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Actualités - CHRONOLOGIES

ÉCHOS DES FESTIVALS - Les stars sous le signe de la discrétion - Aux orties, strass, paillettes, lubies et foucades

Chaque été, c’est un défilé ininterrompu de vedettes «respectables» ou extravagantes. Cette année, leur visite est placée sous le signe de la discrétion et de la modestie. Leur seule exigence est la perfection technique. Rien à voir avec les stars qui ont défilé les années précédentes, semant lubies, bizarreries et foucades : on se rappelle Boy George qui exigeait dans les restaurants d’être placé le plus loin possible des «carnivores» (ceux qui mangent de la viande) ; Bobby Farell insomniaque qui passait ses nuits en habit de scène à chanter dans le hall de son hôtel au grand dam des clients ; Shirley Bassey qui réclamait caviar, saumon, et Dom Pérignon pour le petit déjeuner ; Demis Roussos qui se déplaçait précédé de deux motards et entouré de body-guards ; Montserrat Caballé qui tard dans la soirée lance son dévolu sur une chambre occupée déjà par un client, et mieux encore exige la veille de son récital l’installation sur scène d’une loge et d’un WC. Sans oublier les frasques nocturnes des Espagnols (Antonio Canalès ou Joaqim Cortès). Mais retournons au présent : la visite d’Elton John, de Sting, de Paco de Lucia, de Jean-Claude Casadesus, de Grace Bumbry, des chœurs et des danseurs du ballet de l’Opéra de Paris, de Kudsi Erguner, de Myriam Makéba, d’Albita, de Faudel roi du raï qui a passé presque inaperçu … Un célèbre modèle comme chauffeur Un avion privé a été affrété pour Sir Elton John. Dans le contrat il est demandé un hélicoptère pour le transporter de l’AIB au Chouf. C’est finalement dans une limousine qu’il a fait le trajet jusqu’au Chouf, conduite néanmoins par son chauffeur, arrivé la veille pour s’exercer aux routes libanaises. Ce chauffeur n’étant autre qu’un célèbre modèle de Gianni Versace qui avait troqué, pour un jour, ses habits de podium pour une casquette de conducteur. Contrairement aux rumeurs qui le voulaient dormant à Chypre, le rocket man a passé la nuit à l’hôtel Mir Amine. Un chef cuisinier et une équipe de serveurs ont été mis à sa disposition 24 heures sur 24. À cette occasion, la suite impériale a été décorée par MM. Jean-Louis Mainguy et Bassam Daher : pièces d’antiquités (buste d’Apollon en marbre, colonnes en pierres semi-précieuses, mercure en bronze), tapis anciens à gogo. Paula Acra a signé les arrangements floraux. Seule exigence du roi de la pop : un bureau équipé de toutes les technologies de communication installé à proximité de sa loge. Sir Elton n’était pas en territoire inconnu au Liban. Il a retrouvé ses amis Rafi et Joe Manoukian qui ont débarqué une heure avant lui à l’AIB. Mais aussi, Mme Safa Saïdi avec qui il avait dîné un mois plus tôt à Londres. Le ministre salve le chef Oublié les gestes empesés et les habitudes guindées des grands du Sérail. Lorsque la baguette de Jean-Claude Casadesus - qui dirigeait l’orchestre de Lille dans le Requiem de Verdi - fait son vol plané et tombe aux pieds des VIP installés à la première rangée, c’est le ministre réformateur M. Fouad el-Saad qui s’incline devant la magie de la baguette et la ramasse. «Pour découvrir un pays, il faut visiter son musée» dit Simon Estès (basse). Il sera suivi par tous les musiciens de Lille et le Choeur de l’opéra de Paris. Au programme également : Byblos et la grotte de Jeïta. Invités à un cocktail par l’ambassadeur de France, les 200 musiciens et choristes ont investi la Résidence des Pins. Éparpillés en petits groupes, ils ont exploré la «maison de France» dans ses coins et recoins. Au grand dam des agents de sécurité qui ne savaient plus où donner de la tête. M. et Mme Yvan Renar, vice-président du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais (il est aussi le président de l’Orchestre national de Lille), Jean-Claude Casadesus et Jacqueline Brochen (administrateur) ont retrouvé une grande amie au Liban, Mme Leila Ziadé. Durant une semaine, l’épouse de l’ancien député du Kesrouan était à leurs petits soins : leur faire découvrir un certain Beyrouth, en prenant un café bien corsé à Rawda (Raouché) ; visite du palais de Lady Cochrane ; du Musée national ; du centre ville. Une journée pour se baigner dans la mer de Tyr. Flânerie dans les ruines de Byblos suivie d’un dîner sur le port. Dimanche dans le Kesrouan, fief de la famille Ziadé. La veille, le groupe a visité les ruines de Baalbeck devant lesquelles Jean-Claude Casadesus a longuement médité avant d’aller siroter une limonade chez Nayla de Freige, à «Horsh sneid». Le soir, le groupe a assisté au grand spectacle, Clavigo. Donna Andrée Daouk. Le ministre de la Culture l’a nommée chef de protocole l’espace de la soirée Verdi, placée sous le signe de la francophonie. Zéro faute pour Mme Daouk qui a su installer une pléthore d’ambassadeurs, d’officiels marocains et de dirigeants libanais, mais aussi Mme Andrée Lahoud, sans aucune anicroche. «Peut-on y croire ? Arthur Oldman est sourd !», s’est écriée Mme Nora Joumblatt. Voulant lui faire la conversation, à sa descente d’avion, elle réalise que le chef du Chœur de l’opéra de Paris répondait toujours à côté de la question. Le lendemain, il se plaindra d’un malaise à