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Actualités - ANALYSES

vie politique - Le gouvernement handicapé par les tensions intérieures et régionales

Sept mois après son entrée en fonctions, le présent cabinet accuse un net retard dans son plan de redressement. À cause des conflits, des événements qui se sont succédé sur la scène intérieure et régionale. À cause aussi d’une certaine incompréhension de la part de parties déterminées. Comme de la sourde malveillance de quelques pôles pour qui l’intérêt général compte moins que la «nécessité» de rendre résistible l’ascension de Rafic Hariri. Signe de l’évolution des temps, les partisans du gouvernement ne jouent plus les thuriféraires aveugles. Ils n’hésitent pas en effet à en critiquer ouvertement le manque de pugnacité, pour ne pas dire la pusillanimité. «La ligne de défense que nous adoptons, affirme ainsi un allié du cabinet, est faible, voire pitoyable. Il ne suffit pas de publier de pâles plaidoyers et de répéter aux Libanais, contre l’évidence du vécu quotidien, que tout va très bien madame la marquise sur le plan économique et financier. La vraie riposte aux attaques que nous subissons est de mettre en chantier, sur-le-champ, les divers projets promis. En passant outre, avec détermination, aux intrigues et aux lignes rouges que les obstructionnistes veulent nous opposer». Après cette pierre dans le jardin des leaderships qui font des pieds et des mains pour empêcher le dégraissage du mammouth administratif, cette personnalité constate avec un zeste d’amertume que «le bel élan initial s’est fortement ralenti. Nous marinons désormais dans la routine et les vaines zizanies. Tant dans sa déclaration ministérielle que lors de Paris I, le président du Conseil a pris des engagements précis dont rien n’est encore lancé. De ce fait, la croissance ne repart toujours pas, la productivité reste léthargique et les investisseurs, libanais ou étrangers, gardent frileusement leurs mains dans leurs poches. Certes, il n’était pas question de tout réaliser en sept petits mois. Mais plus le temps passe sans acquis, plus les problèmes deviennent difficiles à résoudre. En pratique, la synthèse de diverses études techniques de terrain montre que si le coup d’envoi effectif n’est pas donné d’ici à deux mois au grand maximum, le Liban pourra tirer un trait définitif sur tout espoir de redressement. On en est déjà là et il n’y a plus un seul jour à perdre». Mais l’homme propose et les démiurges disposent. «C’est vrai, répond cette personnalité, mais seulement pour les grands dossiers. Nous gardons dans nombre de domaines, importants pour nous, une marge confortable de manœuvre que nous n’utilisons pas. Il est de la sorte incompréhensible que l’on n’ait pas encore purgé la MEA, alors que l’on parle de ce cas depuis des années. Tambour battant, on s’est attaqué au dossier de l’information officielle, mais, depuis la mise en congé de Télé-Liban, on ne sait toujours pas ce qu’on va en faire finalement. La plupart des ministres n’ont toujours pas planché, comme cela leur avait été demandé, sur le bordereau de leurs départements et des offices dont ils ont la tutelle, pour évaluer les excédents ou les déficits de personnel. En fait, certains de ces dirigeants cachent mal qu’ils ont peur de plonger dans le marigot pour y nettoyer les mauvaises herbes, car ils ne veulent pas se faire des ennemis parmi les politiciens clientélistes. Ainsi le supermammouth qu’est l’instruction publique, qui compte des milliers de bouches inutiles, reste en l’état. Tout comme l’Intra, le Casino et tutti quanti. Les projets de reconstruction ou de développement dorment toujours dans les tiroirs du Conseil ad hoc. Et les municipalités n’ont pas reçu les crédits promis pour lancer de leur côté des projets qui revigorent leur économie locale et donnent du travail aux gens. De même la question de l’agrandissement de l’aire topographique du port de Beyrouth demeure dans les limbes, tout comme les prêts qui devraient permettre à l’institution publique de l’habitat d’accorder des fonds aux particuliers pour alléger la crise du logement. Du côté des télécommunications, le gouvernement ne se presse pas pour étudier le plan du ministre compétent, M. Jean-Louis Cardahi, qui veut créer une institution publique et une société. À l’Université libanaise, on attend toujours le projet de loi qui doit réorganiser le conseil de l’institution et celui des secrétaires. Rien non plus du côté de la canalisation des écoutes téléphoniques, des conseils de développement des mohafazats ou des privatisations, qui sont pourtant essentielles… Au lieu d’agir, au lieu de travailler leurs propres dossiers, certains ministres s’amusent dans leurs apparitions télévisées à commenter les options de leurs collègues du cabinet, le plus souvent pour les critiquer. De telles pratiques devraient être interdites, car elles affectent non seulement la cohésion du gouvernement, mais aussi son rendement. Bref, tant va la cruche à l’eau qu’elle se fracasse», conclut ce censeur d’autant plus sévère, ou pertinent, qu’il parle en loyaliste et voit les choses de l’intérieur.
Sept mois après son entrée en fonctions, le présent cabinet accuse un net retard dans son plan de redressement. À cause des conflits, des événements qui se sont succédé sur la scène intérieure et régionale. À cause aussi d’une certaine incompréhension de la part de parties déterminées. Comme de la sourde malveillance de quelques pôles pour qui l’intérêt général...