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Actualités - REPORTAGES

Salamé : « Transmettre la culture aux jeunes »

L’Union maronite du Canada est un organisme canadien à but non lucratif et à vocation principalement socioculturelle. Il a été fondé le 22 novembre 1982. L’un de ses principaux objectifs est la charité : l’Union a envoyé des conteneurs de médicaments durant la guerre. Avec l’évolution de la situation, l’Union maronite met l’accent sur d’autres genres d’activités. «L’un des principaux soucis de l’Union maronite aujourd’hui est de perpétuer la culture maronite parmi les émigrés du Canada», explique Alexandre Salamé, président de l’Union. Et la politique ? «Ça dépend de la définition qu’on donne à ce terme. Nous ne sommes pas impliqués dans la politique partisane. Par contre, nous défendons les objectifs nationaux et les intérêts de la communauté maronite au Canada». Se situent-ils dans la lignée de Bkerké ? «Nous avons le plus grand respect pour le patriarche maronite Nasrallah Sfeir et nous appuyons tout ce qui va dans le sens de la sauvegarde du Liban», dit-il. L’Union maronite compte près de trois cents membres aujourd’hui. «Notre but est de doubler le nombre de nos adhérents d’ici à dix-huit mois, souligne M. Salamé. Nous sommes bien connus non seulement au sein de la communauté maronite, mais aussi dans la société canadienne en général». En l’absence de recensements sur les Libanais au Canada, M. Salamé estime leur nombre à 80 000, dont 25 000 à 30 000 au Québec. Il qualifie d’excellentes les relations avec les Libanais des autres confessions : «Tous les Libanais sont présents à nos activités, chrétiens et musulmans. Nous avons contribué également dans la création du congrès libano-canadien, qui regroupe, outre l’Union maronite, l’Association chiite, l’Association sunnite, l’Association druze du Québec et le Regroupement grec-orthodoxe. C’est une fédération au sein de laquelle chaque association garde sur entière indépendance et continue à œuvrer selon ses propres principes». Pour ce qui est de l’action sociale, l’Union devrait concentrer ses efforts sur des bourses scolaires destinées à des élèves du Liban, selon un plan qu’elle a récemment établi après la réélection de son conseil. «Cette année, nous devrions parrainer 20 à 25 élèves, explique-t-il. Je repars maintenant avec plusieurs demandes et notre choix se fera selon les critères que nous avons adoptés. Notre idée : aider le peuple qui reste au Liban à s’imposer, non pas par le nombre puisqu’il ne le peut plus, mais du moins par l’éducation». Quels sont ces critères ? «Il faut que les parents soient dans l’incapacité de payer les scolarités, répond M. Salamé. Il faut aussi que l’enfant ait réussi en classe. Le dossier devrait se finaliser d’ici à septembre. Le paiement se fait directement aux écoles». La collecte de fonds s’effectue par des dons, une activité encouragée par la politique du gouvernement canadien qui accorde des crédits d’impôts. «Nous n’avons aucune discrimination dans notre aide, ce qui veut dire que les parrainages peuvent aller aux non-maronites, précise-t-il. Nous organisons aussi deux à trois événements mondains par an. Toutefois, vu que notre principal intérêt se concentrera sur l’éducation, nous devrons nous orienter bientôt vers la collecte de fonds directe auprès des entreprises canadiennes dirigées par des Libanais». Du point de vue culturel, l’Union organise des expositions, des pièces de théâtre, des soirées animées par des artistes libanais par exemple ou alors des soirées traditionnelles libanaises. Elle a aussi des publications qui sont envoyées à ses membres. Pourquoi pas une fédération ? Pour ce qui est du projet de renforcement de la coopération entre les organisations maronites dans le monde, M. Salamé déclare que la position de l’Union a toujours été en faveur d’une fédération, et qu’elle en a appuyé l’idée lors d’une réunion à Rome à l’occasion du jubilé de l’an 2000. En marge de la canonisation de sainte Rafqa à Rome, en mai dernier, la Ligue maronite a proposé son projet, développant cette idée première. «Un comité de suivi a alors été formé», précise-t-il. Selon M. Salamé, le projet proposé à l’origine par son Union consistait à créer une fédération des ligues maronites dans le monde. «Chaque ligue peut garder son indépendance, explique-t-il. Toutefois, sur le plan libanais, quand une action commune est nécessaire, la fédération décide de la marche à suivre. Notamment en politique». Et le projet final ? «Nous n’avons pas encore atteint ce stade, dit-il. La fédération ne devrait pas être formée, mais il y a eu consensus au sein du comité autour du développement de l’idée première et de certains principes». Lesquels ? «Il faut insister sur l’appartenance à l’Église syriaque d’Antioche et à un monde arabe avec lequel il est souhaitable d’entretenir une interaction positive, nous l’espérons. Bkerké est notre référence en matière de maronitisme. Enfin, le Liban ne se limite pas à ses résidents mais doit tenir compte de ses émigrés». Les émigrés, justement. M. Salamé revendique pour eux la citoyenneté libanaise. Se sentent-ils abandonnés par leur mère-patrie ? «Les émigrés des premières heures ont perdu leur citoyenneté», confirme-t-il. «D’autre part, ils ont souvent l’impression que le Liban ne s’intéresse à eux que dans la mesure où ils sont des pourvoyeurs de fonds. Or ils ont toujours soutenu l’économie du pays et aident à prevenir aujourd’hui une catastrophe sociale. Malgré cela, ils n’arrivent pas à communiquer avec leur patrie. L’émigration est restée désorganisée et aucun effort sérieux n’a été entrepris pour remédier à cela». Pourquoi ces divisions ? Selon lui, «le Liban est en train d’exporter ses problèmes à ses colonies». Pourquoi n’essayent-ils pas de surmonter ces problèmes ? «Nous l’avons fait au Canada, nous travaillons en parfaite harmonie depuis quatre ans, soutient-il. Nous sommes intervenus ensemble en faveur du Liban à l’issue des bombardements israéliens des stations électriques. Quant aux questions qui peuvent nous diviser, nous les ignorons tout simplement». Comment décrit-il les relations de l’Union maronite du Canada avec le gouvernement libanais ? «Nous suivons un seul principe : nous traitons avec le Liban, pas avec les différents gouvernements qui se succèdent, explique M. Salamé. Nous ne boycottons pas le Liban officiel, quoi qu’il arrive, parce que c’est lui qui représente le pays dans la communauté internationale. Nous tentons de ne jamais prendre position dans la politique intérieure libanaise. Nous gardons de très bonnes relations avec le ministère des Affaires étrangères sans que cela ne nous pousse à changer de position sur les questions nationales».
L’Union maronite du Canada est un organisme canadien à but non lucratif et à vocation principalement socioculturelle. Il a été fondé le 22 novembre 1982. L’un de ses principaux objectifs est la charité : l’Union a envoyé des conteneurs de médicaments durant la guerre. Avec l’évolution de la situation, l’Union maronite met l’accent sur d’autres genres...