Social - Riad Saab met en garde contre un déficit à la branche maladie-maternité - CNSS : « Une stratégie pour temps difficiles »

C’est un projet de développement à la fois rationnel et révolutionnaire que le président du syndicat des employés de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) Riad Saab a proposé hier, au cours d’une rencontre avec les journalistes, au siège de l’Ordre de la presse, en présence d’un important aréopage de syndicalistes, au premier rang desquels figurait M. Hamidi-Sacre, secrétaire général de la CGTL. Le projet de réforme de M. Saab, l’un des plus anciens syndicalistes de la CNSS, prévoit l’extension de la Sécurité sociale à l’ensemble de la population, à partir de l’âge de 18 ans, à charge pour les non-salariés d’être inscrits comme «abonnés libres». M. Saab propose également la création de deux nouvelles branches à la CNSS, celle des accidents de travail et des maladies professionnelles, dont la législation existe déjà, et une branche chômage. Le projet prévoit aussi la limitation des conditions de réclamation des indemnités de fin de service à l’achèvement de l’âge de retraite légal (60-64 ans), et le vote d’une loi autorisant l’abonné qui a achevé ses vingt ans de service à bénéficier, pour une seule fois, d’un crédit prélevé par anticipation sur son indemnité de fin de service. Par ailleurs, M. Saab souligne la nécessité de planifier la transition entre les deux régimes d’indemnité de fin de service et d’assurance-vieillesse. Contre la réduction des cotisations Cela dit, le projet de M. Saab est tout à fait hostile à la décision prise, voici quelques mois, de réduction des cotisations de la branche maladie-maternité. Le responsable syndical critique cette réduction, «qui a été décidée sans aucune base statistique et financière». Il prévoit que cette branche de la CNSS va commencer à avoir un budget déficitaire à partir des premiers mois de l’année 2002 «au plus tard». Le projet est également hostile à la loi prévoyant l’adhésion à la CNSS des propriétaires de taxis-service, qui s’est avéré ruineuse pour la Caisse, dans sa forme actuelle. C’est qu’en effet, en raison de cette loi, de nombreux particuliers ont acheté des plaques rouges, dans le simple but de bénéficier des prestations de la Caisse, sans pour autant appartenir à de la profession. Le président du syndicat des propriétaires de taxis, Abdel Amir Najdé, a protesté, et c’est de bonne guerre contre le projet. M. Saab prévoit également l’amendement des six premiers articles de la loi sur la CNSS, qui concernent les attributions respectives du directeur général, chargé de gérer l’argent de la Caisse, du conseil d’administration où siègent les représentants du patronat, des ouvriers et de l’État et de la commission technique, chargée de l’audit. Un amendement de la structure du secrétariat de la Caisse est également prévu. Allègement du déficit du Trésor Selon M. Saab, le projet de restructuration et de réforme qu’il préconise a notamment l’avantage d’étendre les prestations de la Caisse à toute la population libanaise, une façon comme une autre de réaliser l’entraide sociale. Un autre avantage, et non des moindres : il dégage le ministère de la Santé du devoir de couvrir les frais hospitaliers et médicaux des maladies chroniques des Libanais sans couverture sociale, et allège d’autant le budget de l’État. Selon un expert, le projet de M. Saab est tout à fait cohérent et viable, même s’il déplaît à certaines catégories sociales. Toutefois, ajoute cette source, il s’agit d’un choix de société, notamment en ce qui concerne la quote-part du patronat dans les cotisations, qui peut être instrumentale dans l’orientation des salariés vers la consommation. Le projet de M. Saab, surtout, semble inspiré d’un souci sincère de la bonne marche de la Caisse nationale de sécurité sociale, à l’heure où l’État a des difficultés de trésorerie et où tout doit être fait pour combler le déficit budgétaire. «La Caisse dépense beaucoup et enregistre peu de rentrées. Elle souffre en outre de problèmes de gestion», conclut l’expert, qualifiant le projet de M. Saab de «stratégie pour temps difficiles».