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Actualités - REPORTAGES

Un organisme spécialisé à l’USJ - Une bouffée d’oxygène pour la recherche au Liban

Depuis sa fondation en juin 1995, il finance de très nombreux projets dans des domaines aussi variés que la médecine, le génie, les sciences politiques, les sciences humaines ou religieuses… Le Conseil de la recherche de l’Université Saint-Joseph est une véritable planche de salut pour les chercheurs libanais et une bonbonne d’oxygène pour la recherche en tant que telle. Accidents scolaires, recherches sur saint Jean Chrysostome, stress professionnel du dentiste libanais, essai de l’acclimatation de l’ananas au Liban, exécution des décisions de la Cour internationale de justice, ostéoporose, développement des marchés émergents au Proche-Orient, centralités urbaines et reconstruction de Beyrouth, élaboration d’un matériel de perfectionnement linguistique en français… Des sujets très divers. Et un point commun : ils sont tous financés par le Conseil de la recherche de l’Université Saint-Joseph. «La recherche au Liban existait depuis longtemps, plus précisément depuis la fondation de l’USJ, il y a plus de 100 ans, confie Mounir Chamoun, enseignant en psychologie depuis 40 ans. Mais elle était décentralisée avant 1995, année de la naissance du conseil». Ainsi, dès son entrée en fonction en 1995, le nouveau recteur de l’Université Saint-Joseph, le père Sélim Abou, nomme le professeur Chamoun au poste de vice-recteur de la recherche. Présidé par le recteur, le conseil est formé des délégués désignés par le conseil de leur propre institution. Il se prononce sur la priorité à accorder aux projets et vote le budget à leur accorder. Il se réunit une ou deux fois l’an pour voter les recherches acceptées. Vins, langues et voile «Accepter ou non un projet dépend de plusieurs facteurs, explique M. Chamoun, également fondateur de l’Université pour tous, au sein de l’USJ. D’abord la faisabilité. Ce qui signifie en même temps l’utilité du projet et le fait qu’il soit encore inédit». Le conseil favorise également les projets spécifiques au Liban. En effet, parmi les nouvelles recherches on retrouve par exemple les relations entre politique et confessionnalisme ; les femmes voilées dans la Békaa ; l’altération des vins par les levures au Liban ; la situation des langues au Liban. Ou encore, une vaste enquête sur l’emploi et l’émigration des jeunes Libanais, portant sur près de 30 000 sujets dans l’ensemble du pays. Cette enquête a été conçue et préparée dans le cadre du département de sociologie et d’anthropologie de la faculté des lettres et des sciences humaines. Mais toutes les facultés de l’USJ ont la possibilité de participer à des recherches. Actuellement, 78 recherches sont en cours dans des domaines aussi variés que les sciences religieuses dans le cadre de l’Institut des études islamo-chrétiennes, la pharmacie, la médecine dentaire, les sciences infirmières, l’ingénierie, le droit et les sciences politiques, la gestion et le management. Mais la faculté de médecine (FM), de même que celle des lettres et des sciences humaines (FLSH) disposent du plus grand nombre de recherches. Selon Michel Abs, délégué de la FLSH au sein du conseil, «toute faculté qui a présenté un projet plausible, crédible, et étudié a vu celui-ci agréé». Ainsi, à part le sujet et l’objectif de la recherche, le chercheur doit noter sur le papier présentant le projet : l’équipe de travail, le matériel existant ou à assurer, le coût total du projet et la durée d’exécution. «Les chercheurs financés par notre conseil sont des personnes qualifiées», précise M. Chamoun. Et le vice-recteur d’ajouter : «Les directeurs de recherche sont toujours des enseignants de haut niveau ou des professionnels qui peuvent s’associer à des chercheurs de l’Université Saint-Joseph. Mais il faut que la recherche soit coiffée par quelqu’un de l’USJ. Quant aux étudiants, ils aident, dans certains projets, au niveau des enquêtes sur le terrain ou des recherches de laboratoire». Certains chercheurs qui préparent des thèses bénéficient, eux aussi, d’un secteur d’allocation de recherche. Mais ils doivent avoir au préalable décroché un DEA dans de très bonnes conditions (avec au moins une mention «bien»). Ils doivent également être enseignants à l’USJ. Cofinancements Il y a une double source de financement. En premier lieu : le fonds de la recherche