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Actualités - ANALYSES

Sharon dangereux à cause du facteur temps

La Syrie s’alarme des bruits de bottes sharonesques. A-t-elle raison de s’inquiéter autant ? Un ancien ambassadeur répond par une affirmative nuancée. «Car, dit-il, Sharon veut à tout prix faire passer la sécurité avant la paix. Mais il n’ a aucun feu vert américain pour faire la guerre. Il prouve cependant tous les jours qu’il est résolu à utiliser tous les moyens militaires ou politiques dont il dispose. Il veut absolument réussir là où Netanyahu et Barak avaient échoué. Or, il est pressé par le temps. À cause de son âge avancé, il ne peut pas espérer avoir une seconde chance en cas d’échec. De plus, il se trouve dans une situation de crise très forte et il sait qu’une confrontation trop prolongée peut faire imploser la société politique israélienne. Sa mentalité de va-t-en-guerre connu laisse penser qu’il est sur le point de risquer le tout pour le tout. D’une part en frappant encore plus fort les Palestiniens. D’autre part en ouvrant un front de diversion du côté du Liban, à la recherche d’un succès militaire qui renforce son crédit intérieur». Cet ancien diplomate insiste sur «les différences fondamentales entre Sharon et ses deux prédécesseurs. Ces derniers, n’étant pas confrontés à une intifada paroxystique, pensaient qu’il fallait éteindre le foyer du Liban-Sud, et non pas l’embraser, pour attendre tranquillement la réalisation d’un accord de paix avec la Syrie. Ils réclamaient donc pour de vrai le déploiement de l’armée libanaise dans la zone frontalière, pour neutraliser la Résistance et garantir le calme. Le Liban a refusé. Ce qui en définitive fait l’affaire de Sharon qui, pour sa part, ne cible plus la trêve, mais une possible fuite en avant par les armes. D’autant que le retrait israélien effectué il y a un an a changé les donnes, sur le double plan diplomatique et juridique. Pour ainsi dire, le Liban se voit désormais dénier tout droit à l’action armée pour récupérer Chebaa. C’est ce que confirment avec éclat (de voix) le Conseil de sécurité et Washington. En outre si Sharon a gagné les élections, si Barak a perdu, c’est à cause de la persistance de l’insécurité, tant à la frontière nord d’Israël qu’en Cisjordanie. Le leader du Likoud l’a emporté parce qu’il est considéré comme un homme à poigne, prêt à tout. Il est naturellement tenté de le prouver dans les faits. D’autant qu’après de longs mois de violence et de siège, il n’arrive toujours pas à bout de l’intifada». Alors, la guerre ? «La probabilité existe, répond cette personnalité, mais elle paraît tout de même assez faible. On ne doit pas oublier que Sharon a les Américains sur le dos et sait que les Arabes feraient front. Sans compter que sa propre opinion publique se retrouverait fortement divisée. Comme l’a prouvé la réaction critique de Peres après le raid israélien sur le radar syrien à Beïdar. Au moins la moitié des Israéliens estiment, après l’expérience libanaise, qu’ une guerre gagnée militairement peut déboucher sur un vrai désastre politique. On peut dès lors penser que Sharon veut, d’une façon ou d’une autre, fixer l’abcès au nord, en neutralisant le Hezbollah. Par le moyen des menaces d’intimidation contre la Syrie et contre le Liban. Et en stimulant les pressions occidentales qui vont dans le même sens. Ainsi, au Congrès U.S., c’est l’action manifeste du lobby sioniste qui a entraîné le vote privant le Liban de 35 millions de dollars d’aide. Parallèlement, l’ambassadeur U.S. à Beyrouth, M. David Satterfield, lançait une mise en garde abrupte aux Libanais : laissez Chebaa de côté. L’Onu de son côté réduit les effectifs de la Finul et proclame que la ligne bleue est définitive. Enfin, le ministre israélien de la Défense matraque tous les jours la Syrie d’avertissements musclés. Il reste à savoir si Damas va ou non fléchir, s’il va décider de réfréner la Résistance libanaise pour ne pas donner de prétexte à Sharon. Ou si, au contraire, il va conseiller au Hezbollah de poursuivre ses actions en tant que forme de soutien à l’intifada palestinienne. Toutes les options sont ouvertes et c’est l’objet des actuelles concertations syro-libanaises», conclut cette source.
La Syrie s’alarme des bruits de bottes sharonesques. A-t-elle raison de s’inquiéter autant ? Un ancien ambassadeur répond par une affirmative nuancée. «Car, dit-il, Sharon veut à tout prix faire passer la sécurité avant la paix. Mais il n’ a aucun feu vert américain pour faire la guerre. Il prouve cependant tous les jours qu’il est résolu à utiliser tous les moyens...