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Actualités - REPORTAGES

Antoine Zakhour : un message en 1994 puis plus rien...

Le sergent-chef Antoine Zakhour, né en 1963 à Achrafié, était posté dans la caserne de Beit-Méry, avec le lieutenant Tanios Zgheib et six autres soldats de l’armée le 13 octobre 1990. «Des gens que nous connaissons les ont vu monter dans un camion de l’armée syrienne. Pourtant, ils avaient rendu leurs armes», affirme son oncle, l’adjudant-chef à la retraite Nazih Zakhour. «Dès le lendemain, nous avons effectué des contacts auprès des responsables de l’armée pour savoir ce qu’il était advenu d’Antoine, mais tous niaient sa détention. Quelques mois plus tard, le commandement de l’armée a reconnu que certains de ces soldats n’étaient pas morts». «Nous avons présumé qu’il avait été transféré en Syrie», ajoute M. Zakhour. Comment s’en sont-ils assurés? «D’anciens détenus du Mouvement de l’unification islamique de Tripoli (Tawhid), libérés en 1994, étaient porteurs d’un message verbal d’Antoine Zakhour à ses parents. Sitôt retournés au Liban, l’un d’entre eux a tenu à nous transmettre le message. Nous avons été le rencontrer pour obtenir davantage d’informations, mais il n’en a pas dit plus, affirmant qu’il était surveillé et ne pouvait rien dire. La même chose s’est produite avec un autre prisonnier originaire de Sabtiyé», raconte Nazih Zakhour. «En 1996, la sœur d’Antoine Zakhour, qui vit en Australie et qui possède la nationalité australienne, a demandé par écrit à l’ambassadeur d’Australie à Damas de s’assurer de la présence de son frère en Syrie. On lui a répondu par écrit que son frère était bel et bien détenu à la prison de Mazzé et qu’il était condamné aux travaux forcés à perpétuité», poursuit-il. Le père d’Antoine Zakhour aurait réclamé à plusieurs reprises un permis de visite sans résultats, se heurtant aux dénégations des responsables syriens… «En 1997, mon frère a été chez le patriarche Hazim et a soulevé le cas de son fils, documents à l’appui. Mgr Hazim a promis d’entreprendre les contacts nécessaires puis de nous répondre. Quinze jours après, il lui a dit : “Ton fils et les autres soldats capturés le 13 octobre ne peuvent être relaxés que sur intervention du président Hafez el-Assad”», ajoute l’adjudant-chef Zakhour. «Nous demandons au président Lahoud et aux autorités politiques et religieuses de réclamer ces soldats. Qu’ils se mettent à notre place… Qu’ils nous disent s’ils sont vivants ou morts, c’est tout ce que nous voulons», poursuit-il. La mère d’Antoine Zakhour n’a pas survécu à l’absence de son fils : elle est morte en 1993. «En 1992, lors de la visite du président Assad à Paris, les journalistes arabes et européens lui ont demandé ce qu’il pensait des affirmations de certains Libanais selon lesquels il y a des prisonniers en Syrie. Il a répondu : “Il n’y a aucun détenu libanais en Syrie. S’il y en a effectivement, pourquoi les responsables libanais ne les réclament-ils pas?”. Cette réponse les a plongés dans le désarroi et plus aucune question n’a été posée concernant ce problème», note Nazih Zakhour avec amertume.. Les Zakhour rappellent l’initiative des services de renseignements de l’armée de faire signer aux parents des certificats de décès de leurs enfants : «Beaucoup de parents ont refusé… Les autorités leur ont dit qu’elles étaient prêtes à considérer ces soldats comme retraités et à continuer à payer leurs salaires s’ils signaient ces certificats». Ils évoquent enfin la nouvelle commission officielle pour les disparus : «À l’exception d’une ou de deux personnes, cette commission est la même que celle qui, sous le cabinet Hoss, a conclu que nos enfants étaient morts. Vont-ils “tuer” nos enfants encore une fois?».
Le sergent-chef Antoine Zakhour, né en 1963 à Achrafié, était posté dans la caserne de Beit-Méry, avec le lieutenant Tanios Zgheib et six autres soldats de l’armée le 13 octobre 1990. «Des gens que nous connaissons les ont vu monter dans un camion de l’armée syrienne. Pourtant, ils avaient rendu leurs armes», affirme son oncle, l’adjudant-chef à la retraite Nazih...