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Actualités - BIOGRAPHIES

Plusieurs postes mais un seul métier : négociateur

Boutros Boutros-Ghali ou le citoyen universel qui n’a jamais perdu courage. Réservé sans être froid, l’un des grands intellectuels du monde arabe, croit aux idées qu’il défend. De la paix dans le monde au respect de la pluralité culturelle. Probablement pessimiste par nature, il compare son parcours au mythe de Sisyphe et estime que «si les tâches à remplir étaient faciles, la vie serait bien ennuyeuse». Boutros-Ghali, africain et arabe, copte marié à une juive, croit que «les valeurs ne sont pas le propre d’une civilisation donnée». «Elles sont universelles et c’est aux différents groupes régionaux à essayer de les défendre de les développer suivant des méthodes différentes», dit-il. D’ailleurs, bien qu’il défende son appartenance francophone, il rappelle qu’il est aussi bien arabophone et anglophone. Pourtant, le fait d’appartenir au monde arabe et d’avoir reçu une éducation francophone, l’a empêché de concilier ses principes avec la politique américaine au sein des Nations unies et a fait obstacle à la prolongation de son mandat à la tête du secrétariat général de l’organisation internationale. «J’ai tenu tous mes discours en anglais mais il n’ont pas voulu conserver un Arabe à cette position», indique M. Boutros-Ghali en soulignant : «Ils m’ont reproché, et me reprochent toujours d’avoir été propalestinien, pro-irakien…», en d’autres termes d’être proarabe. L’ancien ministre d’État égyptien aux Affaires étrangères n’aime pas être présenté comme «un grand de ce monde». «On laissera cette tâche aux historiens», dit-il. Selon lui, bien qu’il ait occupé divers postes, il a exercé un seul métier : «négociateur». Un négociateur qui a œuvré pour la paix. Que peut-on faire justement pour la culture de la paix dans cette partie du monde ? «Jusqu’à présent, il n’existe pas, dans le monde entier, des règles pour trouver des solutions aux conflits. Nous ne sommes pas encore parvenus dans ce domaine à créer une science précise comme la chirurgie, par exemple», indique-t-il. Et de souligner que, «sur le plan international, chaque conflit a sa propre spécificité, une affaire qui rend les choses très difficiles. L’on peut cependant profiter parfois de l’expérience passée». Quel conseil peut-il donner aux peuples en conflit ? De ne jamais arrêter les négociations malgré les accidents de parcours. «Vous pouvez négocier durant deux ans et puis un accident arrive et vous êtes à nouveau à la case départ», indique l’ancien ministre d’État égyptien aux Affaires étrangères. Et de déclarer : «Il ne faut jamais perdre courage et recommencer sans jamais baisser les bras». «J’ai toujours comparé mon travail au mythe de Sisyphe. Et, tout comme Sisyphe, je n’ai jamais perdu courage», dit-il. Formation académique M. Boutros-Ghali n’estime pas qu’il a effectué un parcours assez particulier. Ministre d’État égyptien aux Affaires étrangères, il devient durant quelques années secrétaire général des Nations unies, pour être en charge ensuite de l’Organisation internationale de la francophonie. «Il y a une continuité dans mon travail» indique-t-il. Et d’expliquer que c’est grâce à sa formation académique, aux cours de droit et de relations internationales qu’il a dispensés, à sa «préparation universitaire» qu’il a été amené à négocier divers accords (Camp David, Taba...). «Ma formation universitaire a beaucoup facilité ma tâche», indique-t-il. Le secrétariat général des Nations unies ne représentait pas «le couronnement» de sa carrière. «C’était le prolongement du métier que j’exerçais auparavant», souligne-t-il. «Mon poste a changé mais toute ma vie j’ai exercé le même métier». En évoquant les diverses négociations auxquelles il a pris part, M . Boutros-Ghali souligne notamment leur «caractère secret». Il préfère parler des cours qu’il a donnés et de ses diverses publications. Un rien de fierté dans la voix, il indique que «l’Unesco consacre des éditions à tous les vieux professeurs comme moi. L’organisme a publié deux volumes de 2000 pages sur les diverses études que j’ai faites». Et de poursuivre que «l’université de Yale conjointement avec les Nations unies publiera deux volumes qui regroupent toutes mes conférences et mes interventions». «Ce sont des publications très techniques mais au moins elles pourraient aider les étudiants», ajoute-t-il. M. Boutros-Ghali, qui estime que l’injustice est un sentiment auquel on n’échappe pas quand on vient d’un pays pauvre, possède la capacité de tout relativiser. Il est même capable de raconter une anecdote pour se faire comprendre. «Quand les journalistes égyptiens sont venus me rendre visite à New York, ils n’ont pas apprécié mon bureau. Ils m’ont dit que le bâtiment du ministère des Affaires étrangères du Caire est de loin plus beau que le Palais de verre», rapporte-t-il. En fait, que son bureau soit au Caire ou à New York, M. Boutros-Ghali, tout au long de sa vie a exercé un seul métier : celui de négociateur. Et, selon lui, «au quotidien, tous les métiers se ressemblent».
Boutros Boutros-Ghali ou le citoyen universel qui n’a jamais perdu courage. Réservé sans être froid, l’un des grands intellectuels du monde arabe, croit aux idées qu’il défend. De la paix dans le monde au respect de la pluralité culturelle. Probablement pessimiste par nature, il compare son parcours au mythe de Sisyphe et estime que «si les tâches à remplir étaient faciles, la vie...