l’oreille. Transporté d’urgence à l’Hôpital américain de Beyrouth (AUH) M. Oldman avait tout simplement du wax dans l’oreille. Sting, le champion Elle a assisté à tous les spectacles du festival de Baalbeck. Elle arrivait avec sa rose enrobée dans du cellophane. Elle a 12 ans. Elle s’appelle Zeinab. C’est la fille d’un fleuriste qui allait offrir, à la fin de chaque performance, sa fleur à la vedette. Sous le soleil de plomb de Baalbeck, le groupe de Carmina Burana offrait lors des répétitions une image insolite : Keffiehs, casquettes et parasols multicolores tournoyaient comme des toupies sur fond de ruines romaines. En faisant du shopping chez l’Artisanat, Albita la Cubaine voit, à la caisse, une collection de papier monnaie internationale mise sous verre, mais pas celui de Cuba. Elle offre un billet datant de l’époque de Batista. «Baalbeck est le plus bel endroit au monde», s’est exclamé Sting émerveillé devant Héliopolis. Le fondateur du groupe Police a ébloui ses fans mais aussi les fanatiques du Backgammon qu’il a battu à plate couture. «C’est un champion», rapporte Nagi Baz qui ajoute que Sting l’a appelé déjà quatre fois depuis son départ de Beyrouth. Lors de ses ballades dans la capitale libanaise, le rocker n’a pas lâché son appareil photo. Il a eu le coup de foudre pour le pays et ses habitants. La réciproque est vraie. Là où il apparaissait, comme un certain soir au Circus, c’etait le délire. Paco de Lucia a été très ému par l’accueil qui lui a été réservé au Liban, un pays qu’il a beaucoup aimé. Il aurait dit : «Vous avez raison de lutter pour le garder. Ne baissez pas les bras». Les estivants de Zahlé ont vécu de grandes heures. Avec Sting, Paco di Lucia, le corps de ballet de l’opéra de Paris, et la troupe de Carmina Burana, l’espace d’un festival l’hôtel Kadri est devenu une boîte de Pandore… L’ambiance était des plus folles raconte-t-on. La diva incognito Pour la première fois depuis la création de Notre-Dame de Paris, Richard Cocciante (compositeur de la musique) a pris le micro pour chanter Belle. C’était à la soirée inaugurale. La première fois également que Notre-Dame se produit en plein air. Ce qui a fait dire au producteur : «Une belle expérience que je n’hésiterai pas à renouveler de par le monde». Dimanche 12 août, sur la terrasse du palais de Beiteddine, Feyrouz a assisté, en incognito, au spectacle de Notre-Dame de Paris. Toujours Feyrouz. Assise au sol entre le piano de Ziad et la flûte traversière de Keren. La diva répète l’une des dernières chansons du répertoire de son concert. Une image peu conforme à l’idée que l’on se fait d’elle. Détendue bien plus qu’à l’accoutumée, Feyrouz confie : «En entrant en scène, je fais abstraction de tout ce qui m’entoure. Je ne réagis plus qu’à la musique. Je vis chaque chanson comme une véritable catharsis, comme un rôle intense pour lequel je n’ai que quelques minutes pour en interpréter l’essence et passer la rampe». Feyrouz n’a pu retenir ses larmes après l’extraordinaire ovation du public qui était tout simplement… déchaîné. Il s’en est pris à la frise de scène pour lancer toutes les fleurs qui sont tombées comme une pluie de roses blanches autour de la diva. Ziad devait quitter quant à lui la scène précipitamment après avoir reçu un bouquet de ces mêmes fleurs sur la tête. Mais ce soir-là, sur les 5 000 spectateurs quelques centaines étaient fâchés. Mécontents. Parce que les grands écrans de transmission simultanée ont été démontés. Feyrouz explique : «Une image, même retransmise instantanément, n’est jamais qu’une image. Je préfère que le public se concentre sur l’émotion que dégage la scène et la musique». L’autre côté de la rampe Recette expérimentée à Baalbeck et à Beiteddine. Rouler dans une Mercédès noire rutilante conduite par un chauffeur ; le nez au vent, comme humant une mauvaise odeur, ignorer superbement les gars qui se penchent sur les vitres fumées pour repérer »la» personnalité… Des signes extérieurs qui vous garantiront la considération des agents de FSI et vous ouvriront le passage réservé aux «Very Important Persons». À en user la saison prochaine ! De l’autre côté de la rampe, un public redoutable fait toujours sensation. Ils arrivent en groupe, par grappe de deux, trois ou quatre, après le lever du rideau. Pour intégrer leur place, ils dérangent tout l’auditoire. Et si le placeur a le culot de leur demander d’attendre le moment des ovations ou l’entracte, c’est la colère qui éclate. Elle fait des vagues (du bruit). Le placeur, confondu devant tant de vacuité, prend ses jambes à son cou. Enfer et damnation. Quand une certaine génération décide de chahuter en plein concert, elle libère tout un paquet de c… Elle n’en finit plus de jacasser, de «craquer» ses chips, de siroter son vin jusqu’à se soûler la gueule. Furieux, un voisin demande un peu de tenue. En réponse, il reçoit le contenu d’un verre à la figure ! L’arrosé devient arroseur.
Chaque été, c’est un défilé ininterrompu de vedettes «respectables» ou extravagantes. Cette année, leur visite est placée sous le signe de la discrétion et de la modestie. Leur seule exigence est la perfection technique. Rien à voir avec les stars qui ont défilé les années précédentes, semant lubies, bizarreries et foucades : on se rappelle Boy George qui exigeait dans...