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Actualités - OPINIONS

Douce transe

Dans cette ambiance d’hystérie collective, y a que sur notre caillou de 10 452 km2 que règne une sécurité à toute épreuve. Pas celle des troufions bardés de ferraille qui, tels des cancrelats à la nuit tombée, vérifient si tu as bien craché ta taxe mécanique. Ni celle des «services» qui viennent régulièrement faire l’inventaire d’Émile-et-un portraits collés par leurs soins sur les murs du Palais de justice. La sécurité dont je te parle est celle d’un pays en transe, où somnole une sécurité passive. D’abord les tours. Nous n’en avons pas d’orgueilleuses, Dieu merci. La seule exploitable était celle du Bteghrinator, à la rue Kantari. Mais elle a été tellement vendue, rachetée et revendue par le Bouffi de Koraytem, qu’elle serait largement amortie si un malade aérien venait s’y emplâtrer. Pas d’avions non plus. Ou si peu… Neuf pour être exact. Des vieux coucous déglingués qui ne tiennent que par la peinture et dans lesquels aucun terroriste sensé ne se hasarderait à risquer sa peau. Fanatique, mais pas fou ! Quant aux barbus, bien que forts en gueule, les nôtres sont plutôt du genre feignasses, dédaignant gratte-ciel et ballets aériens mondiaux. Le fond de sauce de leur ragoût idéologique se limite aux fermes de Chebaa et au lancer de pierres par-dessus la porte de Fatmé. En des temps moins agités, l’intégrisme musulman ne stimulait déjà guère les neurones d’un Libanais moyennement curieux. Alors Oussama Ben Lala, tu penses bien, on est content qu’il reste aux abonnés afghans. Enfin en guise d’Anthrax, c’est surtout l’Entracte. Vingt-six ans de vie entre parenthèses et dernière roue du carrosse de la paix au Proche-Orient. À part ça, aucune psychose du courrier. Les Libanais sont des excités du fax et la seule poudre blanche qu’ils connaissent est celle qui provient de la Békaa post-haschichisée. Havre de paix et cocon de sécurité, le Liban est aujourd’hui le seul pays au monde où le soleil se lève deux fois : le matin… et après la sieste.
Dans cette ambiance d’hystérie collective, y a que sur notre caillou de 10 452 km2 que règne une sécurité à toute épreuve. Pas celle des troufions bardés de ferraille qui, tels des cancrelats à la nuit tombée, vérifient si tu as bien craché ta taxe mécanique. Ni celle des «services» qui viennent régulièrement faire l’inventaire d’Émile-et-un portraits collés par...