Passe(pas)port

Le Liban est un pays à vocation touristique, entend-on dire à tout bout de champ. Un tapage médiatique annonce en grande pompe chaque année l’avènement du mois des soldes, le «Fab Feb». Ce mois qui n’a de «Fabulous» que son nom a pourtant séduit un jeune étudiant italien qui a pris l’avion des Pays-Bas au pays du Cèdre. Un nuage noir est cependant venu faire avorter les vacances de Marco. Adolescent, Marco avait accompagné son père en Israël pour assister à une conférence sur la médecine. Ayant ainsi «collaboré» avec l’ennemi sioniste, Marco a été immédiatement expulsé de notre terre «hospitalière» dont les autorités ont omis de préciser, en vantant les mérites du Liban, une condition administrative plus que discrète mais pourtant indispensable à l’entrée des touristes : à savoir, un passeport vierge de toute inscription en hébreu. Est-ce si simple que ça ? Bien sûr, Marco n’a qu’à faire comme n’importe quel Israélien désireux de visiter le pays lointain d’à côté : obtenir un autre passeport ! À une différence près, Marco n’est pas Israélien ; de surcroît, sa patrie, l’Italie, n’est autre que le principal pays donateur de l’hôte ingrat ainsi que son premier partenaire commercial. Pays surendetté ? Économie en récession ? On s’en moque ; les touristes ayant transgressé la sacro-sainte, et pourtant facilement contournable, loi du boycottage d’Israël ne sont pas les bienvenus ; même si cette loi pénalise davantage le Liban que son ennemi.