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Actualités - INTERVIEWS

INTERVIEW - Rencontre avec l’ambassadeur de Conakry à Beyrouth - Elhadj Camara : « J’appelle les Libanais à investir en Guinée »

De passage au Liban, un des six pays où il est accrédité, Elhadj Ousmane Camara, ambassadeur de Guinée, a présenté ses lettres de créance au chef de l’État, le général Émile Lahoud. Petit tour par l’Afrique occidentale et rencontre avec ce personnage attachant.La République de Guinée est née le 2 octobre 1958 à la suite du vote historique du peuple guinéen rejetant le 28 septembre 1958 la Communauté franco-africaine que le gouvernement français voulait substituer à l’indépendance des colonies d’Afrique. État d’Afrique occidentale, donnant sur l’Atlantique, la Guinée a une superficie de 245 857 km2 et est peuplée de plus de 6 000 000 d’habitants. Ayant pour capitale Conakry, «c’est comme le Liban, un pays multiethniques», précise M. Camara. Effectivement, la Guinée est divisée en diverses ethnies : les Foulbés, les Malinkés, les Soussous, les Kissis et les Bagas. Y a-t-il eu des tensions entre ethnies ? «Non, heureusement, il n’y a pas eu chez nous de guerres ethniques», répond l’ambassadeur. Sur le plan économique, l’agriculture occupe une grande place. Manioc, riz et maïs sont les principales productions vivrières, tandis que le café et les ananas sont plutôt destinés à l’exportation. Les champs naturels de mangues constituent également une richesse non négligeable. «Ces dernières années, la production hydroélectrique a permis la création d’une usine d’aluminium à Fria, à l’ouest du pays. La bauxite est la grande ressource nationale : la Guinée est le deuxième producteur mondial avec 60 % du PIB et 90 % des exportations, ce qui rend le pays très dépendant des cours mondiaux», précise l’ambassadeur. Le port de Conakry est le principal pôle économique du pays. M. Camara insiste sur les efforts de libéralisation économique entrepris par l’actuel président, M. Lansana Conté. «Depuis plusieurs années, le pays a encouragé la privatisation dans des domaines aussi divers que l’énergie, les ressources minières ou l’école». Les Guinéens vont d’ailleurs bientôt se prononcer sur la reconduction du mandat de M. Conté pour que celui-ci poursuive les projets en cours, et cela par voie de référendum. Dans les années 90, la nouvelle Constitution avait introduit le multipartisme, ce qui était un grand pas en avant dans l’exercice démocratique du pouvoir. Stigmatisant les troubles fomentés, dit-il, par la Sierra Leone, voisine, l’ambassadeur assure que la situation est redevenue calme et saine… Que s’est-il passé au juste avec le Liberia et la Sierra Leone ? «À l’intérieur de la Sierra Leone, il y a eu des troubles d’ordre politique et l’armée guinéenne est intervenue pour protéger le gouvernement légitime de ce pays contre les rebelles. Avec le Liberia, c’est un peu plus complexe. En septembre 2000, des rebelles libériens et de la Sierra Leone ont attaqué des villages guinéens, il y a eu des milliers de morts. L’armée est intervenue rapidement et a tout remis en place. À l’époque, le gouvernement de Guinée a accusé le Liberia de soutenir les rebelles. Aujourd’hui, certains pays d’Afrique tentent de réconcilier le président guinéen et celui du Liberia. La situation est redevenue calme». D’ailleurs, M. Camara appelle de ses vœux les investisseurs libanais et étrangers tout en affirmant réfléchir à des projets concrets pour leur offrir des garanties financières. Qu’en est-il de la communauté libanaise en Guinée ? Elle représente 5 000 personnes actives économiquement, que ce soit dans le commerce ou le bâtiment dernièrement. Nous savons que certains Libanais rencontrent quelques difficultés d’ordre relationnel avec leurs homologues africains dans des pays comme la Côte d’Ivoire par exemple, où ils sont un peu perçus comme des colonisateurs, en est-il ainsi en Guinée ? «Non, bien au contraire. Chez nous, les ressortissants libanais n’ont pas eu à souffrir d’hostilité, comme on peut le constater dans d’autres pays d’Afrique. Ils contribuent au développement de l’économie nationale, ils sont relativement bien intégrés et, d’ailleurs, beaucoup d’entre eux ont épousé des Guinéennes». Ils investissent un peu partout, non ? «C’est clair. Dernièrement, ils investissent dans les secteurs de l’immobilier et industriels». À propos des relations libano-guinéennes, avez-vous quelque chose à souhaiter ? «Oui. En fait, j’aimerais un assouplissement des formalités administratives libanaises pour les ressortissants guinéens. Certains d’entre eux ne sont pas très contents du traitement qu’on leur inflige ici, alors que les Libanais en Guinée n’ont pas ce problème. Ensuite, on aimerait lancer des projets d’ordre économique ou autres entre les deux gouvernements». La Guinée comme le Liban sont des pays francophones, que pensez-vous du report du sommet de la francophonie ? «Il n’est que reporté, c’est vrai. Un an, cela passe assez vite. Je regrette la conjonction défavorable au sommet mais j’estime qu’il aurait été dommage qu’il passe au second plan de l’actualité internationale et qu’il ne sera que plus réussi dans un an».
De passage au Liban, un des six pays où il est accrédité, Elhadj Ousmane Camara, ambassadeur de Guinée, a présenté ses lettres de créance au chef de l’État, le général Émile Lahoud. Petit tour par l’Afrique occidentale et rencontre avec ce personnage attachant.La République de Guinée est née le 2 octobre 1958 à la suite du vote historique du peuple guinéen rejetant...