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Actualités - ANALYSES

Dossier régional - L’entourage du parti dit ne pas craindre les pressions américaines - Délaissé par l’Iran, le Hezbollah s’accroche à la Syrie

Un parrain en chasse l’autre. Depuis que l’Iran a décidé de ne plus miser autant sur le Hezbollah, la tutelle syrienne sur ce parti est devenue sans partage, même si beaucoup d’analystes affirment qu’il a gagné en libanité ce qu’il a perdu en islamisme. Aujourd’hui, de l’avis donc de ses chefs, la coordination du Hezbollah est totale avec Damas et occasionnelle avec Téhéran. Ce qui arrange bien les Américains qui croient ainsi plus facile de l’amener à mettre un terme à ses actions militaires. Les experts sont formels : entre l’Iran et le Hezbollah, les relations ne sont plus ce qu’elles étaient. Le secrétaire général du parti a beau être toujours le représentant de l’ayatollah Khamenei au Liban, il s’agit plus désormais d’une référence religieuse que d’une relation structurelle. Les mêmes experts précisent toutefois que cette évolution a commencé il y a quelque temps déjà et n’est pas le fruit de l’amélioration des relations américano-iraniennes depuis le 11 septembre. En d’autres termes, l’Iran n’a pas lâché le Hezbollah, c’est lui qui a, petit à petit, remplacé la double tutelle irano-syrienne par une seule, plus proche. Ce serait d’ailleurs la raison pour laquelle, en réclamant le gel des avoirs du Hezbollah au Liban, les Américains n’ont jamais demandé ouvertement une intervention iranienne, mais plutôt celle de la Syrie. Pourtant, aujourd’hui plus que jamais, le Hezbollah aurait eu besoin de l’appui de l’Iran, d’autant que la République islamique n’est plus diabolisée par les États-unis. Propositions alléchantes Les pressions exercées sur le parti et sur l’État libanais sont énormes afin que tous deux renoncent à la résistance et en quelque sorte pacifient leurs relations avec Israël. Selon un proche de sayyed Hassan Nasrallah, celui-ci aurait reçu plusieurs émissaires qui lui auraient fait les propositions suivantes : les États-Unis seraient prêts à oublier «le passé terroriste» du Hezbollah et pourraient même obtenir un retrait israélien des hameaux de Chebaa si le parti modifiait son discours, faisant une nette distinction entre l’islam et le terrorisme, s’il cessait son activité résistante et surtout s’il cessait d’appuyer l’intifada palestinienne. De même source, Nasrallah aurait refusé toutes les propositions, affirmant que les Américains ne détiennent aucune preuve du prétendu passé terroriste du Hezbollah. Quant à modifier son discours, il n’en est pas question, les États-Unis ne constituant pas une référence religieuse pour les musulmans. De même, il n’est pas question de mettre fin à la résistance, même si le Hezbollah peut rythmer les opérations suivant sa lecture de la situation politique. Enfin, il est hors de question pour lui de se désolidariser de l’intifada palestinienne, puisque le Liban demeure dans la sphère des menaces israéliennes. Une seule rencontre avec Hafez el-Assad Toujours selon des sources qui lui sont proches, Nasrallah affiche une grande confiance dans l’avenir. Cette confiance, il la tirerait de l’appui total que lui apporte l’État libanais et particulièrement le président Émile Lahoud, et bien sûr de la Syrie. Les proches du secrétaire général rappellent ainsi que si le défunt président syrien Hafez el-Assad n’avait jamais consenti à recevoir les chefs du Hezbollah, pour ne pas trop irriter les Américains ou la communauté internationale (il les a simplement rencontrés lorsqu’ils sont venus lui présenter leurs condoléances à la mort de son fils aîné Bassel), son fils, Bachar, ne cache pas que la relation qui le lie à Nasrallah est stratégique. Les rencontres sont fréquentes, voire régulières et, toujours selon les proches du parti, quelles que soient les pressions exercées sur lui, Bachar el-Assad ne peut pas renoncer à la carte que représente pour lui la Résistance au Liban. Rien à craindre donc pour le parti de ce côté-là. Mais rien à craindre non plus pour lui du côté des milieux financiers libanais. Car, selon des experts, geler les avoirs du Hezbollah dans les banques signifierait la levée du secret bancaire et, dans ce cas, il s’agirait d’une menace pour tous ceux qui possèdent de grands avoirs dans les banques libanaises, notamment les fortunes syriennes déposées à Beyrouth qui s’enfuiraient rapidement, déstabilisant le secteur bancaire. Selon les proches du Hezbollah, bien des obstacles s’opposent donc à cette demande américaine qui risque, si elle est satisfaite, d’avoir de lourdes conséquences. En somme, même si l’Iran a pris ses distances, le Hezbollah continue à bénéficier de l’appui des Syriens et l’unanimité – réelle ou de façade – libanaise autour de lui est son meilleur atout. Pourtant, dans les coulisses, il préparerait déjà sa reconversion en parti politique doté d’un programme social… Un peu comme le souhaitent les Américains, qui font la distinction entre «le passé terroriste» du parti et ses activités sociales.
Un parrain en chasse l’autre. Depuis que l’Iran a décidé de ne plus miser autant sur le Hezbollah, la tutelle syrienne sur ce parti est devenue sans partage, même si beaucoup d’analystes affirment qu’il a gagné en libanité ce qu’il a perdu en islamisme. Aujourd’hui, de l’avis donc de ses chefs, la coordination du Hezbollah est totale avec Damas et occasionnelle avec...