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Actualités - CHRONOLOGIES

UL - Près de 3 000 manifestants protestent contre le projet de fusion - Le mouvement estudiantin fait tache d’huile

Ils étaient près de trois mille. Ils ont crié haut et fort leur refus de la fusion des sections I et II de l’Université libanaise. Ce qu’ils estiment être leur droit. 3 000 étudiants représentant principalement les partis politiques de l’opposition, mais surtout toutes les facultés de l’UL – section II –, étaient rassemblés hier dès 10 heures du matin dans la cour de la faculté des beaux-arts de Furn el-Chebbak. Un long sit-in suivi d’une marche qui les mènera jusqu’au Parlement, place de l’Étoile. Avec une pensée en tête : lorsqu’on est uni, on sait se faire entendre ! Les manifestants ne brandissaient pas de drapeaux de partis politiques, pas d’étendards provocateurs, pas de chants partisans pour tel ou tel courant, pas de portraits de telle ou telle personne, juste le drapeau libanais. Tous unis pour la survie de ce qui est leur fierté, l’Université libanaise. Il est 9h30. La faculté des beaux-arts accueille les premiers élèves. On se prépare. On installe les enceintes, le matériel sono. Dans un coin, un premier groupe d’étudiants fait son apparition. Ils ont l’air jeune. Très jeunes même. «On vient directement du collège de Baabdate». Collège ? «Oui, certains d’entres nous sont en seconde, d’autres en première...». Et en quoi se sentent-ils concernés par l’événement ? «En fait, nous préparons notre avenir. Nous sommes jeunes encore, c’est vrai, mais nous sommes des futurs étudiants de l’UL, nous ne voudrions pas aller jusqu’à l’Ouest ou ailleurs pour étudier. Ce n’est pas normal, nous soutenons donc le mouvement», précise Charbel. «Je viens de la montagne et vous savez, on n’arrêtera pas les manifestations si le gouvernement ne revient pas sur sa décision», affirme Élie Asmar, étudiant en génie à l’UL de Roumieh. «Ce qu’il faut qu’ils sachent, c’est que cette soi-disant fusion est impossible, irréalisable rien que pour des raisons pratiques liées au nombre d’étudiants ou à la méthode d’enseignement. Nous avons des cours en français, alors qu’ à l’Ouest, la majorité des cours est en arabe», explique-t-il. Pour Issa Nahas, étudiant en droit à Jal el-Dib et vice-président du mouvement estudiantin Kataëb, ce n’est pas de fusion qu’il s’agit, mais carrément d’une «élimination». «Certes, avoue-t-il, le problème devrait être d’ordre académique, mais malheureusement c’est le politique qui a l’air de primer. Le fait de vouloir fermer des facultés basées surtout dans les régions Est et représentées par des étudiants à majorité dans l’opposition, c’est un peu vouloir museler l’activité politique des partis concernés». Il est maintenant 10h15. On commence à voir les premiers drapeaux libanais. Les premières banderoles sur lesquelles on peut lire : «Nous voulons notre deuxième section», «Pas de politique dans l’administratif». Pour Ramzy Irani, président des départements estudiantins des ex-Forces libanaises, «il faut que les autorités comprennent qu’une fermeture des sections II de l’UL serait une atteinte totale aux libertés publiques et une manière de réduire considérablement les capacités d’enseignement des différentes sections de l’UL». Youssef est aouniste. «C’est la mainmise syrienne sur notre pays», dit-il. «Ce qu’ils veulent, c’est museler tous les courants qui demandent un réequilibrage des relations avec Damas», ajoute-t-il. Il assure que la manifestation n’a rien de confessionnel et en veut pour preuve que des étudiants du PSP ont soutenu le mouvement. Des députés présents À 10h 50, les députés Nazem Khoury et Neemetallah Abinasr font leur apparition sous les acclamations et les applaudissements de la foule qui reprend de plus belle : «Liberté ! Souveraineté ! Indépendance !». Arriveront par la suite le rédacteur en chef du quotidien An-Nahar Gebrane Tuéni , les députés Nayla Moawad, Mansour el-Bone, Antoine Ghanem, Farès Souhaid, Salah Honein et Abdallah Farhat, de l’ancien ministre des Affaires etrangères Élie Salem, des ex-députés Nadim Salem et Camille Ziadé, du vice-président du PNL Élias Bou Assi et du porte-parole des FL, Toufic Hindi. S’adressant à la foule, M. Tuéni a conseillé aux étudiants d’éviter de faire comme les autorités, à savoir «politiser» la question de l’UL. De son côté, M. Ziadé, s’exprimant au nom des signataires du manifeste de Kornet Chehwane, assure que ces derniers soutiennent l’action des étudiants et «refusent ce procédé d’unification de l’université». Quant à M. Hindi, il s’est prononcé à la fois en «faveur de l’unité de l’UL, mais contre l’intégration par la contrainte». En route pour le Parlement M. Bou Assi confie à L’Orient-Le Jour qu’en tant que professeur d’université, il estime qu’«il n’existe aucune raison valable qui justifie une telle décision de la part du gouvernement. Pire encore. On cherche à museler les étudiants de la section II de l’UL et par la même occasion, tous les partis politiques de l’opposition». Pour le député Kataëb Antoine Ghanem, «c’est un problème purement académique. Mais le pouvoir a fait passer le politique avant tout». «La question de l’UL doit être décidée par la famille de l’UL, par les professeurs et les étudiants et toute décision d’unification allant à l’encontre des volontés est contraire à la logique académique», souligne pour sa part M. Farhat. Vers 12h30, les manifestants s’ébranlent en direction de la place de l’Étoile. Les forces de l’ordre sont là, de plus en plus nombreuses. M16 et gilets pare-balles de rigueur. Ils devancent la foule. Ils l’encadrent. L’un des meneurs crie à l’aide d’un mégaphone des slogans que tout le monde répète. Les routes sont bloquées. Les gens sont sur leur terrasse. Certains applaudissent. Arrivées à la hauteur du musée, les FSI décident de s’arrêter. La foule elle, continue son avance. Tout se resserre. La tension monte très vite. Le contact est inévitable. Mais non. Voilà que le responsable des forces de l’ordre ordonne à ses troupes de reculer. La foule continue d’avancer. Par l’USJ, dont certains étudiants ont participé à la manifestation par solidarité, la manifestation a continué jusq’au siège du Parlement, après avoir longé la place des Martyrs. Sur place, les forces de l’ordre se font plus restrictives. Seuls les journalistes, les enseignants et les responsables des partis politiques estudiantins peuvent passer une barrière installée pour l’occasion. Des représentants, autorisés à entrer au siège du Parlement, remettent un mémorandum au vice-président de la Chambre Élie Ferzli. À sa sortie, le professeur Issam Khalifé s’adresse aux manifestants : «Nous avons transmis aux députés présents nos revendications. Nous leur avons dit que le dialogue n’est pas une fin en soi, nous voulons que la décision nous concernant soit très vite révisée. Tant que le ministère ne reviendra pas sur sa décision, nous continuerons à manifester». Voilà, le message est clair.
Ils étaient près de trois mille. Ils ont crié haut et fort leur refus de la fusion des sections I et II de l’Université libanaise. Ce qu’ils estiment être leur droit. 3 000 étudiants représentant principalement les partis politiques de l’opposition, mais surtout toutes les facultés de l’UL – section II –, étaient rassemblés hier dès 10 heures du matin dans la...