SABRA-CHATILA - Les trois copies du rapport de l’enquête menée en 1982 ont disparu - Nasri Lahoud entreprend la reconstitution du dossier

Les massacres de Sabra et Chatila, perpétrés en 1982, et qui ont fait entre 800 et 2 000 victimes selon différentes sources, sont de nouveau aujourd’hui au centre de l’actualité. D’une part, une plainte a été déposée devant le parquet de Bruxelles par 23 survivants contre le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, qui occupait à cette époque le poste de ministre de la Défense et dont la responsabilité avait été établie en 1982 par une commission d’enquête israélienne. D’autre part, le parquet militaire de Beyrouth a été saisi par Me May Khansa d’une plainte déposée contre Ariel Sharon et Shimon Peres, actuel ministre des Affaires étrangères israélien, pour crimes de guerre commis au Liban. Le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Nasri Lahoud, a entrepris de reconstituer un dossier complet de l’affaire. Il semble pourtant que la pièce maîtresse du dossier ait disparu. En effet, comme le rapporte notre chroniqueur judiciaire, Bahjat Jaber, le rapport établi par le juge Assaad Germanos, qui était en charge de l’enquête, a disparu des archives du tribunal militaire. Il aurait été détruit par un incendie. Interrogé par le commissaire du gouvernement, le magistrat Germanos, aujourd’hui à la retraite, a indiqué qu’il avait également remis une copie du rapport à l’ancien président de la République Amine Gemayel et une autre au directeur des services de renseignements de l’armée à cette époque, le général Johnny Abdo. Le président Gemayel a indiqué à M. Lahoud qu’il avait consigné le rapport que lui avait remis le juge Germanos à la Maison du futur à Naccache où il aurait été soit pillé, soit détruit par l’incendie qui a ravagé cette institution durant les dernières années de guerre. M. Lahoud a également reçu une réponse négative de la part des SR de l’armée qui ont déclaré n’avoir pas trouvé dans leurs archives des traces de ce rapport. Incendie là aussi ? Le commissaire du gouvernement s’est donc retrouvé dans une impasse. La disparition de toutes les copies du rapport l’oblige à entreprendre la reconstitution complète du dossier de l’affaire. Il s’est donc entretenu avec les responsables sécuritaires et a décidé d’interroger les survivants de Sabra et Chatila dans l’espoir de parvenir à déterminer l’identité de la partie responsable des massacres.