naturels, la conférencière possède également une formation de géologue et un don confirmé en peinture. Elle était donc toute trouvée pour traiter du thème de l’icône. Pour elle, l’icône demeure, bien entendu, un moyen de communication direct et individuel avec le divin, source de contemplation et de méditation mais aussi image pieuse aux couleurs symboliques marquées, allant du ton citron raffiné au vermillon vif en passant par les pierreries nacrées, les mordorures… «L’icône, comme toute chose, n’est pas née de rien, a noté Léna Kélékian. Elle a de nombreux ancêtres, aussi variés que peuvent être les aïeux du petit dernier dans chaque famille». Les grands-parents, maternels dirons-nous, ont été de grands voyageurs dans le monde gréco-romain et ont laissé leurs plus belles traces en Égypte : les portraits funéraires. Il fallut le petit miracle archéologique du Fayoum pour découvrir ces portraits d’hommes, de femmes et d’enfants peints du vivant de l’individu et fixés après sa mort sur sa momie. Chez les chrétiens, la légende de saint Luc donne une naissance officielle à l’art des icônes de la Vierge Marie, portraits exécutés d’après nature. «Quelques siècles plus tard, les modèles byzantins deviendront la référence de la peinture d’icônes ; des canons stricts ont été édictés au cours des premiers conciles de l’Église et s’appliquent à toutes les formes d’art sacré». L’iconographe a expliqué ensuite que l’étude des icônes couvre trois niveaux. Scientifique d’abord, de par la combinaison des matériaux qui la composent. Artistique ensuite, dans le sens où la représentation et la description d’un personnage ou d’un événement les rendent intelligibles au premier regard tout en utilisant des codes éloignés du naturel. Et théologique, évidemment, car l’icône pour un chrétien est une forme d’écriture de la Bible et un instrument de prière, de communication avec Dieu. La conférencière a ensuite commenté cinquante-deux diapositives représentant différents genres d’icônes. L’icône la plus importante, la première, l’icône fondatrice en quelque sorte, est bien sûr celle du Christ, puisqu’elle justifie toutes les autres. «Après l’iconoclasme, le Christ sera toujours représenté barbu, les cheveux longs et la tête ceinte de l’auréole crucifère. Il est vêtu à la manière romaine d’une toge et d’un manteau, et tient le livre des Évangiles, ouvert ou fermé. Les couleurs traditionnelles de ses vêtements, rouge pour la tunique et bleu pour le manteau, rappellent sa double nature humaine et divine. Lorsqu’il est en gloire, ses vêtements sont couleur de lumière (blancs ou striés d’or)», a noté la conférencière. Et d’ajouter : «Après l’icône du Christ, la plus importante est donc logiquement celle de la Mère de Dieu. Elle est vêtue à la manière des femmes mariées, avec un voile sur les cheveux et un manteau recouvrant tout son corps. Celui-ci est pourpre, couleur impériale à Byzance. En Occident au Moyen Âge, on la représentera couronnée, suivant la même idée. On peut voir trois étoiles, sur son front et ses épaules, qui rappellent soit sa triple virginité (avant, pendant et après la naissance de Jésus), soit son lien privilégié avec la Trinité. L’enfant est toujours habillé de la tunique et du manteau, vêtement des adultes, contrairement aux tableaux occidentaux depuis la Renaissance, où il est représenté nu dans les bras de sa Mère». Léna Kélékian a distingué trois grandes variantes de «l’icône de la Mère de Dieu» : - l’Hodigitria, que l’on peut traduire par «celle qui montre le chemin», et qui désigne de la main l’Enfant qu’elle porte sur son bras. - la Vierge de Tendresse, qui se caractérise par l’embrassement de la Mère et de l’Enfant. - Et enfin la Vierge du Signe ou Platytera (s.e. tôn ouranôn), c’est-à-dire « plus vaste que les cieux «, puisqu’elle a reçu dans son sein Celui que les cieux ne peuvent contenir. Elle se présente en orante, les mains levées dans le geste antique de la prière, avec un médaillon du Christ enfant sur la poitrine. À la suite de ces deux icônes principales, viennent tous les épisodes tirés des Écritures, en particulier les grands événements de la vie du Christ fêtés dans la liturgie. Et enfin peuvent être aussi représentés sur une icône tous ceux qui ont été reconnus par l’Église «ressemblants» au Christ et que l’on appelle les saints. Léna Kélékian a enfin montré une de ses icônes, représentant saint Georges, sur laquelle elle a peint un drapeau libanais en miniature. Il vient orner un bateau qui accoste sur le port de Beyrouth.
La galerie Nalbandian, secteur Sodeco, a entamé hier sa série de conférences du mardi (sur des thèmes culturels et artistiques) avec Léna Kélékian. Iconographe, restauratrice et experte en pigments naturels, la conférencière possède également une formation de géologue et un don confirmé en peinture. Elle était donc toute trouvée pour traiter du thème de l’icône. Pour elle,...