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Actualités - CHRONOLOGIES

IIe FESTIVAL DU CONTE ET DU MONODRAME - Ce soir, au Monnot - « La prose du Transsibérien », de Cendrars, un beau et grand voyage

Accompagné par Pierre Gauthier à la batterie, le Suisse Jacques Probst récitera ce soir au Monnot le poème de Blaise Cendrars, La prose du Transsibérien. Une performance originale, d’une heure, entre théâtre, conte et concert. À ne pas manquer. C’est à l’âge de 14-15 ans que Jacques Probst, auteur, metteur en scène et comédien, découvre La prose du Transsibérien de son compatriote Blaise Cendrars, dans une anthologie de la poésie française qu’on lui avait offerte à l’école. Immédiatement subjugué, il l’enregistre pour ses parents sur un vieux magnétophone Philips, à l’occasion de l’anniversaire de son père. À 22 ans, il joue cette œuvre au théâtre, avec un quartette de jazz, dont Pierre Gauthier – qui l’accompagne aujourd’hui à Beyrouth – était le batteur. Rebelote douze ans plus tard, avec Pierre Gauthier et un accordéoniste. Le trio se produit en Suisse, en Allemagne et en France. Douze autres années passent et revoilà Probst et Gauthier sur scène, mais seuls cette fois-ci, comme ce le sera dorénavant. La prose du Transsibérien récité par Probst, «s’apparente presque à une sorte de concert dans lequel Pierre tient la section rythmique et moi la ligne mélodique, mais sans chanter, indique Jacques Probst. Je travaille souvent avec des musiciens sur des textes que j’écris moi-même, pour ne pas être seul sur scène. Mais cette performance se rapproche aussi du conte dans le sens que le poème raconte une histoire, très claire, pas du tout hermétique. «Nous partons de Moscou, avec le train, et nous faisons tout le voyage : les escales, les convois croisés, les plaines sibériennes… Je ne conte pas mais récite un texte écrit. Je n’improvise rien, contrairement à Pierre Gauthier qui n’a aucune partition devant les yeux». À part un prénom oriental de femme ajouté à la fin du poème, «parce que nous sommes à Beyrouth», Probst colle donc au texte «à la virgule près». Un texte qu’il aime toujours autant, sinon plus, et qui est son «poème de chevet» depuis toujours. «J’aime Cendrars en général, le personnage et toute son œuvre, insiste-t-il. C’est un Suisse comme je les aime, un grand voyageur. La Suisse est un petit pays très fermé par les montagnes et par la mentalité ; un pays presque sans racines. Mais ceux qui s’en vont voyagent très bien, parce qu’ils se sentent bien partout. Personnellement, je n’ai aucun sentiment patriotique, et j’ai trouvé plus d’affinités avec moi-même dans des pays comme le Maroc ou l’Écosse qu’en Suisse, à part la montagne». Adolescent, Probst écrivait des poèmes. À 18 ans, il écrit sa première pièce qui est «montée» en Suisse par des metteurs en scène. Aujourd’hui, il en a environ 25 à son actif, et toutes ont été jouées à Genève, Lausanne, Paris, Lyon, Bruxelles…, toujours en français. Côté mise en scène, il a signé celles de trois pièces qu’il a écrites, mais cette expérience ne lui a pas vraiment apporté entière satisfaction. Enfin, en tant que comédien, – et l’homme de théâtre se reconnaît surtout en comédien – Jacques Probst ne joue pas ses pièces mais plutôt celles des autres, notamment des œuvres de Pinter, Beckett ou Shakespeare (les Britanniques étant ses préférés), mais aussi de Kleist ou Schnitzler… Cent pour cent improvisation De La prose du Transsibérien de Cendrars, œuvre d’avant-garde écrite en 1913, il pourrait parler longtemps, avec le même enthousiasme. «Lorsque cette pièce a été éditée à Paris, c’était comme une immense explosion de lumière. Elle a été applaudie par tous les grands poètes et l’intelligentsia de l’époque, poursuit Probst. Quant à Pierre Gauthier et moi-même, nous serons toujours prêts à la “dire” sur scène, à chaque opportunité qui nous sera offerte». Jusqu’à ce que mort s’ensuive… «D’autant que cela nous permet de voyager, et nous aimons beaucoup cela». Pour Pierre Gauthier, accompagner Probst sur scène «c’est comme jouer avec un saxophoniste, un pianiste et un contrebassiste mais surtout pas avec un chanteur. Il me fait penser à un petit orchestre». Le texte de Blaise Cendrars lui sert de partition, et il le connaît aussi bien que Probst «ce n’est d’ailleurs pas par hasard que le grand écrivain a dédié cette œuvre aux musiciens, note-t-il, comme cela est indiqué en exergue du poème. Lorsque j’entends Jacques Probst dire son poème, j’entends toute la mélodie, toutes les césures, et puis il y a comme un miracle qui s’accomplit parce qu’il entend à son tour mon tempo et s’en sert, et cela me fait voyager». Musicien de jazz uniquement, «et de jazz moderne si possible», Pierre Gauthier travaille également dans le bâtiment «parce qu’en Suisse, le jazz ne nourrit pas son homme. Je ne fais que de la musique improvisée ; je répète très peu». Mercenaire, il ne fait partie d’aucun orchestre mais n’hésite jamais à voyager pour rejoindre une formation qui lui plaît et qui l’invite à venir la joindre sur scène. Pour Jacques Probst et Blaise Cendrars aussi, Pierre Gauthier répondra toujours présent. «Je fais partie de la scène, du décor», dit-il. Et le plaisir est toujours là, toujours renouvelé.
Accompagné par Pierre Gauthier à la batterie, le Suisse Jacques Probst récitera ce soir au Monnot le poème de Blaise Cendrars, La prose du Transsibérien. Une performance originale, d’une heure, entre théâtre, conte et concert. À ne pas manquer. C’est à l’âge de 14-15 ans que Jacques Probst, auteur, metteur en scène et comédien, découvre La prose du Transsibérien de son...