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Actualités - ANALYSES

Israël cherche à mettre l’Onu hors jeu

Prise entre l’enclume israélienne et le marteau hezbollahi, l’Onu se démène comme elle peut aujourd’hui, avec cette affaire de vidéocassette qui la fait accuser de collusion avec la Résistance par les uns, d’espionnage par les autres. Bref, comme dans un bon match de catch, c’est surtout l’arbitre qui prend des coups. Mais dans le fond, c’est Israël qui lance le bouchon le plus loin. En menant une véritable campagne contre la présence même de la Finul, et cela à un petit mois du renouvellement semestriel de cette force de paix internationale. Pourquoi ces coups de boutoir, neuf mois après les faits filmés ? Un ancien ministre, longtemps en charge du palais Bustros, rappelle qu’Israël n’a jamais voulu de ce témoin gênant, vu qu’avant de décamper l’an dernier, l’État hébreu ne reconnaissait pas la 425. Aujourd’hui, les Casques bleus sont chargés de veiller à ce que nul ne transgresse la ligne qui porte leurs couleurs, ce qui ne convient pas non plus à l’État hébreu, toujours enclin à rogner du territoire pour des raisons de sécurité frontalière ou d’usurpation de ressources hydrauliques. De plus, même quand il s’agit de son allié américain, Israël n’apprécie pas que de tierces parties se mêlent des affaires régionales, en limitant sa propre marge de manœuvre. Il prétend donc actuellement que tout compte fait, la Finul est en train de couvrir les opérations du Hezbollah dans la zone litigieuse de Chebaa. Prenant prétexte de la vidéocassette enregistrée par un officier de la force multinationale et que le palais de verre refuse de lui livrer, Tel-Aviv laisse entendre que les Casques bleus étaient parfaitement au courant de ce que le Hezbollah tramait. Et que ce parti a pu de la sorte utiliser de fausses plaques d’immatriculation internationales sur des véhicules camouflés, ainsi que des uniformes de Casques bleus, pour monter une embuscade et capturer trois soldats israéliens. L’ancien ministre rappelle qu’Israël n’a jamais accepté de respecter la Finul, qu’elle avait même bousculée en 1982 pour envahir le Liban jusqu’à Beyrouth. Cependant, dans la phase actuelle, Israël opère un tir groupé contre la présence onusienne dans toute la région. Ainsi, il ne se contente pas de s’en prendre à la Finul, mais exige aussi le retrait du corps d’interposition international installé au Sinaï, face à l’Égypte. Un moyen détourné, indique l’ancien ministre, pour contrer Arafat qui pour sa part réclame l’envoi d’observateurs de l’Onu dans les Territoires pour veiller au respect du cessez-le-feu. Une demande initialement approuvée par Colin Powell, qui a cependant fait machine arrière après avoir relancé les Israéliens. La personnalité citée répète qu’Israël, qui n’est jamais disposé à se soumettre à la légalité ou à l’arbitrage internationaux, cherche à éliminer l’Onu à toutes ses frontières. Dès lors à Beyrouth, des sources diplomatiques soulignent la nécessité de ne pas faire le jeu d’Israël en accablant la Finul de critiques en ce moment précis. Même si l’histoire de la vidéocassette donne lieu à quelques reproches justifiés. Car le départ de la Finul, ou une redéfinition restrictive de sa mission, servirait sans doute les intérêts d’Israël mais certainement pas ceux du Liban.
Prise entre l’enclume israélienne et le marteau hezbollahi, l’Onu se démène comme elle peut aujourd’hui, avec cette affaire de vidéocassette qui la fait accuser de collusion avec la Résistance par les uns, d’espionnage par les autres. Bref, comme dans un bon match de catch, c’est surtout l’arbitre qui prend des coups. Mais dans le fond, c’est Israël qui lance le...