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Actualités - CHRONOLOGIES

MEDITERRANEO - Rom Bakhtalé et Abdel Karim Chaar ce soir à 21h sur la jetée du vieux port - Vous avez dit « Nawar » ?

De la musique tzigane, de la vraie. Celle qui fait pleurer et rire à la fois. Celle des «gens du voyage», des «nawar» comme ils sont appelés en arabe, avec, bien souvent, une nuance de mépris. Le festival Mediterraneo a voulu leur donner une place de choix en leur offrant sa scène au ras de l’eau pour trois soirs, dont le dernier est ce soir à 21 h. Les Roms sont de tous les pays d’Europe, et ceux invités à Byblos, les Rom Bakhtalé (à traduire par «les Gitans de la chance»), viennent de Roumanie. Incroyables musiciens, qu’ils soient violonistes (Barnatea Damian, dit Marian, et Ionescu Nicolae), clarinettiste (Bibescu Mielu), joueur de cymbalum (instrument proche du xylophone et interprété par Nicolae Leonard), accordéoniste (Paun Nicolae) ou contrebassiste (Munteaunu Marius), ils donnent d’emblée le ton : chaussures impeccablement cirées, gilet de rigueur porté sur une chemise ou un complet, chapeau ou béret, les Rom Bakhtalé, venus raconter leur histoire de tziganes, sont indomptables, ou presque. Avant qu’Abdel Karim Chaar les rejoigne, ils interprètent avec émotion leur hymne rom, qui parle d’exil et de retrouvailles, ce dont leur existence est faite. Curiosité du pavillon Les indomptables, qui jouent d’instinct et quand ça leur chante, ceux à qui il est impossible de donner une direction, ont élargi leur cercle et calmé leurs instruments pour le chanteur arabe, connu pour ses prières interprétées, à partir d’une mosquée à l’occasion du ramadan. Abdel Karim Chaar, à la voix inspirée, a su tirer le meilleur des Roms qui le lui ont bien rendu. Une admiration mutuelle évidente, ajoutée à deux mois de répétition en studio avec Michel Éléftériadés, a fait de ce concert une réussite, même s’il n’a pas drainé les foules : Abdel Karim Chaar n’a pas encore la notoriété d’un Wadih el-Safi ou d’un Amro Diab, et les Rom Bakhtalé sont, pour la majorité, forcément assimilés aux «nawar». Pourtant, dans ce cadre féérique, où la scène est un complément de beauté à la jetée du vieux port, où le seul fait d’être face à la mer est une chance et où la musique et la voix couvrent à peine le bruit de l’eau, il n’y a qu’à se laisser aller. Un peu de curiosité du pavillon ne fait de mal à personne, surtout quand une voix arabe pure interprète des classiques de Sayyed Darwiche, accompagnée par un accordéon qui se tord, une clarinette qui s’époumone, un ou deux violons qui frétillent et une danseuse gitane qui fait tourner ses châles. De vieux cousins se sont retrouvés à Byblos, les Roms et les Arabes (des joueurs de bouzok et de darbouka et une exceptionnelle «ghajariyyé» de Syrie font aussi partie de la fête), un pied dans leur tradition et l’autre dans un territoire peu connu. Les seuls qui se sont cassé la figure sont ceux qui ricanaient en écoutant une musique qu’ils n’avaient pas envie d’entendre. On ne m’y reprendra pas de sitôt à traiter un idiot de «nawar». Ce serait lui faire un trop grand compliment.
De la musique tzigane, de la vraie. Celle qui fait pleurer et rire à la fois. Celle des «gens du voyage», des «nawar» comme ils sont appelés en arabe, avec, bien souvent, une nuance de mépris. Le festival Mediterraneo a voulu leur donner une place de choix en leur offrant sa scène au ras de l’eau pour trois soirs, dont le dernier est ce soir à 21 h. Les Roms sont de tous...