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Actualités - BIOGRAPHIES

PORTRAIT D’ARTISTE - Pierre Karam, modeleur de pierre - Sculpteur de grands hommes

Dans le jardin de la maison de Pierre Karam à Amchit, Fouad Chéhab, Élias Abou Chabké, Toufic Youssef Awad, Neemtallah el-Hardini, Jean-Paul II sont réunis en assemblée de grands hommes de…pierre. Regards étonnamment expressifs, postures naturelles, n’était-ce leurs dimensions imposantes, on les croirait regroupés en conciliabule. Ces personnages célèbres, immortalisés par le burin de Pierre Karam, ne sont en fait que des prototypes de statues qui trônent dans divers lieux publics du pays. De l’ancien président Fouad Chéhab, confortablement installé – dans son fauteuil – sur la place de Jounieh, au visage – empreint de bonté et crispé de souffrances – du pape Jean-Paul II que l’on peut admirer dans l’enceinte de l’Usek, en passant par le bienheureux Neemtallah el-Hardini à genoux en prière, ou encore le poète Élias Abou-Chabké qui, lui, semble regarder avec nostalgie la maison où il vécut à Zouk Mikhaïl… Tout petit, c’est par le crayon que Pierre Karam essayait de reproduire le monde qui l’entourait. Puis, vers l’âge de 10-11 ans, il s’est attaqué à la matière, la terre glaise plus précisément, pour donner vie aux formes qu’il avait en tête. À 12 ans, il sculpte pour la première fois la pierre. «Un petit “jurn” sur lequel j’avais gravé mon nom». Une expérience qui le convaincra de se destiner à la sculpture. Quelques années plus tard, il obtint une bourse d’études à l’Académie des beaux-arts de Kiev, d’où il revient, sept ans plus tard, avec une solide formation de sculpture classique. Et là, dès 1992, les commandes affluent. Très influencé par l’école soviétique classique et par Ivan Mishterovitch, un artiste yougoslave contemporain de Rodin, et par ce dernier d’ailleurs, Pierre Karam aime sculpter des corps expressifs. Son travail est caractérisé par un modelé d’une grande précision servant une composition puissante et frémissante. Parallèlement aux œuvres de commande : les statues citées ci-dessus, les bustes de Charles Hélou, Maroun Abboud, May Ziadé, du patriarche Youssef Hoayek… ou encore des murales aux effigies de Gibran Khalil Gibran, Charbel Rouhana… Pierre Karam élabore, en pierre libanaise, marbre de Carrare ou bronze, des nus romantiques, des compositions figuratives, lyriques, où la femme règne en idéal absolu de beauté. Le sculpteur, qui avoue une prédilection pour le corps féminin, en donne une image esthétique, d’une grande pureté, ni maternelle ni séductrice. Certains lui reprochent une parfaite maîtrise technique, avec cependant un manque d’imagination. Ce à quoi, il répond qu’une belle œuvre ne tient pas au fait qu’elle soit innovatrice, abstraite ou absolument moderne, mais à son harmonie, à son équilibre, à son esthétique. «La sculpture est à la fois un art très créateur et assez restrictif, affirme Pierre Karam. Ses thèmes ne sont pas aussi larges que ceux de la peinture. Qui offre, elle, une palette infinie de variations autour d’un même sujet. De fait la sculpture, même abstraite, reste plus proche du corps humain, de la réalité humaine et même de l’acte de création. Mais il faut aussi tenir compte de la nature du matériau dans le choix des formes. La pierre est parfaite pour les formes compactes, resserrées, tandis qu’avec le bronze, on peut faire des compositions plus déliées». Mais quel que soit le thème, les formes, les matériaux, la sensibilité reste l’élément déterminant de toute belle création. Et cela ne manque pas dans les œuvres de Pierre Karam, qui vient juste d’ailleurs d’obtenir, à cet effet, le prix Saïd Akl.
Dans le jardin de la maison de Pierre Karam à Amchit, Fouad Chéhab, Élias Abou Chabké, Toufic Youssef Awad, Neemtallah el-Hardini, Jean-Paul II sont réunis en assemblée de grands hommes de…pierre. Regards étonnamment expressifs, postures naturelles, n’était-ce leurs dimensions imposantes, on les croirait regroupés en conciliabule. Ces personnages célèbres, immortalisés par le...