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Actualités - CHRONOLOGIES

correspondance - Williamsburg : En permanence on « joue » à vivre le XVIIIe siècle - américain - - -

On ne s’y déplace qu’en calèche dans cette ville qui résonne des mille bruits provenant de chez le maréchal-ferrant fixant le fer d’un cheval, de chez le charpentier sciant son bois, de chez le cordonnier martelant une semelle, de chez le boulanger roulant sa pâte et la faisant cuire dans un four à bois, de chez des habitants s’occupant de leur jardin et de chez moult artisans confectionnant des selles et autres objets du quotidien. De la rue s’élève un brouhaha où l’on perçoit qu’il est question de taxes imposées par les Britanniques et du désir de se libérer de la mère-patrie… Ce n’est pas du cinéma, ni une représentation d’un spectacle donné sur des tréteaux. On est dans une véritable ville nommée Williamsburg (à 320 km de Washington), qui, à longueur d’année, vit, nuit et jour, à l’heure du XVIIIe siècle américain. Une sorte de ville-théâtre, en représentation perpétuelle, tissant sans répit le tissu social d’un passé pas si lointain pour offrir une leçon d’histoire vivante. Une restauration due à JD Rockfeller Jr Plus qu’une reconstitution c’est là une revivification d’une page d’histoire. L’idée en revient au révérend, W.A.R. Goodwin qui, en 1903, avait été nommé recteur d’une paroisse de Williamsburg et qui avait été sensible à la mémoire de ce lieu. En effet, de 1699 à 1780, cette ville était la capitale de la Virginie. Ici, le futur président américain Thomas Jefferson y avait fait ses études de droit. C’est ici aussi que Georges Washington, Patrick Henry et d’autres leaders américains ont cogité leur libération du joug de la Grande-Bretagne et la proclamation de l’Indépendance. En 1870, après le choix de Richmond comme capitale de la Virginie, Williamsburg était déclin. Pour lui redonner son éclat, le révérend Goodwin s’était rendu à une bonne adresse : le philanthrope John D. Rockefeller Jr. Celui-ci a de suite été convaincu par ce projet car il pensait ferme que «le futur a beaucoup à apprendre du passé». Il entreprit alors, sur une très grande échelle, la restauration de la capitale coloniale. Une armée d’architectes, d’archéologues, d’historiens ont commencé par étudier une masse considérable de documents. Ils avaient retrouvé des fondations, d’anciens murs, des caves, des fragments de marbre, de briques, de tuiles, de quincaillerie ,etc. À partir de là, ils ont refait la ville presque comme elle était. L’originale était quand même un peu moins policée et plus poussiéreuse. Henry Pharaon : « Idem pour Baalbeck » Une fois l’extérieur remis sur place tel que dans les années 1800, on a entrepris de lui insuffler la même vie qu’en ces temps-là. On l’a peuplée d’un millier de citoyens contemporains qui ont pour mission de couler des jours à la manière de leurs ancêtres. Il s’agit là d’excellents acteurs entrant parfaitement dans la peau de leurs personnages. Aujourd’hui donc les visiteurs de ce que l’on appelle «Colonial Williamsburg» ne rencontrent là que des habitants en tenue d’époque, vaquant aux occupations d’autrefois, se nourrissant comme au bon vieux temps, ne parlant et ne discutant que des «problèmes de l’heure» de jadis. Chacun décline son identité («je suis un tel ou une telle…») et vous raconte ses histoires et celles des autres, y compris les potins et les scandales. Avec un peu de chance, on peut croiser Thomas Jefferson, Martha Washington et d’autres célébrités. Et aussi des esclaves et des soldats pensant déjà «Union» et «Sécession». Au palais de justice, on assiste à des procès ayant trait à des affaires litigieuses propres à cette période. Tout cela en ayant soin de laisser sa voiture, son bus ou sa roulotte hors de l’enceinte de la ville, où la voiture à cheval est le seul moyen de locomotion. Et pour se sustenter et se désaltérer, il n’y a qu’à répondre à l’invitation des auberges et des tavernes qui n’ont bien sûr rien du fast-food. Les menus sont composés de plats que l’on prenait le temps de mitonner. Et l’on n’oubliera pas d’envoyer une carte postale affranchie avec un timbre du XVIIIe siècle. Détail qui a son importance. Dans les années 40, Henri Pharaon avait suggéré que l’on déterre l’ancienne ville de Baalbeck pour la reconstituer et l’animer. Il avait entendu parler du projet de John Rockfeller Jr. Comme on s’en doute, cette proposition fut alors perçue comme émanant d’un pur rêveur. À l’époque, le budget d’une telle réalisation avait été estimé à 40 millions de livres libanaises, soit environ 9 millions de dollars. On imagine combien on devrait débourser aujourd’hui pour pareille restauration.
On ne s’y déplace qu’en calèche dans cette ville qui résonne des mille bruits provenant de chez le maréchal-ferrant fixant le fer d’un cheval, de chez le charpentier sciant son bois, de chez le cordonnier martelant une semelle, de chez le boulanger roulant sa pâte et la faisant cuire dans un four à bois, de chez des habitants s’occupant de leur jardin et de chez moult...