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Actualités - REPORTAGES

MUNICIPALES - Désignation dans le calme de cinq nouveaux conseillers Le scrutin de Jounieh se transforme en lutte politique

Jounieh a récidivé : la capitale du Kesrouan a réussi une seconde fois le pari d’avoir des élections calmes, en dépit de conflits politiques aigus. En effet, les accusations échangées ces derniers jours par les parties adverses, l’une soutenue par le député Rochaid el-Khazen, l’autre par l’ancien ministre Georges Frem, ont continué à envenimer le climat politique. Mais une proportion de 30 à 40 % d’électeurs se sont dirigés vers les urnes pour élire cinq membres de la municipalité, sans qu’aucun incident ne soit signalé. Les élections partielles pour cinq sièges à la municipalité ont été organisées à la demande de M. Rochaid el-Khazen à la suite du décès du président, Haïkal el-Khazen, et d’un autre membre, Victor Abou-Chabké, ainsi que de la démission de trois autres. C’est alors que le conflit a éclaté entre celui-ci et ses alliés des dernières élections municipales, les Frem. Toute possibilité d’accord a été abandonnée la semaine passée et deux listes ont été créées, l’une présidée par Farid el-Khazen, le fils du président défunt. Le député Khazen a répété hier qu’après avoir déclaré qu’aucun des membres de sa famille ne serait candidat, «la liste adverse a été annoncée et mon neveu a décidé de se présenter aux élections pour couper court aux rumeurs qui m’accusaient d’avoir reçu de l’argent des Frem pour ne plus participer à la bataille». D’autre part, une source proche de Georges Frem a souligné que c’est la constitution de la liste adverse qui a surpris celui-ci. Quoi qu’il en soit, les accusations et les contre-accusations portaient aux yeux des Khazen sur l’hégémonie politique, et pour les Frem sur une volonté de domination financière «pour faire passer un grand projet d’expropriations à Jounieh». Les alliances politiques des deux parties se sont plus ou moins clarifiées au cours des jours précédant les élections : la liste présidée par Farid el-Khazen a reçu l’appui du député Farès Boueiz ainsi que celui du Parti national libéral et du parti Kataëb rallié à l’ancien président Amine Gemayel. Des sources proches des Frem ont assuré que leur liste n’avait pas d’appui politique extérieur, démentant ainsi les insinuations de leurs adversaires sur le fait qu’ils jouissent de l’appui du pouvoir. Le courant aouniste a cependant pris part à la campagne de la seconde liste. La tension a culminé samedi quand le député Rochaid el-Khazen a déclaré : «Des centres d’achat de voix ont été établis dans la ville et nous aurons recours à l’auto-sécurité si l’État ne règle pas cette question». Il a demandé aux forces de l’ordre de veiller au respect des lois en vigueur. Sécurité renforcée Son appel a été entendu. Hier, en effet, le dispositif de sécurité était important dans la ville. Aucun incident, même mineur, n’a été signalé tout au long de la journée d’élections. Autre fait marquant : c’est le ministre de l’Intérieur lui-même qui a décidé de superviser les élections, insistant sur le fait que «l’État est neutre et les personnes qui le désirent peuvent déposer une plainte au comité qui leur donnera les suites qui s’imposent». M. Murr a fait la tournée des 34 bureaux de vote, demandant aux directeurs et aux délégués de lui décrire l’ambiance des élections. Ceux-ci lui ont assuré invariablement que l’atmosphère était calme et qu’aucun incident n’avait été signalé. À la demande du député Khazen, des agents de l’ordre ont été dépêchés dans les points soupçonnés par lui de servir à l’achat de voix. Mais aucune preuve de ces affirmations n’a été établie. M. Murr a tenu une conférence de presse au sérail de Jounieh. Il a expliqué que «le caïmacam du Kesrouan sera remplacé par le mohafez du Mont-Liban pour la direction de ces élections contrairement à l’usage, afin qu’il ne soit pas dit que le premier, bien que connu pour son honnêteté, appuie une partie contre l’autre». Pour sa part, au cours de la conférence de presse qu’il a tenue après avoir accompli son devoir d’électeur, M. Rochaid el-Khazen a déclaré qu’il coopérerait avec les élus, quels qu’ils soient. «On nous accuse de féodalisme alors que nous vivons en harmonie avec les gens et partageons tout avec eux», a-t-il dit. Une source proche de la famille Frem a répondu aux accusations de M. Khazen. «Quels que soient les résultats, ce que cette bataille aura prouvé, c’est que les rumeurs ne peuvent survivre à l’ère d’Internet», a indiqué cette source. «Utiliser l’argent pour influencer les électeurs, c’est limiter la liberté des gens, ce qui est contraire aux principes des membres de notre liste. Le financement de notre liste a été assuré par des cotisations. Nous adoptons une transparence absolue». Et de poursuivre : «On a conseillé aux membres de la liste d’imposer leur avis sans se laisser intimider. Ces élections auront prouvé que l’État de droit existe bel et bien et cela redonnera confiance aux citoyens». Quoi qu’il en soit, l’élection des cinq membres décidera de la physionomie du conseil municipal mais celui-là restera en quelque sorte divisé. Mais il est certain que le vote des habitants de Jounieh sera un indicateur de leur façon de penser ; et il faudra désormais en tenir compte dans les prochaines élections législatives.
Jounieh a récidivé : la capitale du Kesrouan a réussi une seconde fois le pari d’avoir des élections calmes, en dépit de conflits politiques aigus. En effet, les accusations échangées ces derniers jours par les parties adverses, l’une soutenue par le député Rochaid el-Khazen, l’autre par l’ancien ministre Georges Frem, ont continué à envenimer le climat politique....