Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

CRÉATEURS - Shirine Massoud et Dalal Toubia - La Patine, source d’inventivité

La Patine est le nom de l’atelier qu’elles ont lancé il y a deux ans, à Broummana, dans le sous-sol d’un immeuble face à l’hôtel Printania. C’est aussi plus qu’un simple passe-temps pour Shirine Massoud et Dalal Toubia qui créent et transforment mille objets en bois, exposés à la vente chez L’Artisan du Liban (Clémenceau et Accaoui), mais surtout à la boutique Saya (Aïn Mreïssé). Cela va de la salle à manger à la poubelle, «Poubelle» étant d’ailleurs le premier nom donné à leur atelier puisque c’est par cet objet que les deux amies ont commencé leur aventure. Architecte de formation, Shirine Massoud n’a jamais eu l’occasion d’exercer cette profession. Elle s’est mariée, a voyagé, a eu trois enfants, et ce n’est qu’une fois ces derniers grandis qu’elle s’est retrouvée libre de son temps. Elle décide alors de trouver une occupation correspondant à sa vie de mère de famille. La patine l’attire beaucoup. Alors qu’elle fait faire des travaux dans son appartement, elle observe l’ouvrier qui patine ses murs et prend d’abondantes notes. Par la suite, elle décide de tenter elle-même l’expérience et de fabriquer des poubelles pour les chambres à coucher, assorties aux tissus des couvre-lit et des rideaux. Elle s’installe sur un balcon et se met au travail. Puis invite son amie Dalal Toubia – dont la fille fréquente la sienne depuis la garderie – à s’associer à son entreprise. Elles s’établissent dans un vieux dépôt dont disposait Shirine et s’attaquent à son embellissement…à la patine. Gestionnaire de formation, Dalal Toubia a toujours aimé le travail manuel. Encouragée, elle met la main à la pâte et se découvre un talent. C’est un menuisier qui exécute les objets en bois de Dalal et Shirine, qu’on a pu découvrir pour la première fois dans le cadre de l’exposition Souk el-Barghout, dans le centre-ville de Beyrouth, il y a deux ans. «Nos modèles sont puisés dans les magazines, copiés tels quels ou modifiés, mais il nous arrive également d’inventer des articles, comme la boîte à thé. Nous ne sommes pas des artistes mais des femmes de bonne volonté essayant d’inventer de jolies choses de nos propres mains», précisent-elles. Un mobilier personnalisé Shirine Massoud et Dalal Toubia retapent et transforment de vieux meubles dont les propriétaires se sont lassés. «Une table ancienne ou une chaise dont on a envie de changer l’aspect ou la couleur ; un bureau qu’on aimerait assortir à d’autres meubles ou tissus, etc… », précisent-elles. «Cela ne coûte pas cher puisque la pièce est là et qu’il faut juste payer la main-d’œuvre». Elles reçoivent surtout des commandes de particuliers. «Nous pouvons aussi peindre et personnaliser une chambre à coucher, mettre des prénoms ou des dessins sur des lits, des tables de nuit». Elles travaillent aussi la feuille d’or et d’argent, qu’elles patinent ensuite à l’ancienne. C’est ainsi qu’elles ont réalisé avec beaucoup de talent de grands pieds de lampe, copies du XIXe siècle. «Même l’antiquaire a tiqué», affirment-elles dans un sourire. Il est même arrivé à Shirine Massoud et Dalal Toubia d’aller dans des maisons pour peindre une rampe d’escalier intérieur, une bibliothèque, une armoire, bref des meubles qu’on ne peut pas facilement déplacer. Toutefois, elles ont abandonné ce genre de travail et n’acceptent plus que quelques rares commandes exceptionnelles, «parce qu’il n’est pas évident de traiter avec les gens dans les maisons, surtout lorsqu’on est une femme. Nous préférons travailler dans l’intimité de notre atelier, à notre rythme». Tout ce qui est fait de bois les intéresse, mais cela ne les empêche pas de tenter toujours de nouvelles expériences. C’est ainsi qu’elles ont patiné en gris de grands pots de plastique orange. Résultat : l’impression pierre est étonnante ! «C’est toujours léger comme plume, et en plus, c’est esthétique», notent-elles. À cause de la crise économique, les grosses commandes ne pleuvent pas. C’est donc sur les petits articles que se rabattent les deux amies. Le client peut acheter l’objet fini ou commander un motif ou une couleur de son choix. Plateaux, cadres, pieds de lampe, boîtes à thé, boîtes à clés, petites armoires miniatures – de rangement – pour chambres de jeunes filles, pieds de lampe utilisables également comme bougeoirs, cache-parapluies, paravents, plats à fruits, cadres pour miroirs… les idées ne manquent pas. Cependant, certaines d’entre elles sont particulièrement heureuses, comme les petites tables pliantes ou les cadres en forme de volets-appelés cadres – volets – qui remportent beaucoup de succès. «La jeune génération veut s’éloigner de la lourdeur des meubles et des bibelots du temps de leurs parents, des dorures, du style sérieux. Aujourd’hui, la mode est au moderne, aux couleurs, aux choses plus simples mais à la fois originales», affirment-elles. Des trouvailles, elles en font en permanence. Ainsi, elles préparent actuellement plusieurs nouveautés : des cintres, des jeux de tric-trac, de petits tableaux – des reproductions – aux cadres patinés… Technique Une fois l’objet livré par le menuisier, il faut poncer le bois pour obtenir un aspect lisse au toucher. Ensuite, tout dépend de l’effet final voulu : on peut recouvrir la pièce d’une couche de peinture blanche – un genre d’isolant appelé undercoat – qui absorbera bien la couleur par la suite, ou alors, si l’on aime la qualité du bois, on peut le garder tel quel. Il continuera d’être vu en transparence et le dessin ressortira en relief. Dalal et Shirine utilisent l’acrylique et peinture à l’eau, jamais l’huile. Et aussi parfois, pour vieillir les couleurs, la cire. «Une fois l’article terminé, nous attendons que la peinture soit bien sèche, puis, la plupart du temps, nous passons une couche d’un vernis spécial, comme protection. Nous préférons le vernis mat au brillant, pour garder l’effet ancien». Le bois utilisé peut varier. «Nous suivons les conseils du menuisier, qui ne perd pas de vue le critère «prix». Nous lui faisons confiance». Le bois compressé MDF est particulièrement apprécié «parce qu’il est plus lisse et qu’une fois patiné, il donne un bel effet». Détail pratique qui a son importance : tous les objets signés La Patine peuvent être dépoussiérés à l’aide d’une serviette mouillée. L’atelier de Shirine Massoud et Dalal Toubia est devenu un lieu de rendez-vous où les amis passent boire un café. «Nous travaillons avec beaucoup de plaisir et à notre rythme. Ce passe-temps agréable nous permet de gérer notre temps en fonction de nos familles. Dans l’avenir, ce “hobby” pourrait évoluer, tout dépendra de l’importance qu’on voudra y accorder». Et de conclure qu’«on vit mieux dans les maisons aux meubles patinés, surtout lorsqu’on a des enfants. On n’a plus peur qu’ils égratignent le mobilier, au contraire, cela l’embellit».
La Patine est le nom de l’atelier qu’elles ont lancé il y a deux ans, à Broummana, dans le sous-sol d’un immeuble face à l’hôtel Printania. C’est aussi plus qu’un simple passe-temps pour Shirine Massoud et Dalal Toubia qui créent et transforment mille objets en bois, exposés à la vente chez L’Artisan du Liban (Clémenceau et Accaoui), mais surtout à la boutique Saya (Aïn...