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Actualités - CHRONOLOGIES

L’opération « Liberté immuable » n’a encore réussi à réaliser aucun de ses grands objectifs - La campagne américaine en Afghanistan s’annonce longue et périlleuse

Un mois de bombardements de l’Afghanistan par l’aviation américaine a installé les adversaires dans un conflit qui devrait se poursuivre tout l’hiver et au-delà, avec la perspective redoutée d’un engagement de soldats américains au sol. Le Pentagone affirme que les raids aériens ont détruit les défenses antiaériennes des taliban, perturbé leurs communications et lignes de commandement et amputé leur arsenal. Mais après plus de quatre semaines de bombardements de nuit comme de jour, y compris le recours aux B-52 pour pilonner le front, l’opération «Liberté immuable» n’a réussi à réaliser aucun de ses grands objectifs. Le terroriste présumé Oussama Ben Laden continue de narguer les Américains depuis ses repaires secrets tandis que son ami et protecteur, le mollah Mohammad Omar, chef des taliban, reste le dirigeant incontesté de la majeure partie de l’Afghanistan. De son côté, l’Alliance du Nord n’a pas su profiter des bombardements américains pour réaliser un quelconque gain significatif de territoire. Et plus le conflit dure, plus le moral des taliban semble s’améliorer. «Nous sommes prêts pour une longue guerre et nous espérons défaire les États-Unis, que le reste du monde appelle une superpuissance», a déclaré lundi le ministre de l’Enseignement des taliban, Amir Khan Muttaqi, l’un des principaux porte-parole du régime. Aux États-Unis, le général Richard Myers, chef d’état-major interarmées, avait prévenu la veille que la campagne serait très longue. «Nous y sommes préparés», avait-il ajouté, précisant que tout se déroulait selon les plans. «Ce qui reste aux taliban, c’est ce qu’ils ont sur le dos et ce qu’ils ont entreposé dans des grottes et dans d’autres lieux d’Afghanistan, et nous pensons que ce n’est pas grand-chose». Mais avec l’arrivée de l’hiver et le début du ramadan dans moins de deux semaines, l’heure presse pour les Américains. À un moment, estiment les analystes, la coalition antiterroriste aura besoin d’une base terrestre en Afghanistan même. « Une guerre de couards » Dimanche, une nouvelle piste d’atterrissage a été ouverte à Cherkat, à 80 km au nord de Kaboul, en terrain tenu par l’opposition antitaliban et doit permettre d’ouvrir une nouvelle voie de ravitaillement pour l’Alliance du Nord, reliant ses forces proches de Kaboul à ses bases arrière au nord des montagnes de l’Hindu Kush, où parvient l’aide venant du Tadjikistan. Jusqu’à présent, les troupes et munitions ne pouvaient arriver qu’en quantités limitées par hélicoptère ou après une semaine de route difficile. Les routes-clés au sud du Tadjikistan sont déjà bloquées par la neige. Mais Cherkat est isolé et trop proche de Kaboul pour servir de base de rassemblement aux forces de la coalition. Mieux placé est l’aéroport de Mazar-i-Sharif, tenu par les taliban mais proche de la frontière de l’Ouzbékistan allié des États-Unis. Mais même si Mazar tombait, les taliban contrôleraient toujours Taloqan dans le nord-est, Herat dans l’ouest, Jalalabad et Kaboul dans l’est et Kandahar dans le sud. Les tentatives de diviser leur base ethnique, les Pachtounes, ont échoué avec la capture et l’exécution du chef de guerre Abdul Haq le mois dernier. Une mission secrète parallèle conduite par Hamid Karzai, un autre chef pachtoune, a également été découverte par les taliban la semaine dernière. Et à moins d’un soulèvement populaire contre le régime fondamentaliste orchestré par Washington, les craintes de combats de rues pour la conquête des grandes villes risquent de devenir réalité; une perspective qui réjouit les taliban. «Ils (les Américains) attaquent d’en haut. Mais dans notre tradition, nous appelons cela une guerre de couards», dit Amir M. Muttaqi. «Si les États-Unis sont vraiment une superpuissance, et si leurs soldats ne sont pas mous, pourquoi n’envoient-ils pas des troupes pour nous combattre face à face ?», a demandé le ministre taliban.
Un mois de bombardements de l’Afghanistan par l’aviation américaine a installé les adversaires dans un conflit qui devrait se poursuivre tout l’hiver et au-delà, avec la perspective redoutée d’un engagement de soldats américains au sol. Le Pentagone affirme que les raids aériens ont détruit les défenses antiaériennes des taliban, perturbé leurs communications et...