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Actualités - ANALYSES

VIE POLITIQUE - Crise ouverte entre les pôles du pouvoir - Spéculations sur le sort du cabinet

Retour au doux climat de la troïka. La situation, sans être tout à fait originale, ne manque pas de piquant. Deux présidents sur trois attaquent les services (de l’État !) faute de pouvoir les contrôler. L’esprit de contestation porté à un si haut niveau permet de douter de la cohésion de l’appareil en place. Et comme les deux premiers présidents sont relativement inamovibles, les regards se tournent vers le troisième. Pour voir s’il va partir, avec son cabinet branlant, afin que les choses deviennent plus conséquentes avec elles-mêmes. Après les attaques à la Chambre des orateurs représentant les camps respectifs de MM. Nabih Berry et Rafic Hariri, on spécule beaucoup dans les coulisses de l’exploit sur la viabilité des trente. D’autant qu’en réalité l’harmonie ne règne pas entre les alliés du jour, Aïn el-Tineh et Koraytem. Qui ne se rejoignent que sur la question des écoutes. On sait en effet qu’un ministre berryiste, M. Ali Kanso, a tiré à boulets rouges sur la cohésion gouvernementale, en prenant publiquement le contre-pied des décisions concernant la Sécurité sociale. Bref, si on cherche bien, on trouve que finalement tout le monde, tout le petit monde du camp loyaliste, est contre tout le monde. Les berryistes contre les haririens, ces derniers contre les lahoudistes. Et les free-lances de l’intérieur, comme M. Pierre Hélou, contre les dysfonctionnements de la machine. En bonne logique, il n’y aurait pas de raison pour que la combinaison arrangée en novembre dernier tienne plus longtemps. Mais en pratique, on ne le sait que trop dans ce pays, les développements sur la scène politique sont du ressort des décideurs. À cette nuance près que leur arbitrage, jadis sollicité bruyamment, ne peut plus intervenir que discrètement. À cause de la campagne que l’on sait. Pour en revenir au dilemme actuel, que vont faire les décideurs ? Deux probabilités sont envisagées localement : – Ou bien, comme si souvent, ils vont vouloir prévenir les secousses qu’entraînerait une crise gouvernementale. Et inviter dès lors les trois présidents à se retrouver pour régler leurs différends et s’entendre sur un nouveau consensus. Sans se diviser par des votes en Conseil des ministres. – Ou bien, ce qui serait quand même assez surprenant, ils vont juger que trop, c’est trop. Et donner leur feu vert pour un changement de formule. Puisque la mésentente entre les dirigeants empêche le lancement de l’opération de redressement économique. Et que les tensions régionales imposent la mise en place au Liban d’un pouvoir solide, aux articulations mieux soudées. Mais, même dans ce cas de figure, la quasi-totalité des pôles comme des analystes locaux estime que le président Rafic Hariri demeure personnellement incontournable. Il resterait au Sérail, le cas échéant. Probablement à la tête d’une équipe réduite de moitié, un gouvernement de 14 ou de 16 membres. De plus, suivant une technique maintenant bien éprouvée, le cabinet actuel ne présenterait sa démission qu’une fois conclu le marché sur sa succession. On prémunirait de la sorte le pays contre les effets préjudiciables d’une crise ministérielle. Cependant, à bien y regarder, il est certain que le mal est déjà fait en partie. Parce que la confiance se perd.
Retour au doux climat de la troïka. La situation, sans être tout à fait originale, ne manque pas de piquant. Deux présidents sur trois attaquent les services (de l’État !) faute de pouvoir les contrôler. L’esprit de contestation porté à un si haut niveau permet de douter de la cohésion de l’appareil en place. Et comme les deux premiers présidents sont relativement...