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Actualités - REPORTAGES

Le rôle des linguistes libanais

Au XIXe siècle, la renaissance de la culture arabe dans le livre et les imprimés a été surtout le privilège des savants et intellectuels libanais. Elle constituait l’héritage des trois derniers siècles qui avaient vu naître à Rome, sous le pontificat de Grégoire XIII, le Collège maronite en 1584. Les étudiants de ce collège, venus du Liban, recevaient un enseignement en latin, italien, français, syriaque et arabe, qui leur donnait accès aux disciplines et connaissance d’une Renaissance italienne et française florissante. Nous sommes sous le règne de l’émir Fakhreddine II qui sera le grand ami de Ferdinand de Médicis, grand. duc de Toscane. Le Canon d’Avicenne, la Géométrie d’Euclide, la Géographie d’al-Idrissi, les Évangiles illustrés par Antonio Tempesta, les Psaumes de David avaient été imprimés en arabe à la Typographia Medicea (créée à Rome en 1584), dans les dernières années du XVIe siècle avec le concours principal du maronite Yacoub Ibn Hilal dit Jacques Luna. C’est également là que vit le jour, en syriaque cette fois, le Missale syriacum juxta ritum Ecclesiae nationis maronitorium, en 1594. Ces incunables arabes et syriaques bénéficiaient de l’assistance linguistique des professeurs maronites attachés à la formation des élèves. Outre Avicenne et Euclide, qui furent les premiers auteurs scientifiques imprimés en langue arabe, les presses romaines sont à l’origine de plusieurs ouvrages fondamentaux pour l’approche de la langue elle-même, tels l’Alphabetum arabicum d’al-Sanhaji et la Grammatica aarabica d’Ibn Hajeb publiés en 1592. Après 1596, années où fut suspendue l’activité de la Typographia Medicea, Jacques Luna fonda la Tipographia Linguarum Externarum et imprima aussi des livres religieux en syriaque. À partir de 1617, le linguiste Victor Scialac participa, au collège même, à l’impression de divers ouvrages en arabe et en syriaque. Le pape avait favorisé la fondation de cette nouvelle imprimerie. De ce linguiste nous avons une Introductio ad Grammaticum arabica, parue en 1622, et, deux ans plus tard, un Totum arabicum alphabetum ad unam tabellam. En 1614, le linguiste Boutros al-Metusi imprima les Institutiones Lingua arabica et la même année parut la grande œuvre de cette imprimerie : l’Officium simplex septem dierum hebdomadae, conçu pour l’Église maronite. Ishaq al-Chedraoui dit Sciadrensis, y publia en 1636 la Grammatica Linguae Syriacae. En 1626 fut fondée la Typographia Propaganda fide qui assura dorénavant les impressions orientales. En 1653, elle racheta le matériel, caractères et presses, de l’imprimerie maronite qui avait pour sa part cessé de fonctionner depuis 1636. À l’ambassade de France à Rome, Savary de Brèves qui, dix-huit années durant, avait représenté le roi à Constantinople, s’était fort attaché aux langues et civilisations de l’Orient. Il avait ramené avec lui une centaine de beaux manuscrits orientaux. Ses relations avec le Collège maronite furent chaleureuses et il fonda, à ses frais, une Typographia Savariana. Deux ouvrages en sortirent : en 1613, la Doctrina Christiana du cardinal Bellarmin et, en 1614, le Liber Psalmorum Davidis Regis et Prophetae, traduits en arabe par V. Scialac, et par Gabriel Sionite, tous les deux maronites du Mont-Liban. Savary de Brèves était très ami avec le chancelier de Thou et, lorsque Marie de Médicis le rappela à Paris pour lui confier l’éducation de Gaston d’Orléans, frère du roi, il invita Gabriel Sionite à l’accompagner afin de fonder en France la première imprimerie arabe et syriaque. Depuis longtemps en effet, Savary de Brèves et G. Sionite projetaient ensemble la publication d’ouvrages arabes dont un grand dictionnaire, le Calepin arabesque, comme le nomme de Brèves. En 1618, la disgrâce royale dont les Italiens et leurs amis furent l’objet à la cour de France mit un frein aux initiatives de Savary de Brèves mais l’imprimerie, elle, existait déjà. Professeur de langues au Collège royal, G. Sionite publia avec Youhanna al-Hasrouni, dit Jean Hesronite, une Grammatica arabica maronitarum, parue en 1616 chez Jérôme Blageart au Collège des Lombards. l’Épître dédicatoire est à Jacques de Thou et au cardinal du Perron, directeur de ce collège. Il assura en 1619, avec la participation du linguiste al-Hasrouni, la traduction en latin de la Geographia Nubiensis, ouvrage arabe paru à Rome, et celle de l’ouvrage, publié à Amsterdam en 1633 et 1635. De Nonnullis Orientalum Urbibus…, description des particularités tant religieuses que sociales des pays de l’Orient, d’après divers auteurs arabes comme Yacoub ben Siddy-Ali, Yussef ben Abd-Allatif et Muhammed ben Qassem : on y découvre des notices sur l’Arabie, Bagdad, le Liban, les Cèdres, le vin, le patriarche maronite, La Mecque, Médine, les musulmans et le Christ, etc. in Liban, l’autre rive
Au XIXe siècle, la renaissance de la culture arabe dans le livre et les imprimés a été surtout le privilège des savants et intellectuels libanais. Elle constituait l’héritage des trois derniers siècles qui avaient vu naître à Rome, sous le pontificat de Grégoire XIII, le Collège maronite en 1584. Les étudiants de ce collège, venus du Liban, recevaient un enseignement en...