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Actualités - ANALYSE

DOSSIER RÉGIONAL - En attendant la tournée d'Albright Les vues de Barak accueillies avec méfiance à Beyrouth

Chat échaudé craint l’eau froide. Par un réflexe que justifient tant de duperies israéliennes antérieures, c’est avec méfiance que Beyrouth accueille les prédictions de Barak sur une paix régionale qui serait conclue dans 15 mois. Un responsable local estime ainsi que «les Arabes doivent faire très attention. Car cet optimisme du dirigeant travailliste résulte de ses entretiens avec Clinton, qui lui apporte donc son appui. Avec la complicité active des Américains, leurs grands amis, les Israéliens risquent fort d’imposer à leurs voisins une capitulation camouflée en paix». Pour cette personnalité, «il faut d’abord, du côté arabe, s’évertuer de percer les intentions israélo-américaines et de retracer le contour du plan qui est envisagé par le tandem Barak-Clinton. Peut-être que le président Assad, au cours de la rencontre qu’il devrait avoir bientôt avec le chef de la Maison-Blanche, pourrait en savoir plus. Il faut ensuite serrer les rangs et se concerter activement entre Syriens, Jordaniens, Libanais et Égyptiens pour faire face sur le plan diplomatique, sans ôter à la paix sa chance». Et d’affirmer que «dans l’interview accordée à la CNN, Barak prouve par ses déclarations qu’il veut prendre avant de rien donner. Il veut tout obtenir en premier lieu de la Syrie : le Liban, les eaux, l’ouverture des frontières, l’échange d’ambassadeurs, les mesures de sécurité, le système de préalerte, la coopération économique. C’est seulement ensuite qu’il accepterait de négocier un retrait du Golan. Et encore, il prend la précaution de préciser qu’il s’agirait d’un «compromis» territorial dont «l’étendue devrait être examinée». En d’autres termes, il n’envisage qu’une restitution partielle du haut plateau». Pour la source citée, «il est certes connu que lorsqu’on aborde des négociations, on fait monter les enchères. Mais Barak place la barre si haut qu’il est inutile d’entrer en pourparlers avec lui. Ce qu’il dit revient en effet à imposer à la force du droit le droit du plus fort. Et il semble qu’il se soit acquis le soutien des États-Unis auxquels il est allé acheter 50 F-16». Selon cette personnalité, les Arabes doivent maintenant se concerter, parler avec les Américains et faire entrer en jeu les Européens. Du côté libanais, ajoute-t-elle, on va s’efforcer de savoir si la reprise des pourparlers sur les trois volets restants va être simultanée ou si les Palestiniens vont passer d’abord, comme le laisse entendre Barak. Beyrouth s’inquiète également de savoir, indique ce responsable, si un blocage du volet syrien signifierait qu’il n’y aurait pas de retrait israélien du Liban-Sud. Ou si Israël procéderait alors à ce que l’on appelle un retrait «unilatéral», en faisant assumer à la Syrie comme au Liban la responsabilité d’attaques éventuelles contre la Galilée. À noter à ce propos que Barak, en citant le Liban dans le cadre même du dossier syrien, a validé le concept de jumelage des deux volets, mais à sa manière. C’est-à-dire en faisant de la carte libanaise un élément de pression sur la Syrie, aux dépens potentiels du Liban. Qui se retrouve en quelque sorte dans la logique de solidarité qu’il a voulu adopter. Toujours est-il que la diplomatie arabe, égyptienne aussi bien que syro-libanaise, souhaite que, malgré ses évidentes sympathies pour Barak, Washington ne s’en tienne pas au rôle de chef de protocole que ce dernier veut lui réserver et intervienne activement dans le débat. Car cette diplomatie arabe se dit, à tort ou à raison, qu’après tout les Américains sont liés par les principes de la conférence de Madrid (la terre moyennant la paix) qu’ils ont eux-mêmes établis. Il est cependant difficile d’oublier que le cas échéant, les Américains sont tout à fait capables de négliger leurs engagements, comme on le voit depuis vingt et un ans déjà pour la 425… Toujours est-il que l’on attend maintenant, pour être mieux fixé sur les intentions américaines, la prochaine tournée régionale de Madeleine Albright. Et Beyrouth se demande s’il va avoir droit à une nouvelle visite du secrétaire d’État.
Chat échaudé craint l’eau froide. Par un réflexe que justifient tant de duperies israéliennes antérieures, c’est avec méfiance que Beyrouth accueille les prédictions de Barak sur une paix régionale qui serait conclue dans 15 mois. Un responsable local estime ainsi que «les Arabes doivent faire très attention. Car cet optimisme du dirigeant travailliste résulte de ses...