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Actualités - CHRONOLOGIES

MÉDIAS - Gabriel Murr : « La nécessité de ne pas toucher aux tribunes d’information est absolue » - « La MTV devra présenter des excuses, et le général Aoun sera poursuivi », selon la Sûreté générale

Première question : va-t-on engager des poursuites judiciaires contre l’ancien Premier ministre Michel Aoun, pour les propos qu’il a tenus en direct lundi soir sur la chaîne de télévision privée MTV ? Deuxième question : va-t-on engager des poursuites judiciaires à l’encontre de cette même MTV ou contre le journaliste qui interviewait le général en exil à Paris ? Ce qu’il y a d’absurde, d’ubuesque même, s’agissant des lois libanaises, c’est cette espèce de flou artistique particulièrement bien ciselé qui entoure un grand nombre d’entre elles, les transformant en une sorte d’épée de Damoclès, agitée assez régulièrement au-dessus de la tête des institutions et des hommes par on-ne-sait-pas-toujours-bien-qui. Et encore une fois, c’est la presse qui risque d’en pâtir. La loi sur l’information – puisque c’est d’elle qu’il s’agit – n’évoque absolument pas le cas d’atteintes ou de diffamations à l’égard du président de la République ou de chefs d’État amis, lorsqu’elles sont proférées au cours d’une émission télévisuelle en direct. Or c’est ce qui s’est passé lundi soir sur la MTV, lors de l’interview du général Aoun par notre confrère Élie Nakouzi. Il ne s’agit absolument pas de décider dans quelle mesure les propos de l’ancien chef du gouvernement militaire sont diffamatoires : le parquet s’en chargera dans les jours qui viennent. C’est la question des poursuites éventuelles qui occupe le centre des débats, et les avis, tant de Gabriel Murr, le propriétaire de la MTV, que des sources confirmées à la Sûreté générale, divergent, évidemment. Gabriel Murr «Pour l’instant, il n’y a rien d’officiel. Le dossier est toujours chez le juge Addoum qui conclura soit en poursuivant le général Aoun, soit la MTV, soit les deux. Dans tous les cas, la loi sur l’information, élaborée par une commission présidée par Michel Murr, est mal faite, elle doit être amendée : elle ne dit rien à propos des émissions faites en direct. Elle ne parle que des atteintes à l’encontre du chef de l’État, des présidents des pays amis, etc. Et si l’occasion leur avait été présentée, ils auraient ajouté à la loi une clause impérative : le respect de l’unité des volets…», a ironisé Gabriel Murr, dans un entretien téléphonique avec L’Orient-Le Jour. Insistant sur le concept de «MTV tribune libre et qui doit le rester», il a assuré qu’«aucune exception ne sera faite dans l’information à faire passer aux téléspectateurs libanais et étrangers. Si quelqu’un a commis une erreur, il doit être poursuivi, mais ce n’est pas le cas de la MTV», a-t-il souligné. Vous considérez que le général Aoun a commis une erreur sur votre antenne ? «Je n’ai pas d’opinion personnelle par rapport au général. Ce que je sais, c’est qu’à la MTV, nous respectons toutes les institutions étatiques ou religieuses, et nous ne sommes pas responsables des paroles de nos invités». Comment réagiriez-vous en cas de poursuites ? «Nous les accepterons. Nous obéissons à la loi, nous irons jusqu’au bout et nous sommes prêts : une trentaine d’avocats de renom nous ont d’ailleurs proposé leur contribution. La plupart des médias nous ont assurés de leur soutien, une quinzaine de députés également». Toutes confessions confondues ? «Absolument. Parce que c’est une question de principes. Ils sont peut-être tout à fait opposés à ce qu’a dit le général Aoun, mais ce qui prime, c’est la nécessité absolue de ne pas toucher aux tribunes d’information. Si l’opinion avait été donnée par la MTV, j’aurais compris les poursuites». Pensez-vous qu’Élie Nakouzi a perdu le contrôle de son émission, ou qu’il a provoqué tout ça ? «Il n’a rien provoqué du tout. Et nous sommes complètement solidaires de lui». Vous avez pris des contacts – officieux – pour éviter ces poursuites ? «Je n’ai rien demandé à personne. Et puisque vous me demandez mon opinion, je pense qu’il n’y aura pas de poursuites contre la MTV. Personne n’irait contre la presse, écrite ou audiovisuelle, parce que c’est la raison de l’existence du pays. Du moins jusqu’à nouvel ordre». Est-ce que la MTV va présenter des excuses ? «Non, pourquoi ? Nous ne sommes pas impliqués. Nous suivons la loi et nous respectons les institutions. Pourquoi la Jazira aurait-elle plus de libertés ? S’ils veulent retourner au temps de Goebbels et de Staline, eh bien nous fermerons boutique. Sans problème. On a fait notre devoir d’information, et que chacun assume ses responsabilités. Personne n’a rien dit à Assem Kanso, ou au PSNS lorsqu’ils s’en sont pris à l’ancien président Béchir Gemayel. L’information est pour tous. Nous allons simplement préciser les choses, au début de notre journal télévisé». Et c’est ce qui a effectivement été fait : en prologue au JT, la bonne foi a été plaidée, le respect de la personne du chef de l’État et de la présidence de la République ont été garantis, et l’accent a été mis sur l’indispensable nécessité de préserver la liberté de la presse. La Sûreté générale L’Orient-Le Jour a également tenu à interroger des sources à la Sûreté générale. «Notre rôle est maintenant fini : nous avons attiré l’attention du parquet général de la Cour de cassation. Nous nous intéressons aux faits, nous ne sommes pas une police judiciaire, nous informons le juge qui, après recherches, décidera d’engager des poursuites ou pas». Et il le fera ? «Il est clair qu’il y a eu diffamation à l’encontre du chef de l’État, comme de la présidence de la République. Nous n’avons pas le droit de nous arrêter aux opinions politiques. Nous nous occupons uniquement de ce qui se rapporte au président de la République». Vous ne prenez pas en considération le fait que c’était en direct ? «En direct ou pas, il aurait fallu une autre réaction. (Élie) Nakouzi aurait dû être plus affirmatif dans ses reproches, plus catégorique. Et puis au lieu de se protéger uniquement, il aurait dû protéger le chef de l’État. À quatre reprises, il a argué que les questions n’étaient pas de lui. Ce n’est pas professionnel, ça». Que va-t-il se passer par rapport à la MTV ? «La MTV va présenter des excuses, comme le font tous les médias en pareils cas. Oui, je pense que la justice prendra en compte ces excuses, alors il n’y aura pas de poursuites contre la chaîne. Mais vous savez, l’immunité d’un homme politique ne s’étend pas au média, quel qu’il soit». Et par rapport au général Aoun ? «Le parquet va traduire juridiquement les propos du général. Et comme il y a eu diffamation personnelle à l’égard du chef de l’État, il y aura peines d’amende et de prison. Par contumace, évidemment. Oui, il y aura des poursuites contre le général Aoun et tout cela est indépendant du dossier qui le concerne».
Première question : va-t-on engager des poursuites judiciaires contre l’ancien Premier ministre Michel Aoun, pour les propos qu’il a tenus en direct lundi soir sur la chaîne de télévision privée MTV ? Deuxième question : va-t-on engager des poursuites judiciaires à l’encontre de cette même MTV ou contre le journaliste qui interviewait le général en exil à Paris ? Ce...