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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Conférence - Causerie du sayyed à l’AUB - Fadlallah : Dans l’inconscient des Arabes, l’Amérique c’est Israël

Un des rares dignitaires religieux à attirer une telle foule, toutes communautés confondues, sayyed Mohammed Hussein Fadlallah avait plus d’un message à transmettre hier à ses auditeurs. Le premier message devait être adressé au peuple américain, et probablement à la diplomatie US par le choix même du lieu de la conférence qui a été porté sur l’AUB, alors même que son intervention n’augurait aucunement un ton conciliant envers les États-Unis. Dans son exposé intitulé «L’islam entre la défaite des États-Unis et l’agression contre l’Afghanistan», sayyed Fadlallah a voulu faire le point sur les grands problèmes qui secouent actuellement le monde, notamment la question de l’islam vu à partir de l’Occident ainsi que sur la guerre contre l’Afghanistan. «Ce n’est pas la première fois que je donne des conférences à l’AUB, affirme très diplomatiquement le dignitaire chiite. Je m’abstiendrai le jour où cette institution déviera de ses objectifs académiques». Et d’ajouter, esquivant la question de savoir s’il y avait une signification politique derrière le choix d’une institution américaine : «Je n’ai pas de problème avec l’AUB ni avec le peuple américain». Sayyed Fadlallah communiquera également sa conception particulière de l’islam en dénonçant tout haut la violence quelle qu’elle soit, qu’elle vienne d’un musulman ou d’un Américain, peu importe. C’est un véritable appel au dialogue que le sayyed lancera devant des centaines de personnalités politiques, religieuses, des étudiants, des professeurs d’université et même quelques médecins venus écouter fidèlement cet homme sage. «La violence vient s’imposer à nous, nous confisquer nos causes et assassiner notre nation. La violence ne dialogue pas, mais elle détruit», affirme l’uléma. Établissant un parallélisme entre la violence et les opérations chirurgicales, il explique comment elle prétend parfois éradiquer le «mal» en l’éliminant. «La violence en islam est parfois justifiée en cas de nécessité, dit-il. Mais si le problème peut être résolu à l’amiable, mieux vaut choisir cette voie», poursuit-il sur un ton de parfaite sérénité. Critiquant les médias occidentaux pour leur conception du jihad, «représenté comme une épée brandie par les musulmans prêts à tuer à tout bout de champ», le dignitaire chiite rectifiera cette image en expliquant que le jihad n’est autre qu’une action défensive et préventive «contre ceux qui s’imposent au monde et à l’homme». «L’islam refuse catégoriquement l’agression», dit-il. Quant au fondamentalisme, «une notion qui n’existe pas dans notre culture islamique», il a pour piliers deux éléments , poursuit le sayyed : tout d’abord, la violence, comme étant l’unique moyen de changement ; et en second lieu, l’élimination de l’autre, ce qui est loin de la conception de l’islam envers autrui. «L’islam est par essence fondé sur le dialogue et non sur l’exclusion», affirme le dignitaire en se fondant sur des versets coraniques. Retraçant l’engouement des peuples d’Orient et notamment musulmans pour les valeurs incarnées par l’Occident telles que les libertés et les droits sociaux et politiques, «des valeurs d’autant plus prisées que ces peuples ont émigré en grand nombre fuyant leurs régimes dictatoriaux aspirant à un meilleur niveau de vie», sayyed Fadlallah affirme qu’il n’existe pas de choc de cultures. Pourquoi nous haïssent-ils donc ? «Cette question, dit Mohammed Hussein Fadlallah, ce sont les Américains qui se la posent depuis quelque temps. Nous leur disons : nous vous avons aimés. L’Amérique incarnait en ce début de siècle un véritable rêve pour cet Orient. Pourquoi l’Orient aurait-il donc changé pour se rapprocher de l’Europe ?». Tout a commencé avec l’affaire israélienne, répond le dignitaire chiite, tout en sachant que c’est l’Europe et notamment la Grande-Bretagne qui ont parrainé l’État d’Israël. «Mais les États-Unis ont par la suite tout donné à Israël». Dans l’inconscient collectif politique des peuples arabes, l’Administration américaine incarne désormais l’ennemi de la région à l’instar d’Israël, dit-il . Jonglant entre le cynisme et l’ironie, le sayyed ne ménagera personne. Y compris les Arabes eux-mêmes. «Nous remarquons que toute action positive émanant des États-Unis est immédiatement applaudie par les Arabes, en toute leur naïveté», souligne l’uléma en faisant allusion à la dernière déclaration du président George Bush sur la création d’un État palestinien, des mots «creux et vides de sens» pour le dignitaire chiite. «Les Arabes se satisfont de discours ; nous, nous les abreuvons de mots et nous affichons des positions», voilà comment réfléchissent les Américains et comment ils se comportent avec nous, explique sayyed Fadlallah. Après la tragédie du 11 septembre, alors que nous avions bien expliqué que l’islam ne peut en aucun cas commettre un tel acte, les Américains avaient quand même besoin d’un bouc émissaire : le peuple afghan a bien servi cet objectif, a poursuivi le conférencier. Condamnant tour à tour la guerre contre l’Afghanistan, «une guerre contre la légalité internationale», le régime taliban, «qui ne bénéficie pas de beaucoup de popularité auprès des musulmans», l’uléma chiite affirme que les seules victimes de cette guerre sont les civils américains et afghans. «Six mille sont déjà morts aux États-Unis. L’Administration américaine vise-t-elle le même nombre en Afghanistan ?», s’est-il interrogé en guise de conclusion.
Un des rares dignitaires religieux à attirer une telle foule, toutes communautés confondues, sayyed Mohammed Hussein Fadlallah avait plus d’un message à transmettre hier à ses auditeurs. Le premier message devait être adressé au peuple américain, et probablement à la diplomatie US par le choix même du lieu de la conférence qui a été porté sur l’AUB, alors même que son...