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Actualités - CHRONOLOGIES

MUSIQUE - Maguy Abillamaa, flûtiste de Pan en solitaire

Maguy Abillamaa, 35 ans, est l’unique flûtiste de Pan au Liban. Et la première à avoir réussi à «orientaliser», en quelque sorte, cet instrument, en en sortant des quarts de ton. Depuis 1997, le public libanais rencontre cette musicienne assez régulièrement, à l’occasion de soirées privées, musicales et poétiques, notamment dans le cadre féérique de la grotte de Jeita. Il y a deux mois, la musicienne recevait le Prix Saïd Akl, des mains du poète lui-même. Et en octobre prochain, elle se produira en solo au Festival d’été d’Antrézieux-Bouthéon en France (région de Saint-Étienne), où elle représentera le Liban avec d’autres musiciens. Rencontre. Maguy Abillamaa est une personne calme, posée, un peu mélancolique et très sensible. Mais qui sait ce qu’elle aime et sait poursuivre ses rêves. Tout enfant déjà, la musique faisait partie de sa vie. «Nous habitons, à Jounieh, une maison qui donne sur la mer, et j’aimais écouter le chant du vent et des vagues». Elle commence par s’intéresser à la guitare et suit des cours pendant deux ans. Mais c’est pour la flûte de Pan qu’elle aura un véritable coup de cœur, un peu plus tard, en écoutant une cassette offerte par un ami. «J’ai immédiatement décidé que j’en jouerai un jour, et j’ai prié la Vierge de m’aider à réaliser ce vœu», dit-elle. Mais au Liban, pas moyen de trouver une flûte de Pan. Lors d’un voyage en France, en 1994, elle entre en contact avec Patrick Kersalé, professeur de flûte de Pan. «Je souhaitais suivre son cours mais comme je quittais la France une semaine plus tard, c’était impossible», raconte-t-elle. Il lui donne tout de même des méthodes et des exercices à faire, pour un an. De retour au Liban, elle enregistre ses exercices et les lui envoie, étape par étape. Au bout de trois mois, Kersalé l’invite à venir suivre un stage en France, stage auquel participaient des jeunes de différents pays. Elle y va, puis prolonge son séjour de… sept mois, pour se perfectionner. Elle travaille également avec un autre professeur, Sergi Margan. Maguy Abillamaa regrette d’être la seule musicienne au Liban à jouer de cet instrument millénaire, presque magique. «Ici, les jeunes choisissent surtout l’orgue et la guitare», note-t-elle. Elle rencontre Mozart Chahine qui l’encourage à tenter le quart de ton. Ce n’est pas facile, mais elle y parvient. Aujourd’hui, en plus des compositions pour flûte de Pan, elle joue des mélodies orientales, des «feyrouziyyâte», des musiques du folklore libanais… C’est également grâce à Mozart Chahine qu’un premier C.D. de flûte de Pan sortira dans une quinzaine de jours. Maguy Abillamaa y est accompagnée par Imad Morkos (kanoun), Kamal Morkos (accordéon/oud) et Bassam Accaoui (percussion). «Ce sera le premier disque de flûte de Pan où le soliste est une femme», note-t-elle. Grande sensibilité Les concerts de Maguy Abillamaa sont plutôt des spectacles, avec scénographie. «J’aime qu’il y ait toujours une histoire», affirme-t-elle. Romantique, poétique de préférence. D’ailleurs elle collabore souvent avec des poètes, notamment Sami Makarem et May Mansour. La grotte de Jeita reste le lieu où elle préfère se produire. «Je suis ravie et reconnaissante à Nabil Haddad d’encourager les manifestations artistiques dans cet endroit unique», insiste-t-elle. C’est en coulant de la cire dans les chalumeaux de la flûte de Pan que l’on contrôle les tons. «Chose qui n’est pas très pratique lorsqu’en une même soirée on veut passer de l’occidental à l’oriental par exemple», fait remarquer Maguy Abillamaa. Côté entretien, l’instrument se nettoie à l’huile d’olive. «J’enduis également la partie où je pose mes lèvres de poudre, mais cela ne m’empêche pas de me blesser lorsque je joue trop longtemps». On dit que la nuit porte conseil, et la musicienne, qui a déjà donné plusieurs soirées en solo, ne s’exerce que la nuit, à partir de minuit. «C’est un instrument très sensible auquel je ne peux pas mentir. Malgré moi, je lui communique la moindre de mes indispositions. Si je ne suis pas en forme, la flûte refuse de bien jouer». Devant le public, elle ferme presque toujours les yeux en jouant, «pour ne pas me déconcentrer, pour bien rentrer dans le monde de la musique». Un monde qui lui paraît bien plus beau que le nôtre. Elle a bien raison !
Maguy Abillamaa, 35 ans, est l’unique flûtiste de Pan au Liban. Et la première à avoir réussi à «orientaliser», en quelque sorte, cet instrument, en en sortant des quarts de ton. Depuis 1997, le public libanais rencontre cette musicienne assez régulièrement, à l’occasion de soirées privées, musicales et poétiques, notamment dans le cadre féérique de la grotte de...