de l’USJ, constitué de 2 pour cent de la scolarité des étudiants. «Les sommes non dépensées chaque année sont cumulées, ce qui donne une trésorerie importante», précise M. Chamoun. Ainsi, le financement essentiel se fait par l’USJ elle-même, mais d’autres sources peuvent être trouvées pour des projets de recherche qui intéressent certains organismes locaux et étrangers. Au niveau local, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) libanais apporte sa contribution, mais ses moyens limités et la lenteur de son action représentent un handicap de taille. «Un certain nombre de recherches sont en même temps financées par nous et par d’autres organismes, indique Mounir Chamoun. Il s’agit notamment d’organismes internationaux, d’universités étrangères, surtout françaises. Il y a beaucoup de fonds canadiens. À titre d’exemple, la FIOUC (Fédération internationale des universités catholiques) a beaucoup aidé dans une grande recherche sur la toxicomanie au niveau des jeunes et aussi pour la formation des formateurs». Le vice-recteur poursuit avec un sourire : «À une certaine époque, une partie du financement était assurée par l’Aupelf (Association des universités partiellement ou entièrement francophones). Mais la somme allouée par cette association n’était qu’une goutte d’eau dans un océan». Derrière ses lunettes, ses yeux brillent en expliquant : «Il y a également d’autres ressources. Certaines personnes nous aident en nous offrant du matériel. Pour les produits de laboratoire par exemple, notamment pour ce que nous appelons le matériel fongible, qui disparaît, comme les réactifs. Nous avons, de même, obtenu des subventions en dons pour des microscopes par exemple, des thermocycleurs». Néanmoins, le Conseil de la recherche compte essentiellement sur son propre financement. «Il y a aussi des recherches qui ne dépendent pas du conseil. Certains enseignants obtiennent des financements directs pour leur projet (exemple : imagerie médicale, endocrinologie...). Cela allège un peu nos dépenses», conclut le vice-recteur. Portant sur des réalités libanaises, partagés entre les sciences fondamentales et les sciences appliquées, les projets financés par le conseil peuvent être suivis de plus près en consultant le Bulletin de la recherche. Il est disponible au rectorat de l’université, rue de Damas. En tout cas, cet organisme de subvention de la recherche vise surtout à encourager l’innovation au Liban, quel que soit le domaine. Une fois publiée, la recherche peut être utilisée comme référence de base. «L’idée de ce conseil est excellente, souligne Michel Abs. Mais il convient d’avoir en la matière une politique plus ciblée». «Le conseil est très utile. Il assure un cadre à la recherche, il permet une continuité», insiste le père Louis Boisset. Et le directeur de l’Institut des études islamo-chrétiennes de l’USJ ajoute : «Une dizaine de recherches issues de notre institut sont en cours. La rigueur est de mise». Comme en écho, M. Abs souligne : «Le Conseil de la recherche est l’une des plus grandes décisions dans l’histoire de l’USJ». Dans tous les domaines et pour tous les goûts Le Conseil de la recherche est formé du recteur, du vice-recteur, du secrétaire général de l’USJ et des délégués de chacune des 18 facultés et instituts de l’université. Plusieurs recherches dans différents domaines sont en cours. Voici d’autres déjà archivées et publiées : La population déplacée par la guerre au Liban ; Le français au Liban : cent portraits linguistiques ; Économie du Liban ; Legal and Fiscal Incentives to invest in Lebanon ; Foi chrétienne et inculturation au Proche-Orient ; Qui est ton Dieu ? Déclarations communes islamo-chrétiennes ; Recherche de hélicoptère Pylori chez 244 patients ; Données actuelles des enfants en dialyse au Liban ; Embolie amniotique ; Toxicomanie au Liban ; Commercialisation des fruits et légumes au Moyen-Orient ; Technique de travail et d’expression ; Traitement lapaparoscopique de l’endométriose ; Les mineurs délinquants dans les prisons des adultes...
Depuis sa fondation en juin 1995, il finance de très nombreux projets dans des domaines aussi variés que la médecine, le génie, les sciences politiques, les sciences humaines ou religieuses… Le Conseil de la recherche de l’Université Saint-Joseph est une véritable planche de salut pour les chercheurs libanais et une bonbonne d’oxygène pour la recherche en tant que telle. ...