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Actualités - REPORTAGES

Les prisonniers politiques - sont autrement motivés

«Les prisonniers, quel que soit leur crime, reçoivent le même traitement, indique Hana Nassif, assistante sociale à Ajem. Toutefois, les prisonniers de droit commun ont une attitude et un état d’esprit différents des prisonniers politiques. Nous avons pu nous en rendre compte clairement lors des dernières arrestations, explique Mme Nassif. À l’instar des prisonniers de droit commun, qui se trouvent en prison pour des raisons bien différentes, les détenus politiques (les militants FL et aounistes) emprisonnés à la suite des rafles au Palais de justice ont gardé dans leur grande majorité le moral haut durant la période de leur emprisonnement, racontent les responsables de l’Ajem. En effet, pour le père Hadi Aya, directeur d’Ajem, contrairement aux prisonniers de droit commun, les jeunes militants qui ont été incarcérés étaient mus par une sorte de «mission» qu’ils défendaient corps et âme. Par conséquent, leur emprisonnement était le couronnement d’une action militante et ne pouvait être l’équivalent d’une sanction. Quoi qu’il en soit, ces arrestations ne pouvaient en aucun cas susciter en eux un sentiment de culpabilité. Leur incarcération devenait encore plus symbolique. Ce n’était pas le cas de tous, évidemment. Les plus jeunes, affichaient une attitude plus détachée, explique le père Aya. Ces derniers tournaient en dérision la situation, en prenant un peu à la légère leur détention. D’autres, plus sensibles, avaient flanché dès les premiers jours, ayant été coupés de leur milieu et de leur environnement naturel. «Un jeune homme a paniqué lorsqu’il a appris que ses parents n’ont pas pu venir lui rendre visite, explique Hana Nassif. Tout dépend finalement de la capacité de tolérance de chacun et de son expérience dans ce type de milieu, surtout lorsque l’on sait que certains militants avaient déjà été arrêtés plus d’une fois». Il y a certes eu des moments de détente, accompagnés de remarques humoristiques, tels que les premiers commentaires sur la coupe de cheveux, «qu’on aurait préféré un peu plus à la mode». Ou l’histoire du «déodorant» qu’un détenu n’arrêtait pas de réclamer à son geôlier, alors qu’on manquait parfois même d’eau pour se laver. «Il y a eu par ailleurs des moments difficiles, non pas tant à la prison de Roumieh qu’aux premiers moments des arrestations», raconte l’un des détenus en faisant allusion au ministère de la Défense. Il témoigne de l’aide et du support que les détenus ont reçu de la part d’Ajem. «Ils étaient les premiers à nous apporter le cachet de Panadol, à intervenir auprès de nos familles pour les rassurer et auprès des responsables de la prison pour améliorer nos conditions», témoigne cet ancien détenu, pourtant bien rodé à l’ambiance des pénitenciers. «Là-bas par contre, (au ministère de la Défense) il n’y avait ni justice ni miséricorde», dit-il en tentant un jeu de mots subtil. «Le plus dur pour ces prisonniers a été la grande déception, lorsqu’ils ont eu écho de la réaction des gens à la suite à leur emprisonnement», commente père Hadi. D’après le directeur d’Ajem qui avait côtoyé de près les personnes incarcérées durant toute la période de leur détention, les jeunes détenus s’attendaient à plus d’impact sur le terrain après ce qui s’est passé. «Ils espéraient une réaction d’indignation de la part de la population contre ce qu’ils ont estimé être un acte d’injustice envers leur cause. Or la soumission affichée par les citoyens les a rebutés». Si certains ont regretté ce qui s’est passé, commente le médecin d’Ajem Joseph Hallit, surtout ceux d’entre eux qui n’avaient aucun lien direct avec la manifestation organisée le jour des arrestations et qui se trouvaient là par hasard, il n’en reste pas moins que la majorité des détenus ont gardé un sentiment de fierté à leur sortie de prison, et le moral toujours très haut.
«Les prisonniers, quel que soit leur crime, reçoivent le même traitement, indique Hana Nassif, assistante sociale à Ajem. Toutefois, les prisonniers de droit commun ont une attitude et un état d’esprit différents des prisonniers politiques. Nous avons pu nous en rendre compte clairement lors des dernières arrestations, explique Mme Nassif. À l’instar des prisonniers de...