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Actualités - REPORTAGES

REPORTAGE - Nouvelles mesures à Masnaa Contrôle strict et lutte contre la corruption à la frontière libano-syrienne

Quelques heures au poste-frontière de Masnaa suffisent à donner une idée précise des relations entre le Liban et la Syrie. D’abord, le flot de voyageurs dans les deux sens est quasiment ininterrompu, de plus, il couvre un large éventail de la population. Il y a ainsi les «élégantes» désireuses de faire du shopping «populaire», les familles qui se retrouvent pour des occasions pas toujours heureuses – notamment un deuil – les hommes qui vont négocier des «affaires», les travailleurs à la recherche d’un petit job et les autres, dans le sens inverse, rentrant chez eux avec le pécule de la semaine. Il y a enfin ceux qui évoluent dans l’univers dit politique. Ils ont toujours «des rendez-vous aussi secrets qu’importants» et utilisent naturellement la voie militaire. Parmi tous ces «voyageurs», certains font le voyage régulièrement et sont devenus des habitués des postes-frontières, alors que d’autres sont encore novices et croient se rendre à la découverte d’un monde nouveau. Ils se présentent timidement au guichet de la Sûreté générale, croyant être défavorisés par rapport aux habitués qui achèvent les formalités en un tour de main, à coups de dollars discrètement glissés dans les papiers d’identité. Mais surprise, depuis un mois, le processus a été entièrement modifié. D’abord, il n’est plus possible de donner ses papiers d’identité à un chauffeur, garde du corps ou autre pour régler les formalités; chaque voyageur doit désormais se présenter lui-même au guichet. Sous la supervision d’un commissaire installé dans un bureau vitré, les fonctionnaires de la Sûreté générale vérifient chaque pièce d’identité et lorsque le cas est épineux, ils s’en réfèrent au commissaire. La Sûreté générale libanaise a donc décidé de contrôler strictement les entrées et sorties au poste-frontière, sans toutefois entraver la libre circulation des personnes en règle. Les fonctionnaires accordent même sur place des visas aux étrangers qui viennent d’Europe occidentale, des deux Amériques ou encore des pays du Golfe. Par contre, Égyptiens, Sri Lankais, Philippins, Soudanais et mêmes citoyens de l’Europe de l’Est ne peuvent plus entrer facilement au Liban par Masnaa sans visa obtenu préalablement. Objectif : arrêter la circulation des citoyens et citoyennes de ces pays qui, avec un visa provisoire, prolongent leur séjour au Liban et vont grossir les rangs des travailleurs clandestins. Les Syriens, eux, circulent sans restrictions, mais doivent enregistrer légalement leur passage. Là aussi, il s’agit de chercher à mieux contrôler la circulation entre les deux pays au poste-frontière. Côté syrien À ces nouvelles mesures côté libanais, les Syriens ont rapidement répondu en instaurant des règles encore plus strictes. Si, au poste frontière libanais, les voyageurs doivent se présenter personnellement au guichet de la Sûreté générale, au poste syrien, ils sont happés à l’entrée du bâtiment par un officier qui prend les papiers d’identité pour les remettre lui-même aux fonctionnaires derrière le guichet. De la sorte, nul ne peut plus glisser un billet vert ou autre dans les pièces d’identité pour accélérer les formalités. Ces nouvelles mesures s’inscrivent, dit-on, dans le cadre d’une vaste campagne de lutte contre la corruption et la fraude. Une fois les pièces d’identités dûment tamponnées par la Sûreté générale syrienne, un fonctionnaire se plante au milieu de la salle et les distribue en criant les noms. Ce qui peut donner lieu à quelques déformations cocasses, vite réprimées par un regard du fonctionnaire. Désormais donc, le passage au poste-frontière de Masnaa est plus ou moins ralenti par les nouvelles mesures libanaises et syriennes, mais finalement l’attente n’est pas bien longue… si on sait choisir les heures. Il faut savoir aussi qu’entre le Liban et la Syrie, les frontières sont ouvertes 24h sur 24 et les commissaires libanais en charge des postes font souvent preuve d’humanité. Une famille endeuillée se rendant à Damas pour les funérailles d’un proche a vu ses formalités allégées au maximum par égard à sa douleur. Une vieille femme pratiquement impotente a pu déléguer son fils à sa place et ainsi de suite, car contrôle strict ne signifie pas punition et les commissaires en sont tout à fait conscients. Côté syrien aussi, il est possible de parvenir à des arrangements, tant est grand le souci d’encourager la circulation des personnes entre les deux pays, dans la mesure du possible. Si on est journaliste par exemple, l’officier conseille de ne pas faire état de cette fonction parce qu’alors, il faut des formalités spéciales…Et finalement, les citoyens passent comme une lettre à la poste. Mais une poste à la libanaise.
Quelques heures au poste-frontière de Masnaa suffisent à donner une idée précise des relations entre le Liban et la Syrie. D’abord, le flot de voyageurs dans les deux sens est quasiment ininterrompu, de plus, il couvre un large éventail de la population. Il y a ainsi les «élégantes» désireuses de faire du shopping «populaire», les familles qui se retrouvent pour des occasions pas...