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Actualités - COMMUNICATIONS ET DECLARATIONS

Parlement - Tollé contre l’exploitation du stock de lingots - Berry : Pas question de toucher aux réserves en or

«Il n’est pas question de toucher aux réserves en or» : place de l’Étoile, on ne veut même pas envisager une telle éventualité dont le timing et les motivations sont considérées comme étant louches alors que dans les milieux financiers on se dit plutôt favorables à une exploitation des avoirs en or de la BDL considéré comme une source de revenus. Le débat est lancé de nouveau à la faveur d’une information de presse selon laquelle un groupe de quinze députés entend soumettre à la Chambre une proposition de loi abrogeant la loi de 1986 – qui interdit strictement à la Banque centrale de disposer de ses réserves en or sans le feu vert du Parlement – pour que la BDL puisse rentabiliser son stock de métal jaune, sans le vendre bien sûr. Sans un amendement de la loi de 86, la Banque centrale ne peut pas disposer librement de ses réserves en or. Mais le chef du Parlement Nabih Berry ne veut rien entendre. Devant les députés qu’il a reçus hier, M. Berry a insisté sur le fait qu’«il n’est pas question d’évoquer même le dossier de l’or». «Il est possible de régler la crise économique en venant à bout des problèmes qui se posent et en se débarrassant des mentalités de toc ( tordues) et non pas des réserves en or», a-t-il ajouté avec humeur. M. Berry critiquait ainsi indirectement le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé qui, cité lundi par le quotidien as-Safir, se prononçait en faveur de l’amendement de la loi de 86, affirmant que l’or est «la propriété de la BDL» et qu’il est aujourd’hui «paralysé, comme s’il s’agissait de toc». Le chef du Parlement a aussi catégoriquement démenti les informations concernant une proposition de loi allant dans le sens d’un amendement ou d’une abrogation de cette loi. De sources parlementaires, on a indiqué que M. Berry s’est empressé de prendre contact avec le chef du gouvernement dès qu’il a pris connaissance d’une tentative de débloquer le stock de lingots de la BDL. Mais M. Hariri qui se trouve toujours à Paris a affirmé ne pas être au courant de cette affaire. «Effondrement économique et financier» Pendant ce temps, de nombreux parlementaires exprimaient à tour de rôle une opposition farouche à toute exploitation des réserves en or. Leurs propos reflétaient une méfiance énorme, somme toute un peu compréhensible si l’on tient compte du contexte de crise dans le pays : le dossier de l’exploitation des réserves en or, suivant un mécanisme qui permet de les rentabiliser sans les vendre, est revenu sur le tapis quelques jours après la publication du – sévère – rapport préliminaire du FMI sur le Liban et la succession de crises à caractère social. De sources parlementaires, on n’a pas d’ailleurs hésité à parler de ballon d’essai ou de crise financière aiguë : les difficultés financières de l’État seraient tellement inextricables que l’exploitation des réserves en or devient indispensable en raison des revenus qu’elle est à même de drainer. C’est l’idée développée d’ailleurs par MM. Jihad Samad et Ali Bazzi, tous deux proches de M. Berry: «Le seul fait d’évoquer cette éventualité est grave, surtout en cette période. Cela signifie que le pays est au bord de la faillite à cause de la crise économique», a déclaré M. Samad. Son collègue a parlé d’«effondrement financier et monétaire» alors que M. Abbas Hachem a évoqué la question du timing de l’ouverture de ce dossier «qui débouchera dans le meilleur des cas à davantage de doutes dans la situation financière du pays» tout en reconnaissant ne pas avoir pris connaissance de la proposition de loi et de ses motifs. Président de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, Mikhaël Daher a situé ladite proposition de loi dans le cadre «de la série de complots qui se trament pour entraver le plan de redressement économique et bloquer les mesures positives adoptées par le gouvernement pour stimuler l’économie nationale». «L’importance de l’or ne réside pas dans sa valeur ou dans les bénéfices que sa vente ou son exploitation peuvent générer mais dans le fait qu’il constitue une garantie psychologique pour la population», a-t-il ajouté. N’est-ce pas le facteur psychologique qui motive essentiellement cet attachement presque obsessionnel au blocage des lingots ? Siniora : « Des moyens pour profiter de l’or » Dans les milieux financiers, c’est à coups de chiffres et en termes de rentabilité qu’on tente de dissiper les craintes politiques. Même le ministre des Finances Fouad Siniora semble favorable à une exploitation des réserves en or, sans les vendre. La position qu’il adopte est toutefois très nuancée, sans doute pour ne pas provoquer une fronde parlementaire. «Il n’est pas question de vendre l’or. Il existe entre le gouvernement et le Parlement un consensus sur ce point», a-t-il dit en insistant sur l’importance de la stabilité de la livre. «Personne n’a d’ailleurs soulevé le dossier du stock de lingots avec le gouvernement et ne lui a soumis de propositions le concernant», a ajouté M. Siniora en faisant toutefois remarquer qu’«il existe plusieurs moyens permettant de tirer des revenus (des lingots) tout en préservant l’or». L’exploitation de ces réserves, selon des indications rapportées dans la presse, rapporterait au Liban des revenus situés dans une fourchette allant de 32 millions de dollars par an à 51 millions de dollars, suivant le genre de placement effectué et les taux d’intérêt pratiqués. M. Siniora n’a pas donné de détails sur les recettes que l’exploitation du stock de lingots pourrait générer. Il a insisté sur la surveillance des cours de l’or, en soulignant que la valeur du métal jaune est aussi bien «psychologique que matérielle», précisant que la Banque du Liban possède 9 500 mille onces d’une valeur approximative de 2 milliards 600 millions de dollars. Il y a lieu de rappeler que cette valeur était nettement plus élevée avant la chute des cours de l’or sur les marchés internationaux. Plus catégorique, M. François Bassile, PDG de la Byblos Bank et ancien président de l’Association des banques, a estimé dans une déclaration à l’agence al-Markaziya que l’État aurait rassemblé près de deux milliards de livres s’il avait exploité ses réserves en or au cours des dix dernières années.
«Il n’est pas question de toucher aux réserves en or» : place de l’Étoile, on ne veut même pas envisager une telle éventualité dont le timing et les motivations sont considérées comme étant louches alors que dans les milieux financiers on se dit plutôt favorables à une exploitation des avoirs en or de la BDL considéré comme une source de revenus. Le débat est lancé...