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Actualités - CHRONOLOGIES

Communautés - Rencontre aujourd’hui avec le speaker de la Chambre des représentants - Sfeir : « Nous voulons la paix avec nos voisins monothéistes »

Au troisième jour de sa visite à Washington, treizième étape de sa tournée pastorale des États-Unis, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a pris part à un déjeuner organisé par l’évêché maronite, en présence de sénateurs et de membres de la Chambre des représentants, qu’il a exhortés à convaincre le gouvernement américain à venir en aide politiquement et économiquement au Liban. La veille, lors d’une conférence de presse destinée à exposer les objectifs de son périple, il avait déclaré que les Libanais «veulent la paix vraie et globale avec leurs voisins amoureux de la culture et des arts et adorateurs d’un Dieu unique». Pour la première fois depuis son arrivée aux États-Unis le 13 février, le patriarche maronite a eu l’occasion, hier dans la capitale fédérale, d’avoir des entretiens avec des représentants de la classe politique américaine. Il est vrai que depuis le début de sa tournée, Mgr Sfeir répète que son voyage est strictement d’ordre pastoral, mais le choix de l’étape washingtonienne démontre, en dépit de la présence d’une importante colonie libanaise dans cette ville, que la dimension politique n’en est pas étrangère. La présence sur les bords du Potomac donne aussi à la visite un caractère nettement plus médiatisé. Depuis son arrivée à Washington lundi soir, le patriarche a donné plusieurs interviews, notamment au Washington Post et à CNN. Pour ce qui est de la rencontre avec les députés et les sénateurs américains, organisée par l’évêché maronite de Brooklyn, qui couvre également le diocèse de Washington, elle a eu lieu au Capitole même et a été précédée d’un déjeuner. À cette occasion, le prélat a exposé aux parlementaires américains la situation au Liban «sous tous ses aspects», a-t-on indiqué dans son entourage. Il a en outre demandé au Congrès d’«aider le Liban à sortir de sa double crise politique et économique et à lui permettre de recouvrer son indépendance, sa souveraineté et sa liberté de décision, sans tutelle aucune». Aujourd’hui jeudi, Mgr Sfeir doit rencontrer le speaker (président) de la Chambre des représentants. En revanche, une entrevue avec des responsables de l’Administration américaine, et notamment avec le président George W. Bush, demeure incertaine. Une dignité perdue Mardi matin heure de Washington, le patriarche et la délégation qui l’accompagne avaient pris part à une réunion au Centre catholique des congrès, en présence de plusieurs prélats catholiques, parmi lesquels le secrétaire général de l’épiscopat américain, Mgr William Fay. Après avoir remercié l’Église catholique des États-Unis pour son soutien au Liban, Mgr Sfeir a évoqué la situation au Liban, rappelant les points soulevés dans le communiqué des évêques maronites le 20 septembre dernier. «Nous avions dit à l’époque que nous voulions établir de bonnes relations avec nos voisins après l’instauration de la paix dans la région. Mais nous estimons que dans l’intervalle, il est de notre droit de sentir que nous sommes responsables de nous-mêmes, de la gestion de nos affaires intérieures», a-t-il déclaré. «Il est aussi de notre droit de nous sentir indépendants, souverains, libres dans nos décisions, sans personne pour nous les dicter», a-t-il ajouté. «Dans la réalité, nous avons l’impression d’avoir perdu notre dignité nationale, et nous vivons une situation qui pousse nos jeunes massivement vers l’émigration», a-t-il dit. Selon lui, «près d’un million de Libanais ont quitté leur pays au cours des dix dernières années. Aujourd’hui, chaque mois, il y a dix mille à quinze mille jeunes diplômés qui s’en vont à l’étranger à la recherche d’un travail». «Si nous continuons ainsi, un jour viendra où il n’y aura plus de témoignage chrétien en Orient en général et au Liban en particulier, ce Liban qui fut un abri pour les chrétiens d’Orient en raison du climat de liberté qui y régnait», a averti le patriarche. Il a répété que, selon lui, «le problème au Liban n’est pas entre chrétiens et musulmans, parce qu’ils ont déjà vécu ensemble en paix tant que nul ne s’ingérait pour nourrir les dissensions entre eux». Mgr Sfeir devait par la suite tenir une conférence de presse pour exposer les objectifs de son périple. Aux côtés des aspects purement pastoraux, il a indiqué que le but du voyage était également de «renforcer les fondements des liens fraternels et de la communauté de valeurs qui nous unissent avec le peuple américain, à savoir la liberté, la démocratie et le respect des droits de l’homme». Comme à chaque occasion, il a une fois de plus exprimé son souhait «de voir le Liban à nouveau respecté au sein de la famille internationale, un Liban libre dans le choix de son destin, indépendant de toutes les forces non libanaises, un Liban souverain et capable de mener à bien l’expérience de la démocratie fondée sur la coexistence de diverses cultures et religions». La mission de Boutros Mais la visite a aussi pour objectif de «rappeler au monde l’existence de la résolution 520 et des accords de Taëf, dont les Libanais attendent toujours l’application intégrale», a-t-il dit. «La non-application de ces accords a provoqué la dégradation de la vie politique au Liban et davantage de crises sociale et économique», a-t-il souligné. Le patriarche a également abordé la situation des habitants de la bande frontalière après le retrait israélien. «Certains d’entre eux croupissent en prison et d’autres ont été poussés à l’exode, alors que des femmes et des enfants se sont retrouvés sans ressources», a-t-il lancé. «Nous sommes venus dire au peuple américain que le peuple libanais souhaite, tout comme lui, la paix vraie et globale avec ses voisins amoureux de la culture et des arts et adorateurs d’un Dieu unique» Interrogé sur Taëf, il a souligné que «seulement ce qui convenait au pouvoir a été appliqué. Ce qui ne lui convenait pas ne l’a pas été». Au sujet de la dernière visite à Damas de l’ancien ministre Fouad Boutros, le patriarche a indiqué ne pas avoir obtenu jusqu’ici d’information et s’est refusé à dire si M. Boutros était porteur d’un message de Bkerké, se contentant de lui rendre hommage. «Nous avons parlé avec lui à plusieurs reprises. Il est conscient plus que quiconque de la situation, parce que c’est un homme intelligent, expérimenté et un grand patriote. Nous n’avons aucun doute dans sa capacité de négociation». Sur un autre plan, le patriarche a consacré l’après-midi de mardi à une cérémonie de pose de la première pierre d’une église et à l’inauguration d’une annexe de l’école séminariste maronite de Washington. En soirée, un dîner a été offert en son honneur en présence de nombreux membres éminents de la colonie libanaise et de l’ambassadeur du Liban à Washington Farid Abboud.
Au troisième jour de sa visite à Washington, treizième étape de sa tournée pastorale des États-Unis, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a pris part à un déjeuner organisé par l’évêché maronite, en présence de sénateurs et de membres de la Chambre des représentants, qu’il a exhortés à convaincre le gouvernement américain à venir en aide...