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Actualités - CHRONOLOGIES

Diplomatie - Chassé-croisé d’émissaires américain, russe et européen à Beyrouth - Un objectif international commun : empêcher l’escalade

Beyrouth était hier encore le théâtre d’un ballet diplomatique plus impressionnant sans doute dans la forme que sur le fond. De fait, si la présence simultanée dans le pays d’émissaires américain, russe et européen est un événement en soi, en revanche, le discours tenu par les trois diplomates n’apportait pratiquement rien de nouveau par rapport à celui des Nations unies. Le chef du département Moyen-Orient du ministère russe des Affaires étrangères Andrei Vdovine a d’ailleurs rendu compte hier du dénominateur commun qui s’est dégagé de la réunion nocturne ayant groupé jeudi les trois envoyés : «Nous avons examiné la situation dangereuse dans la région et nous sommes convenus de la nécessité de déployer des efforts pour mettre un terme à l’escalade militaire notamment entre Israël d’une part, le Liban et la Syrie d’autre part», a-t-il indiqué à l’issue d’un entretien avec le président Émile Lahoud. Et d’ajouter : «Nous avons estimé que toutes les parties devraient faire preuve de retenue et éviter l’escalade, car ce n’est que par le dialogue et la voie diplomatique que l’on peut parvenir à un règlement global sur la base du principe de l’échange de la paix contre la terre tel qu’adopté à la conférence de Madrid». Mais l’essentiel est que ces concertations se poursuivront. Cette initiative annoncée par M. Vdovine est d’autant plus importante qu’elle témoigne de la volonté des grandes puissances de trouver un règlement conjoint à la crise et de désamorcer en tout cas les risques d’escalade entre le Liban et la Syrie d’une part, et Israël d’autre part. Les trois émissaires ont visité chacun à son tour les présidents de la République, de la Chambre et du Conseil ainsi que le ministre des Affaires étrangères, respectivement, Émile Lahoud, Nabih Berry, Rafic Hariri et Mahmoud Hammoud. Les positions américaine, russe et européenne On peut résumer comme suit les principales positions prises par les représentants des trois puissances à l’occasion de cette journée diplomatique : – Le secrétaire d’État adjoint américain pour le Proche-Orient William Burns a notamment affirmé que «toutes les parties doivent faire preuve d’un maximum de retenue», insistant sur le fait que le Liban et Israël «doivent éviter les violations de la ligne bleue et toute escalade qui rendrait plus difficile une relance du processus de paix». Il a estimé qu’il était «absolument essentiel que nous fassions tous ce que nous pouvons pour que la violence soit minimale et la retenue maximale, et éviter l’escalade». Par ailleurs, M. Burns a déclaré que son gouvernement soutenait les efforts de redressement économique au Liban. À l’issue d’un entretien avec le Premier ministre Rafic Hariri, il a indiqué qu’il avait «réitéré au chef du gouvernement le ferme soutien des États-Unis aux réformes économiques engagées par le Liban et notamment ce qui concerne la privatisation». De même, au terme d’une réunion avec le président de la République, le général Émile Lahoud, il a précisé que «les États-Unis sont déterminés à fournir un réel effort au cours des mois et des années à venir pour soutenir les réformes économiques libanaises». – L’émissaire russe Andrei Vdovine a fait écho aux appels à la retenue de son homologue américain en se prononçant pour une relance des volets syro-israélien et libano-israélien des négociations de paix. Insistant sur la gravité de la situation dans la région, au terme de son entretien avec le chef de l’État, il a souligné l’importance d’un règlement «politique» à la crise. À noter que l’entretien de M. Vdovine prévu pour 11h30 avec le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a été annulé sans que nul (y compris M. Vdovine lui-même ) en connaisse la raison. Des sources politiques citées par l’agence al-Markaziah ont toutefois estimé que l’insistance jeudi de l’envoyé russe à vouloir privilégier la solution diplomatique au problème des fermes de Chebaa, au détriment de l’option militaire, serait à l’origine de cette annulation décidée par le parti islamiste. – Pour sa part, l’émissaire de l’Union européenne pour le Proche-Orient, Miguel Angel Moratinos, a indiqué avoir informé le président Lahoud de «la détermination de l’UE à aider le Liban dans ses efforts de paix et à garantir au maximum que la situation ne se détériorera pas». M. Moratinos a relevé d’autre part que «la communauté internationale agissait pour la première fois main dans la main pour joindre les efforts en vue de la paix». Les réactions libanaises Grosso modo, les dirigeants libanais auraient été plutôt déçus par les contacts diplomatiques d’hier. En effet, selon des sources responsables citées par notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, le discours des émissaires s’est limité à des vœux pieux «en l’absence de moyens concrets en vue de les réaliser». – En substance, le président Lahoud a tenu le discours suivant à ses interlocuteurs américain, russe et européen : Israël ne peut dicter sa politique uniquement parce que l’équilibre des forces militaires est en sa faveur. Dans ce cadre, le Premier ministre Ariel Sharon ne peut imposer au Liban et à la Syrie de jouer le «rôle de gendarme» pour contrôler la Résistance, tout en continuant à ignorer les droits légitimes de ces parties. Le chef de l’État estime ainsi qu’il faut «contenir à tout prix la folie militaire de Sharon susceptible de conduire à une guerre généralisée dans la région». – Le président Berry déplore pour sa part l’aide économique dérisoire des États-Unis au développement du Liban-Sud. Il a préconisé devant l’émissaire américain un retour au comité quadripartite issu des arrangements d’avril 1996 et ce, pour être en mesure d’endiguer la violence dans le secteur. – Le ministre Mahmoud Hammoud a défendu quant à lui «la légitime revendication libanaise sur les fermes de Chebaa».
Beyrouth était hier encore le théâtre d’un ballet diplomatique plus impressionnant sans doute dans la forme que sur le fond. De fait, si la présence simultanée dans le pays d’émissaires américain, russe et européen est un événement en soi, en revanche, le discours tenu par les trois diplomates n’apportait pratiquement rien de nouveau par rapport à celui des Nations...