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Actualités - CHRONOLOGIES

MUSIQUE - Ce soir, au Circus - Nizam Tamim : passion - pour saxo et clarinette

Nizam Tamim a vécu 30 ans à Oslo de sa clarinette et de son saxo. Il a 18 ans lorsqu’il quitte Beyrouth pour la Scandinavie, avec un groupe d’amis musiciens. Mais le groupe se dissout assez tôt et chacun suit son chemin. Celui de Nizam Tamim le mène loin, et le fait goûter à tout genre de musique. Rentré à son Beyrouth natal depuis cinq ans, il se fait une place dans le paysage musical libanais. Il sera ce soir jeudi 19 avril au Circus, pour un concert saxo. Né à Ras-Beyrouth, Nizam Tamim a fait des études de musique au Conservatoire national où il a étudié la clarinette classique, «mais parallèlement, j’ai appris seul le saxophone et la flûte parce qu’il y avait plusieurs bandes qui en demandaient». À Oslo, il commence par former un sextuor de différentes nationalités. «Nous jouions dans des hôtels, des night-clubs, des discos, et donnions parfois des concerts, se souvient-il. Notre répertoire allait de la dance music au pop, en passant par le rock et le jazz. Je jouais du saxo (soprano, alto, ténor) et de la flûte». Le groupe voyage en Europe, puis Nizam Tamim se remet à faire cavalier seul. Il joue avec des formations de différentes «couleurs» : latino, raï, musique africaine, iranienne, arabe… «J’ai même joué du saxo pour un show avec une danseuse arabe», dit-il. Il découvre aussi les États-Unis, l’Afrique mais surtout l’Indonésie «où j’allais souvent les derniers temps et où il y a de très bons musiciens et beaucoup de possibilités. La musique populaire indonésienne est aussi très belle». Les années passant, il acquiert donc une solide expérience, enrichissante. De passage à Beyrouth, il y a cinq ans, ses parents et ses anciens amis musiciens l’encouragent à rentrer définitivement au pays. Ce qu’il fait, «parce que tout me manquait, surtout la chaleur et la mer». Et côté musique, par rapport à Oslo ? «Je pense qu’il existe des talents partout, répond-il. Nous avons de bons musiciens, mais en nombre réduit. Par contre, il n’est pas facile de trouver des chanteurs de jazz, rythm’n’blues, funk… C’est toute une éducation à suivre. En Norvège, je formais très souvent un duo avec une chanteuse. Ici, le monopole a été plutôt à la musique orientale. Le Liban est aujourd’hui un des plus grands producteurs de cette musique et l’on peut dire qu’il a réussi dans ce domaine, même s’il s’agit d’un produit commercial». Autre point qui lui manque : les opportunités de passer d’une bande à une autre, ou de former un groupe. «De plus, il n’existe pas chez nous de couleurs particulières. Ailleurs, chaque groupe a sa particularité, et certaines bandes créent leur propre genre». Une collection de neuf Nizam Tamim a deux altos, trois ténors, un soprano, deux clarinettes et une flûte. Son instrument préféré reste toutefois la clarinette, qui l’émeut, «peut-être parce que cela a été le premier instrument dont j’ai appris à jouer». Il donne des cours privés de saxophone et de flûte. «Le problème au Liban est que l’école passe avant tout, souligne-t-il. L’enfant doit attendre d’avoir fini ses études pour se consacrer à la musique, tandis qu’en Scandinavie, on peut commencer la musique à 7-8 ans, dans les fanfares d’école. Et dès l’âge de 15 ans, après les 8 années obligatoires d’apprentissage scolaire, on peut s’inscrire dans une école spécialisée de musique. Beaucoup de jeunes sortent des CD à 18 ans. Il faut dire que l’État les soutient aussi et qu’ils disposent de bourses et autres fonds». Depuis son retour à Beyrouth, il se produit dans différents endroits de la ville. «J’ai commencé par jouer au “Blue Note”, avec d’autres musiciens libanais. Mais au bout de plusieurs mois, j’ai réalisé que je ne pouvais pas aller bien loin, que la musique qu’on jouait ne me plaisait pas toujours, que cela devenait routinier, et qu’en plus cela ne rapportait pas gros. J’ai préféré m’en aller». Il anime alors des mariages, des dîners, des soirées privées. «Je me suis mis à rassembler des partitions et des disques de musique de fond, et à travailler ma musique sur ordinateur, bref à me composer un répertoire de variétés». Il passe du «très commercial» à des choses plus ardues. Il développe et améliore son programme en y introduisant plus de jazz-rocky, ou R & B, comme disent les Américains. «C’est ça que j’aime. Je choisis toujours ce que je peux bien faire. J’évite la musique que je ne possède pas parfaitement, parce qu’elle est trop difficile à jouer ou qu’elle ne correspond pas à mes goûts», affirme-t-il. Le public réserve toujours à Nizam Tamim un bon accueil. «Les gens aiment le saxophone, et la première raison est, avant la musique, l’instrument lui-même, dit-il dans un sourire. Il fascine, il brille et puis toutes ces clés qui ouvrent ou qui ferment, et ces sons profonds qui en sortent…». En ce qui concerne le programme, il joue des «oldies», «ce qui plaît à tout le monde. Des tubes français, italien, anglais, espagnol… et j’introduis de temps en temps des choses moins connues, que l’auditoire accepte ainsi plus facilement». Quant à l’avenir, il ne l’appréhende pas. «Le pessimisme est un fléau qui est actuellement très répandu au Liban. Je refuse de m’y laisser prendre parce que cela affaiblit. Je connais des musiciens qui ne s’exercent plus, par déprime. Personnellement, je dois obligatoirement jouer quatre heures par jour, au minimum. Il faut toujours aller de l’avant et c’est pourquoi je me concentre sur le travail. Pratiquement, j’arrive à vivre de ma musique, Dieu merci. Tant que je n’ai pas d’ambition de m’enrichir… Je vis dans mon pays, ce qui est déjà beaucoup, et je suis heureux comme ça».
Nizam Tamim a vécu 30 ans à Oslo de sa clarinette et de son saxo. Il a 18 ans lorsqu’il quitte Beyrouth pour la Scandinavie, avec un groupe d’amis musiciens. Mais le groupe se dissout assez tôt et chacun suit son chemin. Celui de Nizam Tamim le mène loin, et le fait goûter à tout genre de musique. Rentré à son Beyrouth natal depuis cinq ans, il se fait une place dans le paysage...