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Actualités - ANALYSES

Tout le monde se réclame de la priorité économique - Période grise, pour sortir du rouge

Un cri unanime : la récession économique frise la catastrophe et nécessite d’urgence l’unification des rangs internes. Politiques en premier. Mais il n’est pas facile de gommer les séquelles des récentes secousses. Et si les initiatives de dialogue ouvert se multiplient, il est normal que la méfiance continue à sous-tendre les rapports… de force. Aussi, cette fin de semaine peut être vue, sur le plan pictural, comme une phase grise, où le noir et le blanc se mélangent. Dans l’espoir et l’attente de sortir du rouge sur le plan économique. Mais également sur le plan institutionnel. Car si le gouvernement doit gouverner, la Chambre légiférer et la justice se prononcer à tête reposée, il est indispensable de procéder à une vraie lessive du linge sale. De préférence en famille, sans participation du voisinage pour bien intentionné qu’il paraisse. Et sans que les rencontres tous azimuts soient de pures opérations manœuvrières, de la poudre jetée aux yeux du vis-à-vis comme de l’opinion publique. Or, les premières approches de retrouvailles ont débouché, de l’avis et de l’aveu des deux camps en présence, sur ce peu réjouissant constat : il n’y a pas moyen de traiter le fond même du problème. C’est-à-dire les failles profondes du système en place. Car il faudrait courir après un nouveau Taëf, élaborer une nouvelle Constitution. Pour résoudre, dans le carrousel infernal des conflits d’intérêts, la quadrature du cercle. Vicieux. Sans compter que les circonstances dites régionales, et les décideurs, ne permettent pas trop la mise en place d’une réforme authentique faisant du Liban un État à part. À part entière. On s’achemine donc, au mieux, vers un compromis a minima. Basé sur le bazar suivant : pas de récidive du coup de force ; mais pas de poursuites, ou de suites politiques, contre les coupables, instigateurs compris. Le tope-là, attendu pour le retour de M. Hariri, devrait assurer la restabilisation politico-sécuritaire de la scène locale. Jusqu’au sommet de la francophonie. Pour qu’il puisse se tenir. Il se confirme donc que les simili-réconciliations en cours ne sont qu’un replâtrage de fortune. Une embarcation de bric et de broc, genre radeau. De la Méduse, bougonnent en catimini les oiseaux de mauvais augure, qui sont légion dans tous les milieux. Et qui soulignent en chœur un risque occulté par le combat des chefs : les fortes discordes entre les ministres. Dont plus d’un peut être tenté, à tout moment, de claquer la porte, pour faire sauter le cabinet. Malgré l’interdit des décideurs. Qui ne concerne évidemment pas, ou très peu, les non-carriéristes que compte le gouvernement. Du côté de M. Walid Joumblatt, où l’on est accoutumé à une certaine transparence, on reconnaît volontiers que «si l’orage semble maintenant passé, la grisaille continue à dominer et la visibilité reste mauvaise. Certes, l’escalade semble exclue. Mais la tension peut prendre des formes larvées plutôt redoutables, qui en feraient une bombe à retardement. Cependant, indiquent ces sources, il a été formellement notifié à tous (entendre par Damas) que l’heure n’est pas à la plaisanterie. Les heurts doivent cesser, les crocs-en-jambe et les manœuvres sournoises aussi. Le jeu va donc se calmer. En surface seulement, comme l’eau d’un lac après la tempête. Car les tréfonds restent fortement agités. Les formules proposées par les uns ou les autres ne convainquent ni les autres ni les uns». En ce qui concerne M. Joumblatt lui-même, des membres de son bloc parlementaire répètent après lui que son ouverture présente «n’est pas du tout une médiation entre les pôles du pouvoir. Mais une action d’inspiration nationale, l’intérêt économique du pays passant avant tout. C’est pourquoi, M. Joumblatt convient, comme l’a fait M. Hariri, que pour le moment on peut laisser un peu de côté le dossier politique, pour lourd qu’il reste. Cela, à condition évidemment, que tout le monde consente au gel du conflit. Et à condition aussi, bien sûr, que l’on s’entende sur le moyen de prévenir toute réédition des dérapages. Il faut en effet que le gouvernement puisse se remettre au travail sérieusement, pour traiter la crise économique. C’est le but premier que M. Joumblatt garde à l’esprit et qui oriente toutes ses démarches présentes». Une personnalité retour de Damas confie pour sa part que «les dirigeants syriens souhaitent promouvoir une approche positive de rapprochement entre toutes les parties en conflit au Liban. Ils conseillent vivement que l’on dépasse la phase de l’épreuve de force, que l’on tourne bien vite la page, par toutes les réconciliations personnalisées requises. Comme cela s’est produit entre les ministres Ghazi Aridi, Jean-Louis Cardahi et Élias Murr. Les Syriens pensent en effet, et ils n’ont sans doute pas tort, que des rencontres directes, de franches explications sont encore le meilleur moyen de normaliser le climat politique ambiant. Dans cet esprit, ils estiment que les procès, les sanctions publiques ne peuvent qu’entretenir de néfastes ressentiments. Pour eux, les dossiers doivent être refermés au plus vite. Afin de reprendre, et d’activer, le processus de dialogue qui avait commencé avant les événements». Quant à M. Hariri, on annonce de Sardaigne qu’il n’a nulle intention de se dessaisir ni de ses responsabilités ni de ses prérogatives. Dès son retour, lundi, il va multiplier les réunions de travail consacrées au redressement économique, volet dont il entend garder le contrôle. Et ses partisans accueillent d’un ricanement apitoyé les rumeurs qui voient dans tel ministre de la Békaa-Ouest ou dans tel magistrat debout le chef d’un nouveau gouvernement panaché, à coloration militariste. D’ailleurs, ce semblant de projet se trouve critiqué par des loyalistes proches de Baabda. Qui reconnaissent qu’à cause de la pression économique, et de la livre, il n’existe pas pour l’heure de substitut à M. Hariri. Le chef du gouvernement paraît donc pour le moment tout aussi inamovible que les deux autres présidents. Une cohabitation forcée, sinon imposée, que l’opinion souhaiterait voir gérer dans l’entente. Plutôt que dans les coups de tête. Ou de force.
Un cri unanime : la récession économique frise la catastrophe et nécessite d’urgence l’unification des rangs internes. Politiques en premier. Mais il n’est pas facile de gommer les séquelles des récentes secousses. Et si les initiatives de dialogue ouvert se multiplient, il est normal que la méfiance continue à sous-tendre les rapports… de force. Aussi, cette fin de...