IRAN - 20 000 manifestants réclament la tête du chef de la police La révolte étudiante fait trembler le régime

La révolte des étudiants de Téhéran, la plus importante manifestation de protestation populaire depuis vingt ans en Iran, fait trembler le régime qui ne sait trop comment calmer le jeu. Alternant répression violente puis mesures d’apaisement – dont la plus spectaculaire était le limogeage de deux officiers de police – le régime n’a pas calmé la colère étudiante qui en était hier à sa quatrième journée, avec 20 000 personnes dans la rue, un chiffre record pour une manifestation non officielle depuis les premières années de la révolution de 1979. Les étudiants bénéficient de surcroît de la sympathie de la population, qui se mêle volontiers aux manifestants aux abords du campus du quartier d’Amirabad, d’où la contestation est partie jeudi soir. Les étudiants ont poussé l’audace à exiger des «explications» de la part du guide suprême du pays, l’ayatollah Ali Khamenei, pour les violences policières. En réclamant, hier, le limogeage du puissant chef de la police, le général Lotfian, considéré comme responsable du brutal assaut policier contre le campus d’Amirabad, les manifestants ont placé la barre très haut. Le départ de cet officier à poigne traduirait de manière spectaculaire le triomphe de la rue sur la hiérarchie la plus dure des forces de sécurité du régime. Très populaire parmi la jeunesse iranienne qui brandit son portrait dans toutes les manifestations, le président Khatami, quant à lui, se trouve en position délicate de devoir donner des gages aux étudiants, sans pour autant donner l’impression qu’il met le régime en péril.