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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

ÉNERGIE - Un séminaire du Groupe de recherche sur l’énergie de l’AUB - Électricité : perspectives de privatisation et d’utilisation du gaz naturel

On parle beaucoup de privatisation de l’électricité au Liban, un secteur qui a été caractérisé au fil des années par le gaspillage et la mauvaise gestion. Mais la privatisation, même si elle représente la solution, peut-elle répondre à tous les problèmes ? Servira-t-elle les intérêts du pays sans l’adoption de lois strictes pour le contrôle des prix et de la qualité des services ? C’est cette question et d’autres encore qui ont été soulevées lors du séminaire organisé hier par le nouveau Groupe de recherche sur l’énergie (ERG), de la faculté de génie de l’AUB, à l’hôtel Gefinor Rotana. Y ont participé : le ministre de l’Énergie Mohammed Beydoun, Antoine Rabbat chargé au sein du ministère du dossier de privatisation de l’Électricité du Liban (EDL), des représentants d’agences onusiennes et différents experts. Un débat houleux a accompagné le sujet de la privatisation. M. Rabbat a dénoncé l’état déficitaire de l’EDL : «Les factures non payées à l’EDL représentent à ce jour 900 milliards de livres libanaises. Cette institution a subi 5 milliards de dollars de pertes durant les cinq années passées. Comment peut-on privatiser cette institution sans avoir régularisé sa situation ? Il faut supprimer la tutelle politique sur ce dossier». Il a par ailleurs longuement parlé des perspectives de privatisation. La cherté de l’électricité a également été soulevée durant les débats. Avec 13 cents le kilowatt, le courant serait l’un des plus chers au monde. Selon Riad Chédid, professeur à l’AUB, les factures (électricité, eau…) constitueraient les deux tiers du salaire minimum. «Il faut nous demander si nous n’utilisons pas trop d’électricité, dit-il. Il est temps de rationaliser la consommation». Il a fait remarquer que «tout changement dans le secteur aurait un impact économique énorme». En matière de rationalisation de la consommation, plusieurs intervenants ont évoqué les alternatives, notamment le gaz naturel. M. Beydoun a déclaré que «le Liban signera dans les deux mois qui viennent un accord avec la Syrie pour l’importation de gaz naturel, ce qui assurera bientôt la moitié des besoins du Liban en énergie pour les trois années qui viennent». Il a précisé que «le gaz, aujourd’hui acheminé à partir de la Syrie, proviendra aussi de Jordanie et d’Égypte». Rudy Baroudi, conseiller du ministre de l’Énergie, qui a abordé le sujet de l’intérêt des réseaux régionaux en matière d’énergie, a cité les intérêts économiques et écologiques que représente l’emploi du gaz naturel : réduction dans le coût et l’entretien des nouvelles stations, augmentation de la durée de vie des stations électriques, plus d’efficacité, 60 % de réduction des émissions de gaz carbonique et de monoxyde de carbone, pas de fumée… M. Baroudi a considéré que parmi les options d’importation de gaz naturel, celle de la Syrie reste la plus avantageuse en raison de la proximité et des conditions de sécurité. Farid Chaaban, professeur à l’AUB, qui a traité de l’impact environnemental de l’énergie, a précisé que «le gaz représente une bonne perspective du point de vue environnemental et économique». Il a estimé que les émissions dues au gaz naturel sont moins nocives que celles du fuel. Brossant un tableau sombre de la pollution dans la capitale, il a espéré que la réduction du prix de l’essence sans plomb par rapport à l’essence avec plomb sera décidée par le gouvernement, comme promis. Revenant à un contexte plus régional, Anhar Hijazi, responsable du dossier de l’énergie à l’Escwa, a déclaré : «Il est vrai que la région est riche en gaz naturel. Mais les ressources ne sont pas réparties de façon similaire entre les différents pays». D’autre part, elle a insisté sur le fait que «bien que la production d’électricité soit suffisante dans les pays de l’Escwa, 40 % de la population de ces contrées vit sans courant». Il faudrait, selon elle, «arrêter le gaspillage dans ce secteur, réfléchir aux énergies alternatives et rendre l’électricité accessible à tous». Par ailleurs, c’est durant ce séminaire que l’ERG a été présenté au public. Nisrine Ghaddar, coordinatrice de ce groupe, a expliqué qu’«il a été fondé en octobre passé, son objectif étant de diriger des études sur l’énergie au Liban et dans la région». Elle a précisé que «le groupe a obtenu une bourse d’un montant de 10 000 dollars». Enfin, le mot du président de l’AUB, John Waterbury, a été prononcé par Georges Tohmé, président par intérim.
On parle beaucoup de privatisation de l’électricité au Liban, un secteur qui a été caractérisé au fil des années par le gaspillage et la mauvaise gestion. Mais la privatisation, même si elle représente la solution, peut-elle répondre à tous les problèmes ? Servira-t-elle les intérêts du pays sans l’adoption de lois strictes pour le contrôle des prix et de la qualité...