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Actualités - ANALYSE

VIE POLITIQUE - Des tensions à sourde connotation confessionnelle La participation , un thème redoutable qui refait surface

Un slogan, une revendication apparemment impérissables : la participation au pouvoir. Les dispositions prises à Taëf n’ont fait que changer le thème de camp. Après l’ère Hraoui, il a bien fallu rééquilibrer, en redonnant de fait à la présidence de la République des pouvoirs dont on l’avait privée pendant neuf ans. «Et aujourd’hui, dit un vétéran, certains se remettent à exploiter la vieille chansonnette de la participation. Sans se rendre compte qu’ils attisent ainsi un dangereux climat de confessionnalisme qui porte atteinte au principe de coexistence». Cet ancien ajoute que, «chaque fois qu’un régime fort pointe le nez, le gouvernement, et surtout le président du Conseil, se sentent diminués, marginalisés, affaiblis». Une approche imprécise, dans ce sens que l’actuel titulaire, M. Sélim Hoss, ne nourrit pas de complexe d’infériorité et ne se pose pas, bien au contraire, en rival ulcéré du chef de l’État. Il est en revanche exact que ses propres concurrents, à savoir MM. Rafic Hariri et Omar Karamé, ont à maintes reprises affirmé que M. Hoss cède trop de pouvoir à Baabda. La source reprend : «Les récriminations des leaders écartés portent une partie de la population à se sentir lésée, ce qui suscite en elle un sentiment de frustration mêlé de colère et de rancune. Il y a donc là une exacerbation des pulsions confessionnelles tout à fait dangereuse». Et de souligner ensuite que, «lorsqu’à la tête de l’État se trouve une personnalité que domine aisément un chef de gouvernement plus fort, c’est une autre frange de la population qui se sent exclue et dominée. Dès lors, dans un pays aussi composite, chaque régime a été confronté au problème des équilibres à assurer à travers des compromis, des arrangements, des alliances, des montages politiques divers. Et jamais au Liban on n’a pu respecter les prérogatives telles que la Constitution les définit. Dans l’ancienne République, le chef de l’État cédait de ses pouvoirs : il s’abstenait de former un gouvernement lui-même et d’y désigner un Premier ministre, comme la Constitution lui en donnait le droit. Et dans la nouvelle République, du moins sous le régime actuel, c’est l’inverse : le chef de l’État dispose des voix des députés, pour désigner un chef de gouvernement pratiquement à sa guise, alors que la Constitution ne lui accorde pas clairement ce droit qui en fait le maître de tout le jeu politique.» «Cela étant, poursuit ce vétéran, les équilibres ne sont pas impossibles à assurer : les présidents Béchara el-Khoury et Riad el-Solh, en accordant parfaitement leurs violons, avaient montré la voie de l’harmonie pendant deux ans, après l’Indépendance de 43. Mais une fois la routine installée, les réflexes égotistes avaient pris le dessus, les deux hommes s’étaient disputés et le confessionnalisme avait resurgi. Depuis lors le pays a connu des périodes alternées d’entente et de tension entre dirigeants, non sans de graves retombées parfois, comme les événements de 1958 ou, bien pire, ceux de 1975 issus de frictions qui dataient de 1968. Aujourd’hui, le pouvoir semble bien cimenté. Mais dans la mosaïque libanaise, il est difficile d’exclure à la fois l’Est politique et les principaux leaders sunnites, tout en s’apprêtant du reste à rogner les ailes des leaders chiites comme on prête aux loyalistes l’intention de le faire à l’occasion des prochaines législatives. Autrement dit, les équilibres intérieurs ne concernent pas uniquement les relations entre responsables. Il faut qu’on s’en souvienne».
Un slogan, une revendication apparemment impérissables : la participation au pouvoir. Les dispositions prises à Taëf n’ont fait que changer le thème de camp. Après l’ère Hraoui, il a bien fallu rééquilibrer, en redonnant de fait à la présidence de la République des pouvoirs dont on l’avait privée pendant neuf ans. «Et aujourd’hui, dit un vétéran, certains se remettent à...