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Actualités - CHRONOLOGIES

Liban-Sud - La maison d’un ancien membre de l’ALS incendiée à Marjeyoun - Des ex-collaborateurs face aux « justiciers de l’ombre »

La maison d’un ex-collaborateur d’Israël à Marjeyoun a été incendiée hier au lendemain de sa sortie de prison où il purgeait une peine d’un an pour collaboration. Ce nouvel incident met en lumière la situation des habitants de l’ancienne bande frontalière qui font face aujourd’hui aux «justiciers de l’ombre», une vengeance masquée contre les ex-collaborateurs, que le gouvernement espérait éviter. Sami Zaybak travaillait comme mécanicien dans l’ex-milice pro-israélienne de l’Armée du Liban-Sud (ALS). Il était chargé de la réparation des véhicules de la milice. Les premiers résultats de l’enquête ont établi que les auteurs de l’incendie ont versé une grande quantité de mazout dans le conduit de la cheminée de la maison et y ont mis le feu. La femme du propriétaire s’était rendue la veille à Beyrouth pour accueillir son mari à sa sortie de la prison de Roumié. Sami Zaybak s’était livré aux autorités libanaises après le retrait israélien en mai 2000 et avait écopé d’une peine d’un an de prison, en raison de ses fonctions minimes au sein de l’ALS. Il s’agit du douzième incident du genre en trois mois. Des tracts, signés de six appellations différentes et distribués dans l’ex-zone occupée par Israël, ont appelé à «verser le sang des collaborateurs» et ont menacé leurs familles de représailles. Le Hezbollah, qui s’était élevé contre les «peines clémentes» à l’encontre des anciens collaborateurs d’Israël, a démenti tout lien avec les attentats. Sur l’incident d’hier, un voisin, Georges M., les vêtements couverts de suie et les cheveux roussis, a raconté à l’AFP avoir été réveillé à l’aube par une forte explosion provoquée par l’incendie. L’évêque grec-catholique de Marjeyoun, Mgr Antoine Hayek, qui s’est rendu sur les lieux, n’a pas pu réprimer sa colère. «Que fait l’État libanais ? Pourquoi est-il impuissant à arrêter cette justice privée à l’égard de personnes qui ont déjà purgé leur peine ?», s’est-il exclamé, en présence de plusieurs dizaines de personnes, dont le chef du poste de police de la ville. «Ces actes risquent de mettre à feu et à sang le Liban-Sud dans les prochains jours, lorsque plus d’un millier d’ex-collaborateurs sortiront de prison après avoir purgé leurs peines», a-t-il prévenu. Le tribunal militaire a déjà jugé plus de 2 500 Libanais pour «collaboration», infligeant des peines allant de la condamnation à mort par contumace à quelques mois de prison. Mais un an après le retrait israélien du Liban-Sud, un grand nombre d’habitants vivent dans la peur des actes de représailles, en l’absence d’un contrôle total de l’État, qui refuse d’envoyer son armée en force dans la région frontalière. La sœur de Sami Zaybak, Rima, s’est effondrée à la vue de l’habitation de son frère entièrement ravagée par les flammes, alors que les femmes du quartier, venues la soutenir, se lamentaient en se frappant la poitrine et le visage. «Chacun de nous est un collaborateur jusqu’à preuve du contraire. Des milliers des nôtres sont soit détenus, soit en exil en Israël ou au bout du monde. Tous sont des pères de famille et leurs proches crèvent de faim», s’est exclamé un autre habitant.
La maison d’un ex-collaborateur d’Israël à Marjeyoun a été incendiée hier au lendemain de sa sortie de prison où il purgeait une peine d’un an pour collaboration. Ce nouvel incident met en lumière la situation des habitants de l’ancienne bande frontalière qui font face aujourd’hui aux «justiciers de l’ombre», une vengeance masquée contre les ex-collaborateurs,...