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Actualités - ANALYSE

Réforme et poursuites judiciaires L'opposition affûte ses armes

Maintenant que le débat sur le budget s’est terminé sur un score gouvernemental étriqué, l’opposition compte pousser ses avantages en axant ses attaques sur la réforme administrative et sur les initiatives judiciaires du pouvoir. Le gouvernement pour sa part se dit déterminé à aller de l’avant. Il veut procéder à une large opération d’épuration, fondée selon lui sur de solides dossiers établis par les organismes de contrôle. Puis il entend effectuer un vaste mouvement administratif, une rotation complète au niveau des postes-clés de la première catégorie. Parallèlement, des ministres croient savoir que la magistrature serait également réformée en profondeur, tant au niveau du personnel qu’à celui de l’organisation de l’appareil dans son ensemble. Cette indication laisse toutefois assez sceptiques les spécialistes qui ne voient pas comment on peut toucher à une construction aussi complexe sans changer le code de procédure dont elle découle. Toujours est-il que les loyalistes, oubliant les pressions des décideurs en faveur de l’apaisement, soutiennent qu’ils sortent vainqueurs du débat sur le budget. Ils relèvent que l’opposition n’a pas pu mettre l’occasion à profit pour mobiliser l’opinion contre le Cabinet sur des thèmes comme le rejet des chiffres budgétaires ou du plan dit quinquennal. Ils affirment qu’au lieu de recevoir des buts dans ses filets, le président Hoss en a marqué dans ceux du président Hariri qu’il a violemment attaqué dans sa diatribe finale place de l’Étoile. Un «exploit» qu’un député pourtant loyaliste, mais modéré, regrette «car, dit-il, M. Hoss était censé à cette occasion précise parler uniquement du budget. Il devait laisser le règlement de comptes politique pour dehors, vu qu’il aurait pu très bien après la séance faire devant la presse la déclaration concernant son conflit avec M. Hariri. En transformant la tribune de la Chambre en lice de catch personnel, le président du Conseil a indisposé toute l’Assemblée. Et donné un prétexte en or à nos adversaires pour nous attaquer de plus belle. Car après son intervention, ils ont couru à Damas se plaindre qu’il ne respectait pas la trêve conseillée par les Syriens». De fait, les opposants semblent déterminés à user maintenant de leur droit de riposte. Et ils s’organisent en conséquence. Selon un ministre, «M. Hariri a mis sur pied un service spécial qui élabore, coordonne, supervise, diffuse et médiatise les attaques des uns et des autres contre le gouvernement». Une assertion qui cadre mal en réalité avec le profil discret qu’adopte l’ancien chef du gouvernement qui évite pour sa part toute prestation tonitruante. M. Hariri, a-t-on noté, n’a pas répliqué à M. Hoss quand ce dernier l’a pris à partie. Et il n’a pas non plus pris la parole lors du débat sur le budget. «Il a trop de dignité pour cela», soutient un de ses amis politiques qui reconnaît cependant que «M. Hariri est l’animateur principal de l’opposition. Au fur et à mesure que l’on se rapprochera des élections législatives de l’an 2000 son influence grandira. Car il est le seul leader libanais à avoir une dimension vraiment nationale, à pouvoir intervenir dans presque toutes les circonscriptions du pays, à des degrés variables». Sauf si le pouvoir s’arrange pour lui rogner les ailes, à travers un nouveau découpage des circonscriptions. Il reste cependant que la perspective des élections est susceptible de beaucoup renforcer l’opposition. Car nombre de pôles, inquiets pour des positions privilégiées que le nouveau découpage menacerait, seraient tentés de joindre leurs efforts à ceux de M. Hariri pour combattre le pouvoir. Déjà, on le sait, il y a des tensions entre MM. Nabih Berry et Sélim Hoss. À cause de questions comme l’immunité parlementaire ou l’épuration administrative qui toucherait cette fois les amalistes. Mais aussi à cause de l’intention qu’on prête au pouvoir de vouloir fractionner électoralement le fief sudiste de M. Berry, pour le priver d’une bonne partie de ses effectifs parlementaires.
Maintenant que le débat sur le budget s’est terminé sur un score gouvernemental étriqué, l’opposition compte pousser ses avantages en axant ses attaques sur la réforme administrative et sur les initiatives judiciaires du pouvoir. Le gouvernement pour sa part se dit déterminé à aller de l’avant. Il veut procéder à une large opération d’épuration, fondée selon lui...